Est-il normal de ne pas vouloir d'enfant ? Est-ce une obligation d'avoir des enfants ? Pourquoi je ne veux pas être maman ? Je ne sais pas si je veux être maman. Avoir des doutes sur la maternité, refuser la pression de la famille, des amis, le droit à la non décision... Une histoire courte reprend les témoignages de deux femmes au parcours de mère qui sort des clous. Le refus de la maternité est une façon de vivre parmi des milliers d'autres, ni pire, ni meilleure et ne nécessite aucun justificatif.
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— Viens, entre vite, il pleut depuis ce
matin. Il était temps, la terre avait soif.
— Tu parles comme une femme de la campagne qui craint pour
ses légumes.
— Mais figure-toi que j'ai un potager en carré.
— Toi, la citadine qui craignait la boue et le crottin.
— C'était une autre vie, tu le sais bien.
— Pardon, je n'ai pas changé. Je suis toujours aussi gaffeuse.
— Que serait ma sœur sans ses gaffes ?
— En parlant de gaffe, je suis passée au régime bourde magistrale,
voire carrément grosse bévue ou fâcheuse embrouille...
— A ta mine, c'est grave... Assis-toi, mets-toi à ton aise.
Respire un bon coup et raconte-moi.
— Assis-toi à côté de moi, ne sois pas loin.
— Tu m'inquiètes, qu'est-ce qui a bien pu t'arriver ? Ta santé,
tu as appris une mauvaise nouvelle. Je...
— Pour la santé tout est bon mais la mauvaise nouvelle, j'y
suis en plein dedans...
— Que veux-tu dire, tu parais tellement oppressée, tu me fais
peur.
— Je suis enceinte !
— Toi ?
— Si c'était la voisine, je ne serais pas décomposée.
— Pardon, mais depuis l'enfance tu disais : « jamais le gros
ventre. Le gros ventre c'est fait pour les baudruches... »
— Je me souviens. J'ai eu ma phase militante, les femmes ne
sont pas des poules pondeuses ! Oui, je me souviens et bien maintenant,
je suis bien encombrée...
— J'ai le droit aux détails, ou tu préfères zapper ?
— Vu que je suis venue te demander un service de taille, je
te dois bien quelques détails. Bon alors, à la base de l'emmerdement,
il y a un gars que j'ai rencontré l'année dernière.
— Du sérieux ? Je te coupe, excuse moi...
— Tu peux couper, puisqu'il va falloir trancher... Sérieux ? Sérieux pour mon âge sans doute, je commence à tirer le temps avec les hommes. Lui peut-être un peu plus sérieux que la moyenne courante, je n'en sais rien en fait. Quoiqu'il en soit, il m'a présenté ses parents et j'ai eu le droit au sermon de la mise en cloque nécessaire à la perpétuation de la famille. L'abruti a ponctué par une crucifixion sans équivoque : « Je ne suis pas contre ». De fil en aiguille, je me suis laissée emberlificoter par le contexte de la femme trentenaire en voie périssable avec de surcroît la leçon philosophique : « A quoi bon vivre pour une femme si à son tour elle ne pond pas son œuf ? ». De plus, j'ai une copine en cloque, au bureau, et il y a deux filles qui parlent couche-culottes toute la journée... Je ne sais pas, j'ai lâché prise, j'ai baissé la garde, je n'ai pas eu envie de choquer le peuple des reproducteurs. J'ai oublié la pilule, ou volontairement cessé de me l'imposer... J'ai même imaginé qu'en ne la prenant pas, je ne risquais pas davantage puisque de toutes les manières, je ne voulais pas d'enfant et que c'était mon droit légitime... Si légitime que je suis allée consulter une psy pour confirmer mon choix. Sans doute pour savoir si je n'avais pas un blocage de tarée. J'aurais mieux fait de tomber dans les escaliers avant d'aller voir cette tordue. A l'entendre, elle ne te dit pas que tu es un cas pathos mais t'instille le doute sur tes convictions avec pour toile de fond le convenable et le convenu. Un homme et une femme dans un lit copulent et culminent par l'établissement d'une famille avec caniche. J'en suis presque sortie de là avec le prénom du marmot... Je me suis sentie lessivée, évidée. Plus besoin d'être moi, je devais être dans l'alignement général. 20 séances de culpabilisation concentrée, je suis devenue une anomalie en consultation. Je n'avais plus la force de contredire ce que j'avais au fond de moi. Pour clore ma rééducation en camp de concentration sociétal, je suis allée voir maman. La totale, la maternité obligée, les bienfaits du "grand-maternat". L'absolu épanouissement de la femme passe par le bassin depuis l'origine des temps. Tout est là, pas ailleurs. La liberté, on s'en fout. La non-envie, on s'en contrefout. Une femme n'a pas besoin d'avoir d'envies personnelles, elle est sacrifiée à la survivance de l'humanité. Enfin bon, pas besoin de t'en dire plus. Tellement cernée pour le bon-sens commun, je me suis retrouvée avec un allien dans le ventre. Les premières semaines, j'ai pensé que tant que ça ne se voyait pas, je restais moi-même. J'ai ensuite commencé à sauter des repas. J'ai pratiqué la disette en songeant que si le parasite que j'avais dans le ventre pouvait crever de faim, j'aurais fait mon devoir de grossesse et s'il ne supportait pas la frugalité, il ne méritait pas de vivre. J'ai tellement eu de pensées dégueulasses que j'ai changé de ton. Je me suis mise à envisager l'abandon. Le vêlage était rarement mortel. Même si j'étais persuadée que j'allais être défigurée, déformée à vie. J'en faisais la concession. Je suis devenue de plus en plus nerveuse. Le type avec sa tronche de géniteur content de lui, satisfait de sa puissance spermazoïdique, a commencé à me gonfler. Deux ballons pour le prix d'un, je l'ai viré. Il m'a fait le discours du père éconduit. Il m'a relu mes devoirs de mère obligée de livrer le colis à l'heure prévue. Il m'a menacée d'un procès de je ne sais quoi... Quand j'ai fini ma phase abandon, j'ai pensé avortement et là ça été pire que tout. Impossible de te dire pourquoi. Je suis pour l'avortement sans aucune restriction et je ne me suis pas sentie capable d'avorter. Qu'il crève en le maltraitant par des excès d'alcool, mais alors là je n'en avais rien à foutre. Mais qu'on vienne m'extraire cette morve de mon utérus, j'ai pris la chose pour un viol et une sorte de dérangement insupportable. C'était mon affaire et l'affaire de personne d'autre. J'ai pensé aux aiguilles à tricoter, l'aspect boucherie m'a écœurée. Résoudre le problème par le sang. Perdre son sang aussi peu soit-il pour un refus catégorique inexplicable, j'étais amorphe. Je me suis détruite à lutter contre la fatalité. Prisonnière de mon environnement, prisonnière de mon absence de sensations positives. Je me suis sentie humiliée de ne pas disposer de mon refus d'avoir un enfant. A quoi bon vivre, si on ne peut pas vivre comme on le souhaite. Je n'arrive même plus à pleurer... Pardon, décidément, toi tu sais ce que c'est... Pardon. Je suis horrible, toi tu avais le plus grand motif de larmes qu'une mère peut avoir. Moi, je ne devrais pas avoir le droit de pleurer, je devrais avoir la honte au front n'est-ce-pas ?
— La honte ? De quoi ? Quand Camille est
morte, il y a trois ans. J'ai pris en enfilade toutes les hontes que je
pouvais trouver. Honte de ne pas avoir su la protéger de son accident,
honte de ne m'en être pas assez occupée quand elle était gamine. Le travail
d'abord, les responsabilités en primes, l'argent pour satisfaction et
ma fille chérie dans les bras des baby-sitters que je maltraitais en leur
donnant des conseils sur l'art de s'occuper des enfants. Honte de ne pas
avoir assez pleuré à son enterrement. J'étais saisie d'effroi, glacée.
Les larmes ont besoin de chaleur humaine. Honte de ne pas assez pleurer
aujourd'hui encore. Honte de respirer alors qu'elle ne respire plus. Honte
d'avoir été mère sans avoir été maternelle. Les hontes te collent partout,
en tout... Elles ne te servent à rien. Elles sont là, s'amusent de toi
quand tu te distrais un peu et reviennent comme une charge de cavalerie
alors tu te reproches de les avoir oubliées quelques minutes.
— Tu sais que je t'aime même si on est très différente l'une
de l'autre. J'ai un service àte demander. Promets-moi que si je te blesse
qu'on ne se quittera pas...
— Ton énorme service ne pourra jamais être aussi violent qu'un
deuil tellement injuste...
— Je n'en suis pas sûre... Promets !
— Je te promets sœurette... J'ai failli faire la boulette du
siècle...
— Laquelle ?... Si, si dis la moi...
— J'ai failli te dire : accouche !
— Elle n'est pas mal du tout cette boulette surtout qu'elle
s'adapte bien à la situation... Voilà, j'ai décidé d'accoucher si tu t'occupes
du gars... C'est un garçon m'a-t-on dit... Ce serait un serpent à sonnette
que je n'en verrais pas la différence... Je vois que tu piques du nez.
Comprends moi... Je n'y arriverai pas seule, je ne parviens pas à avorter.
Je suis totalement coincée, cernée, incapable de trouver le moindre espace
de vie. J'étouffe, j'en crève... Même si tu penses ne pas avoir été aussi
parfaite que tu l'aurais voulu, je t'ai quand même vue rire avec Camille.
Pardon, je te fais pleurer, je sais bien que je suis égoïste, que je dis
tout n'importe comment. Tu as souffert, tu n'en es pas remise et je te
demande de me sauver d'une tâche que toute femme normale est sensée accomplir
avec allégresse dans la béatitude... Il paraît qu'il y a de l'amour à
revendre dans la maternité, alors pourquoi il y a tant d'enfants malheureux
qui zigouilleraient bien leurs parents. Une femme qui veut un enfant est
d'abord une égocentrique qui s'offre le cadeau de ses rêves. Un égotisme
infecte qui s'interroge nullement sur la fragilité des amours filiales.
Si les mères devaient passer des tests d'amour maternel, il y en aurait
plus d'une qui se verraient recalées pour outrage à la générosité. Il
y a des mères hystériques, des mères tragiques, des hypocrites, des ensorceleuses,
des oublieuses, des indifférentes, des compassées, des obligées, des paumées
de l'existence, des introverties du renoncement... Amoureuse du rôle,
pour beaucoup, sans le talent de l'expression et encore moins celui du
partage. On nous vend des images saintes alors que les mères sont des
femmes allergiques à la modestie de leur capacité à aimer autre chose
que leur bien-être d'être mère dans une sorte de postérité servile. Les
guerres tuent les hommes, les mères enfantent des guerres. Je ne supporte
pas l'idée qu'être mère te purifie l'âme ou la personnalité. Pourrie tu
es, mère pourrie tu resteras, alors à quoi bon donner vie au malheur.
— Tu sais ce que m'a dit Camille environ un an avant de disparaître en un clin d’œil sous les roues d'un chauffard sous cannabis ? « Tu commences à être une super mère géniale. Ce n'est pas trop tôt. J'avais l'impression de vivre avec une savonnette... Depuis que tu es avec Maxime, tu deviens un peu plus sensible chaque jour... J'adore ! » J'étais enceinte de Camille quand mon mari m'a quittée. Honnêtement entre ses infidélités et mes distances envers lui pour tout et pour rien, la séparation n'a pas généré le moindre contentieux. D'ailleurs, si j'ai voulu être enceinte de mon mari lors d'une de ses retrouvailles après avoir été limogé de son rôle d'amant promettant le mariage, ce n'est pas par amour. C'était l'occasion d'être mère pour moi seule avec un type qui allait partir tôt ou tard. Je n'imaginais pas être mère toute une vie avec ce mari dans le lit. Quand Camille est née, j'ai été émue cinq minutes tout au plus. Elle était craquante, le job avait été bien ficelé, accouchement parfait, même pas mal. Le cordon coupé, j'ai ressenti une sorte de distance irrécupérable. J'avais rempli la case maternité. J'ai repris le travail au plus tôt pour ne pas être classifiée parmi les employées non fiables, non joignables pour cause de biberons. J'ai œuvré à ne jamais être absente à mon bureau tout en œuvrant magistralement à être absente auprès de Camille. Tu sais, j'ai calculé le temps passé avec Camille. Sur ses 8 ans 254 jours et 4 heures de vie, je lui ai accordé 1 an huit mois et 7 jours. De ces 1 an 8 mois et 7 jours, 13 mois et 4 jours ont été vécu parce-que Maxime et Camille s'entendaient à merveille. Elle avait trouvé le père qui lui fallait et j'avais trouvé mon homme qui me donnait l'envie d'être une mère super. J'avais besoin d'être une femme heureuse pour être une mère merveilleuse... Sans l'amour de cet homme, j'étais dans l'incapacité de materner. Impossible, pas les codes ! Beaucoup de théories, beaucoup de lectures, de connaissances synthétiques, aucune fibre, aucune intuition. Blocage magistral mais sans m'en rendre réellement compte. Toi tu l'as toujours ressenti comme une évidence ce manque d'élan, moi j'aurais juré que je pouvais être mère par mes propres moyens parce que j'étais persuadée qu'avec de l'organisation on parvenait à tout. Organiser la tendresse ? Travailler à l'amour ? Quelle sottise ! Comment ai-je pu être mère sur simple décision organisationnelle ? Je voulais absolument être maman, je me rappelle avoir géré mon agenda pour que Camille naisse au bon moment, après la période des bilans de la société. Elle est née comme je l'avais prévu... J'ai commencé à être mère dans les bras d'un homme qui m'a fait du bien, malheureusement ce n'était pas le père de Camille. Elle a trouvé un beau-père qu'elle adorait. Rien qu'à les voir ensemble, sentir leur amour réciproque, voir leurs fameux sourires complices, j'ai entamé une marche de pèlerin pour ressentir de l'aisance dans l'amour. J'ai connu l'absolu bonheur d'être une mère quand je suis devenue une femme. 364 jours de bonheur immense, Camille, Maxime et moi. Pas un jour de plus, c'était trop demandé au bon dieu. Si j'avais été mère, puisque le temps m'était compté, j'aurais dû être mère 8 ans 254 jours et 4 heures. J'ai gaspillé, j'ai évité, j'ai perdu tout mon honneur en feignant d'être mère par devoir de maternité obligée. Une obligation qui était de mon seul fait. Je n'ai pas souvenance de la moindre influence externe. Je n'ai pas l'excuse de ce monde qui décide à la place des indécises. J'étais déterminée à ce que mon corps prenne son rôle très au sérieux et fasse sa besogne.
— 364 jours, du doux mélange femme mère
dans une pure alchimie... Moi c'est zéro plus zéro égal la tête à toto.
Je n'y arriverai pas. Toi tu avais des préoccupations autres que la maternité
et même si tu l'as vécue un peu artificiellement, ça ne t'a jamais écœurée,
ça ne demandait qu'à éclore. Tu sais, je t'ai souvent regardée avec Camille...
Vous aviez la fibre. Ce n'était pas exubérant comme je vois certaines
mères lécher, papouiller leurs progénitures, on dirait qu'elles n'ont
que cela à faire. Elles s'extasient, vivent leur comédie sur l'avant scène
de leur auto-satisfaction. Elles se prennent pour des vedettes. Elles
ont fait le plus beau et quand le gamin dit maman comme moi je dis torchon,
elles ont un orgasme. C'est l'horreur pour moi. Toi, tu réprimais parce
que tu tâtonnais pour trouver le bonheur que tu pouvais entrevoir quelques
instants diffus. Moi, je vis la cécité complète et je refuse d'y voir
clair et ne veux surtout pas faire comme si. Tu te reproches ton maniérisme
avec Camille les premiers mois de sa vie, je m'apprête à offrir du rejet
à ce fils prodige. Tu me vois lui expliquer, que suite à un moment de
faiblesse, suite à un lavage de cerveau, je me suis retrouvée en cloque
et qu'à défaut de n'avoir pas su utiliser des aiguilles à tricoter, il
est venu au monde en dépit de mes objections chroniques. Lui dire aussi
que son débarquement en eaux troubles ne l'autorise pas à réclamer de
l'amour maternel. Le psy me disait, il faudra lui parler, un enfant écoute...
Tu m'étonnes, il entend les silences éloquents….
— Le fait que tu renonces à l'avortement, toi qui n'est pas
religieuse pour les moindres clopinettes, laisse à penser que tu as toi
aussi la petite fibre, peut-être plus sérieuse que la mienne qui était
un arrangement avec les circonstances que j'estimais consensuelles...
— Evite de me faire le coup de la fibre. Ce n'est pas une fibre
que j'ai, pas même de la mauvaise conscience. Je veux me dépêtrer d'un
refus clair et précis de faire croire à un enfant que je suis sa mère
parfaite pour lui. Il ne m'aura pas choisie, je m'impose à lui avec la
violence des affects. La biologie est la science des sans-cœurs. Je refuse
qu'on me touche, je refuse qu'on m'oriente, je refuse qu'on me libère
de mon erreur. La gestation se mènera à terme si tu es là. Je veux que
tu sois là. Tu apporteras les nuances car la maternité est un tas de nuances.
Je ne supporte pas l'idée de la beauté mensongère de faire naître un bébé.
Le nom est mièvre. Un bébé pourquoi pas un bubu. Dans mon cas, ce sera
un zizi et puis c'est tout. Un zizi qui va mettre en difficulté des filles
et des femmes : entre celles qui vont se leurrer sur l'idéal féminin maternel
en plein mariage à durée incertaine, celles qui n'oseront pas dire qu'elles
ne veulent pas de gosses et d'autres encore qui hésiteront et à qui, comme
tu le dis, les circonstances feront passer la pilule de l'appréhension,
il aura de quoi assister aux dégâts ambients. Je vais accoucher d'un diable
rose à qui il va falloir donner du lolo... Tout cela est abêtissant sans
parler du temps perdu à torcher un morpion... Je suis sûr qu'il fera des
conneries qui me feront rire mais je rirai de la stupidité des gags comme
au cinéma avec un écran entre lui et moi, l'écran de mon refus d'être
mère. Un véritable ectoplasme est attendu !
— Que veux-tu que je te dise ? Je ne sais
pas quoi te répondre. Je ne peux pas te dire oui. La mère de substitution
n'est pas dans mon état d'âme. Je ne peux pas te dire non, tu es ma sœur
et je sais que tu es très mal et la souffrance me débecte. Je sais trop
à quoi elle ressemble, hideuse à souhait.
— Voilà le mystère de la création, la zone insondable : le
ni oui, ni non... Regarde comme on nous dresse à avoir des opinions sur
tout. Une vie de référendums et attention à celui ou celle qui doute ;
pire que tout, celui ou celle qui ne sait pas, qui ne sait rien, qui ne
veut rien savoir. Le parfait légume qui pousse par le mépris des autres,
de ceux qui décide de décider tout le temps. Même le peut-être est une
prise de position, un inventaire de possibilités, un tir groupé vers une
décision finale... Mais l'absence, le vide en soi, le tournoiement autour
de son rien personnel, cet immense espace insondable dans lequel il n'y
a aucune direction, aucune obligation, aucune force centrifuge, pas davantage
de force centripète, sans pour autant être immobile. Pourquoi s'obliger
à comprendre des choses de soi qui nous indiffèrent ? Cela nous mène direct
à la culpabilité, aux remords. Plus je me pose des questions plus je m'enlise,
plus je suis moche à mes yeux entrouverts. Je ne veux rien savoir de moi.
Je veux ce que je veux sans exprimer le pourquoi du comment. Je m'arrête
là car pour m'affaler dans l'obscur je suis douée.
— Ni oui, ni non alors ?
— Parfait, ni oui, ni non à l'avenir, à ses embûches, ses pseudo-certitudes.
J'ai besoin de marcher, j'ai besoin de respirer, tu me fais visiter ton
jardin ?
— Sous la pluie ? ... Tu as raison, sous la pluie rien que
pour l'eau. Nous avons besoin de vivre dans les marécages de nos contradictions.
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