Les échaliers de l'enclos paroissial d'Argol.
Les échaliers de l'enclos paroissial de Telgruc-sur-Mer.
Un échalier de l'enclos paroissial de Landévennec.
Les échaliers des enclos paroissiaux, des pierres plates
posées sur la tranche sur des marches qui semblent faire interdiction
au passage seraient pour le plus grand nombre une limite entre la terre
sacrée du placître et la terre profane du bourg qui peut être enjambée
par le riche comme par le pauvre sans distinction et cela de la même manière...
Pour les femmes en robes longues de fortune ou d'infortune, l'exercice
paraît délicat. Il faut aussi ajouter une explication qui interdit au
bétail de pénétrer le sacré. Cette explication correspond à une période
tardive de la chrétienté. Avant le 16ème siècle, le placître, le terrain
ouvert appartenant à l'église ou à la chapelle est un terrain vague où
paissent les animaux de la ferme. On y fait du négoce en dehors des jours
de foire et l'on prend dieu à témoin quant à l'honnêteté de la transaction.
La population se rencontre comme l'on se rencontre aujourd'hui dans un
jardin public.
Progressivement, quand il n'y a a plus de place sous les dalles de l'église
pour enterrer les morts (jusqu'à l'édit royal de 1776), ont doit transformer
le placître en cimetière sans pour autant faire fuir les vaches et les
chevaux qui broutent autour des tombes. Les cochons sont aussi de la fête
mais ont la fâcheuse tendance à retourner la terre des indigents et parfois
de déterrer des cadavres qui n'ont pas de sépulture en dur ; en temps
d'épidémie, le risque sanitaire est élevé d'autant plus que les chiens
errants festoient et passent ensuite de fermes en fermes pour trouver
une nouvelle pitance. Les autorités ecclésiastiques s'inquiètent de la
chose à partir du 15ème siècle mais ce n'est qu'au début du 17ème qu'elles
imposent de différencier le cimetière sacré de la place publique. La solution
économique est de creuser un fossé autour du cimetière pour empêcher l'approche
du bétail. Le procédé ne suffit pas, l'entretien est malcommode et les
chèvres s'aventurent aisément, les poules aussi, les canards pas moins...
L'élévation d'un mur qui va devenir l'enclos paroissial s'impose donc.
L'entrée principale se fait sous l'arc de triomphe qui détient une grille
ouverte pour les grandes cérémonies et les passages secondaires ont un
échalier pour éviter l'intrusion des animaux de la ferme mais aussi pour
empêcher que le chien du noble venu à la messe ne s'échappe pendant l'office
en dehors de l'enclos paroissial. Il fut un temps où le chien était toléré
au sein même de l'église, quand Monsieur était titré... Les chiens sont
refusés bien après la Révolution, le peuple se rebiffe à la vue d'un canidé
dans un lieu de culte. L'humain en terre divine fait désormais face à
Dieu, passé l'échalier qui le différencie de l'animal sans âme qui reste
dans sa fange !
Echalier = kelann
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