Les dunes herbeuses à l'arrière, la plage dégarnie de la moindre flore à l'avant, entre les deux, le haut de plage où prospèrent des plantes du littoral spécifiques.
Plantes annuelles exclusivement.
Cakilier maritime - Cakile maritima.
Arroche des plages - Atriplex laciniata.
Le haut de plage est un lieu intermédiaire instable et
rude, pourtant, chaque été, des plantes du littoral osent s'installer
dans un milieu agressif et exposé à l'activité humaine. Ces plantes annuelles
disparaissent après leur temps de vie et parce que les marées et les tempêtes
hivernales viennent aussi supprimer toute vie végétale sur le haut de
plage. Milieu agressif par les vents forts au ras du sol, parce que le
sable sec mitraille les feuillages - tempête de sable, parce que la salinité
du sol est forte mais le taux d'azote y est élevé par les décompositions
des algues par exemple. Les hauts de plage sont souvent entrenus par les
communes pour présenter des plages "propres" aux yeux ébahis
des touristes...
Les plantes les plus avancées sur le haut de plage, protègent les plantes
des dunes primaires qui elles-mêmes facilitent la vie des plantes dunaires,
etc. Le haut de plage - juste au pied de la dune - appartient à l'arrière
plage, une zone qui, hors grande marée, reste hors d'eau, sa qualité influe
sur l'érosion et donc le trait de côte. Un trait de côte variable avec
parfois des phénomènes d'accrétion.
Avril.
Au printemps, le Prunelier fleurit (fleurs blanches), cela fait des semaines déjà que l'Ajonc d'Europe est en fleurs.
La lande, en second plan, fleurira fin juin ; l'ajonc d'hiver sera fané alors. L'ajonc d'été reprendra le flambeau dans la lande.
L'Ajonc d'Europe fait du bois.
Fin de la floraison de l'ajonc d'hiver. Mai.
Juillet.
1- Ajonc d'Europe (toupet).
2- Ajonc nain (hérissé).
3- Ajonc de Le Gall (bas).
Ajonc de Le Gall – Ulex gallii.
Ajonc de Le Gall parmi la lande (Bruyère et Calune).
Floraison estivale de l'Ajonc nain d'été - Ulex minor. Août.
En fond, le genêt, en premier plan l'ajonc.
La Bretagne compte 4 variétés d'ajoncs sur les 5 françaises
(ajonc de provence) :
L'Ajonc de Breogan – Ulex breoganii se répartit dans la Bretagne
Sud-Est et les Pays de Loire.
La presqu'île de Crozon en compte 3 variétés :
• Ajonc d'Europe – Ulex europaeus. Une variété qui a envahi certaines
landes et territoires intermédiaires non cultivés avant les zones forestières.
Selon le descriptif officiel, le plant adulte fait 2m à 2.5m de haut.
Ceci s'avère exact pour les plants éloignés de la côte. Les plants sur
les hauteurs de falaise n'atteignent pas cette hauteur et restent rabougris
jusqu'à ressembler aux tailles des autres variétés. Adulte, l'Ajonc d'Europe
fait du bois ainsi son tronc est dégarni, son toupet est hirsute mais
pas toujours...
• Ajonc nain – Ulex minor. Une variété pas si naine que cela puisqu'elle
atteint le mètre adulte. Sa répartition est beaucoup plus restreinte et
se situe souvent, mais pas exclusivement, en retrait du littoral sans
atteindre les premiers taillis avant les bois. Là encore le descriptif
type indique des tiges bien érigées sans être buissonneuses. Ceci peut
être constaté sur le terrain mais l'Ajonc d'Europe, avant sa maturité,
est capable d'avoir cet aspect hérissé.
• Ajonc de Le Gall – Ulex gallii. Il pourrait s'appeler l'ajonc nain puisque
c'est le plus petit : 30 cm à 50 cm au plus. Pas plus grand que les bruyères,
il se mélange avec celles-ci dans les landes
littorales.
Bien sûr, les botanistes qui seraient susceptibles de lire cette énumération
approximative pourraient hurler à l'ignorance scandaleuse... Pour un promeneur
solitaire ou en goguette, l'identification des ajoncs reste très périlleuse.
Seules les périodes de floraison sont un indicateur probable pour candide
prudent car elles se différencient selon la variété.
L'Ajonc d'Europe fleurit de novembre à mai. Ensuite les gousses vertes
velues ("duvet" blanc) deviennent noires et sèches à l'été durant
lequel elles éclatent pour libérer les graines. Donc, si vous voyez un
ajonc fleuri au mois d'août, lors d'une randonnée, vous êtes assuré-e
qu'il ne s'agit pas d'Ulex Europaeus.
L'Ajonc de Le Gall fleurit de juillet à septembre, voire octobre ; étant
dans les bruyères du bord de mer, franchement petit, il devrait être reconnaissable.
L'Ajonc nain fleurit en juillet, souvent en août, jusqu'à novembre ; étant
en retrait de la côte proche des buissons, il ne saurait vous échapper.
Il arrive à votre taille parfois dans des verts un peu plus tendres que
ceux de ses "cousins".
Certains pays considèrent l'ajonc comme une plante invasive à détruire.
La Bretagne adopte l'ajonc pour fleur emblématique de la région ; titre
officiel : Emblème végétal de la Bretagne 2016... Une légende bretonne
prétend que les âmes noires repentantes s'y cachent, il est donc déconseillé
de zieuter dans les buissons d'ajonc au risque d'attraper un mauvais sort,
les morts cherchant à vider leur mauvaise conscience dans votre esprit
impur.
Sinon, les graines contiennent des alcaloïdes toxiques – cytisine
utilisée dans la lutte contre le tabagisme. Cependant, la plante, hors
période de mise en graine, était donnée aux vaches après avoir passé l'ajonc
à la broyeuse. Le bois restant était le seul bois de chauffage en presqu'île.
Enfin, certains « curieux » s'interrogent sur la différence entre un genêt
et un ajonc... Fort heureusement, le genêt est unique et absolument sans
épine, on peut donc en faire des brassées pour fabriquer un balai sans
se blesser. Tous les ajoncs sont piquants avec des épines de plusieurs
centimètres qui vous griffent au moindre frottement. Simples griffures
certes, mais fortement déplaisantes tout de même.
Les embruns viennent de la mer à droite. Côté océanique, peu de branches développées.
Les arbres de la dune noire n'échappent pas à l'inclinaison.
Un Ajonc d'Europe déséquilibré, la façade maritime est sur sa droite.
Un Houx dont les branches principales sont à l'horizontale. A droite, les bois sont brûlés.
Ce chêne dépérit côté maritime (à gauche) et croît de l'autre côté mais de façon exagérée. Surviendra un déséquilibre qui entraînera l'arbre à terre et le fera mourir en pleine jeunesse avec ou sans vent.
Les végétaux ci-dessus ne sont pas adaptés à une vie littorale, ils se sont trop avancés, ils en paient le prix ! Ce sont des végétaux de seconde bordée à l'arrière des pelouses aérohalines et de la lande.
Des arbres qui penchent dangereusement jusqu'à se coucher
parfois, quoi de plus normal face à la mer, face aux vents, aux tempêtes...
Leçon d'interprétation de ce qui paraît évident. Un vent déchaîné qui
arrache des arbres cela se produit en effet dans les sites exposés aux
intempéries mais en région maritime comme peut l'être la presqu'île de
Crozon, si le vent est un facteur aggravant, le sel est la cause de ce
déséquilibre dans les ramures. Les embruns, les brumes, toutes les petites
gouttes d'eau salée en suspension dans l'air viennent brûler les bourgeons
côté mer de sorte que l'arbre continue sa croissance côté terre là où
les bourgeons peuvent éclore hors sel. Progressivement le centre de gravité
de l'arbre s'oriente vers les terres par le poids des branches nouvelles.
L'arbre est prêt à tomber... à cause du sel de l'air et non par le vent...
Il est parfois utile de se méfier des évidences qui sautent aux yeux...
Criste marine.
Doradille marine.
En Bretagne, sur le littoral, les Chasmophytes apparaissent
à l'étage végétal intermédiaire entre la ceinture des lichens (proche
du niveau moyen de la mer et les pelouses aérohalines en situation élevée
de la falaise. Une plante chasmophile se passe de terre et s'enracine
dans les fissures de la roche. Les racines récupèrent les eaux de pluie
ruisselantes et les sels minéraux en profondeur. La plante fissuricole
la plus fréquente est le Perce-pierre - Crithmum maritimum - Criste marine.
L'univers salé dans lequel elle se propage ne la dérange pas. En plein
soleil, elle est heureuse et peut subir une immersion temporaire dans
l'eau salée. Elle craint les éboulements car qui dit fissure dit décollement
définitif de la roche tôt ou tard.
Une autre plante de rocher est présente en presqu'île de Crozon - la Doradille
marine - Asplenium marinum - Asplénium marin - mais elle préfère
l'ombre en tant que bonne fougère ! Plus acrobate que la Criste, il lui
arrive de pousser dans les plafonds des entrées des grottes marines. Une
cousine des bois, la Doradille noire, est aussi chasmophile.
La taille adulte des Chasmophytes des falaises varie selon son exposition
aux intempéries. Profil bas face aux vents violents...
Jonc piquant ou Jonc aigu – Juncus acutus – une plante qui aime les terrains sablonneux, humides et légèrement salés bien qu'elle puisse se développer dans d'autres conditions. Le Jonc aigu est modérément diffusé en Bretagne, préférant la Méditerranée néanmoins quand il se plaît, il colonise des "territoires" entiers. Les feuilles engainent les tiges florales qui se terminent par une pointe rigide qui peut être douloureuse lors d'une piqûre mais cela est sans danger. Le Jonc piquant, hauteur 1.5m, est un habitat privilégié lors des périodes de reproduction de la faune dans les zones humides maritimes. La présence humaine est nécessairement dérangeante.
Ajonc de Le Gall (Ulex galii)
Callune (Calluna vulgaris)
Bruyère cendrée (Erica cinerea)
Lande piétinée.
Les bruyères se fânent en août, les Ajoncs de Le Gall se régénèrent encore.
La lande bretonne est un univers végétal inhabituel pour
qui ne vit pas à proximité. Découvrir une végétation de 10 à 30 cm de
hauteur jusqu'à l'horizon donne une première impression de vide coloré
à la belle saison. Pas un arbre, aucun obstacle qui arrête l’œil. Une
uniformité trompeuse. La lande du littoral de la presqu'île de Crozon
se divise en deux biotopes distincts. Les bords de falaise arides agressés
par les intempéries, les embruns autorisent la propagation de la lande
sèche - apparemment chétive rase, parfois clairsemée entre les roches
et les cailloux. A l'arrière, la lande mésophile dans une terre plus profonde
qui conserve son humidité plus longtemps, la végétation y est plus haute
plus l'éloignement marin se fait sentir.
De manière simplifiée, sur le littoral le paysage se compose essentiellement
de Bruyère cendrée (Erica cinerea) et de Callune (Calluna vulgaris), piquées
parfois d'Ajonc de Le Gall (Ulex galii) puis lentement, insensiblement
vers les terres, la Bruyère ciliée (Erica ciliaris) apparaît et dès que
l'humidité est abondante et permanente la Molinie s'installe. Une lande
en danger d'extinction par le piétinement anarchique humain et l'envahissement
de plantes qui s'étalent en l'absence de pâturage : l'Ajonc d'Europe (Ulex
europaus), le Prunellier (Prunus spinosa), le Pin maritime (Pinus pinaster)
et surtout les fougères dont l'expansion est fulgurante.
L'Orge maritime – Hordeum marinum – ressemble
à une céréale à barbes comme les variétés d'orges agricoles. C'est donc
une plante sauvage, une graminée comme nos céréales, qui se multiplie
dans le sable du littoral. L'orge maritime est halophile, psammophile,
héliophile; supporte le sel, le sable et la lumière dense. Il semblerait
que cette plante ait une répartition stable en France et qu'elle soit
présente sur tous les continents dans les zones tempérées y compris dans
certaines steppes. Un grain plus avantageux en aurait fait une orge domestique.
En presqu'île de Crozon, elle est très décorative au bord des chemins
de randonnée sablonneux. Hauteur de 10 à 40 cm au mieux donc bien plus
basse que les cultivars d'orge. Plante annuelle.
Avers de feuille d'Oyat.
Revers de feuille d'Oyat.
Racines.
Plantule (jeune plant).
La dernière marée s'est arrêtée à quelques mètres de l'Oyat.
Effondrement dunaire prêt à être emporté.
Les plantes fines et longues vertes à jaunâtre sur les
dunes sont une herbe graminée dite xérophyte parce qu'elle vit en milieu
aride. Une multitude de noms lui est attribuée mais le plus retenu est
l'Oyat – Ammophila arenaria – sinon au choix : ammophile,
chiendent maritime, élyme, gourbet, jonc des dunes, psamma des sables
roseau des sables... L'Oyat vit heureux dans un milieu raisonnablement
salé à 2% maximum, ce qui ne le classe pas parmi les plantes halophiles
non incommodées par le sel de la mer. Voilà qui peut surprendre pour une
herbe semi rigide qui se propage allègrement sur le littoral dunaire salé
(haut de plage). Elle récupère l'eau douce de la pluie ou de la rosée
sur ses feuilles qui servent de goulottes de récupération. Les gouttes
atteignent les racines qui ont un développement de plusieurs mètres. Ces
dernières sont rhizomateuses et génèrent une plantule tous les dix ou
vingt centimètres assurant un développement constant qui s'ajoute aux
semis des graines des épis durant l'été. Au toucher, l'herbe peut entailler
légèrement la peau.
Plante peignée par le vent et la tempête tout en contribuant à la fixité
des dunes. Malgré tout son talent, elle ne résiste pas au déracinement
quand les marées à forts coefficients emportent des mètres cubes de sable
de dune. Cependant, la plante arrachée, déchiquetée, survie dans l'eau
de mer deux mois environ et il suffirait qu'un petit morceau de rhizome
(racine) revienne à la côte pour qu'il offre une nouvelle génération d'Oyat.
Certains littoraux sont replantés d'Oyat dans l'espoir, sans doute mince,
de retarder l'érosion du trait de côte.
Prairie de fétuque rouge du littoral.
Prairie rase du littoral présentant des crottes fécales de lapins. Des herbacées en développement limité sur des terrains sablonneux exposés aux intempéries.
Les pelouses (prairies du littoral) maritimes sont réceptives
aux Fétuques, des herbes fines peu exigeantes.
Les Fétuques sont une grande famille aussi désirable qu'indésirable. La
Fétuque des jardins est décorative ou se trouve être une pelouse délicate
sur un terrain sablonneux. Les Fétuques sont aussi des plantes fourragères
et donc cultivées pour l'alimentation animale. La Fétuque se trouve encore
"à l'état sauvage" en presqu'île de Crozon dans les pelouses aérohalines.
Des pelouses du littoral qui supportent le sel ambiant, le vent. Les herbes
grasses se survivent pas à un tel régime de défaveur. La Fétuque colonise
cet espace ingrat parce que le sol y est drainant, il lui faut vivre modestement.
Les pelouses aérohalines sont l'habitat des lapins de Floride, des Craves,
résistantes hors présences humaines, les randonneurs et touristes peu
scrupuleux les piétinent abusivement. Parmi les fleurs de ce milieu là,
on trouve quelques Orchidées et des Arméries maritimes et bien plus encore.
Deux variétés de Fétuque resensées en presqu'île :
• Festuca rubra - Fétuque rouge - Fétuque traçante
• Festuca huonii Auquier - Fétuque de Huon
Il faudrait emmailloter le littoral pour rendre à la nature ce que l'homme lui a pris. La lande a disparu.
Le prix des balades des touristes augmente ! La surpopulation
randonneuse sur le haut des falaises du littoral abîme l'écosystème. La
végétation est piétinée toujours davantage pour le confort des visiteurs
qui estiment avoir toute la liberté de circuler et de détruire un patrimoine
écologique fragile classé. Dorénavant, aux semelles de chaussures, il
faut ajouter les bâtons de marche... Puis afin de parachever son œuvre
d'indifférence, le randonneur se fait un selfie vertigineux, pour un souvenir
mémorable, les pieds sur une touffe de bruyère, sur des orpins... Cadrage
remarquable !
Pour compenser la dégradation, des missions Natura 2000 et du Parc naturel
régional d'Armorique œuvrent pour solutionner un péril celui d'avoir un
décor lunaire là où il y avait des sites classés pour la richesse de la
faune et la flore. En Presqu'île de Crozon, particulièrement à Pen Hir,
une clôture monofil fut installée sur des kilomètres pour délimiter les
zones pédestres et celles qui ne le sont pas.
Les espaces à restaurer de manière écologique ont reçu un géotextile en
fibres de coco posé à même le sol ou sur un apport de litière ou de biomasse.
Les graines du voisinage se retrouvent cloisonnées dans le quadrillage
humide, prospèrent, germent et offrent l'année suivante un jeune plant
qui ne sera pas manger par les lapins. Un long jeu de patience, nécessairement
coûteux parce que des indélicats n'ont pas souhaité rester sur le droit
chemin...
Le lichen maritime Fuscidea cyathoides se répand sur des
rochers siliceux en zone aérohaline – proximité herbeuse et rocheuse des
falaises de bord de mer – sur des parois plutôt verticales, si possible
aspergées occasionnellement par la mer ou du moins des brumes maritimes.
Lichen crustacé – encroûtant – incrustant – qui n'est autre qu'une symbiose
entre un champignon (90%) et une algue très mince aux couleurs marron,
grisonnantes selon son âge. On le dit encroûtant parce que même en le
grattant à l'ongle, il se détache difficilement. Il existe une quarantaine
de variétés dans la famille que l'on peut trouver dans différents biotopes.
En presqu'île de Crozon, le Fuscidea cyathoides se découvre donc face
à la mer sur les hauteurs rocheuses du grès armoricain et des filons de
quartz, sous de jolis motifs ressemblant à un puzzle dont les pièces auraient
des bordures sombres à noires. Sous son aspect esthétique se cache une
lutte de territoire pour chaque thalle quand ce n'est pas envers d'autres
espèces concurrentes.
Sous la ligne noire des Verrucaires, le royaume des balanes blanchâtres.
La ligne est une horizontale parfaite naturelle à Lostmarc'h.
Verrucaire noire sur du grès.
Verrucaire noire sur du schiste.
Une zone sombre horizontale sur les falaises maritimes, sous l'aspect d'une pollution de mazout (ce qui peut être le cas parfois) est en définitive une colonie de Verrucaire noire - Hydropunctaria maura (anciennement Verrucaria maura) . Un lichen qui se développe juste au-dessus du niveau moyen de la mer. Il délimite ainsi la zone rarement immergée par les marées à fort coefficient et la roche purement terrestre. Un lichen tenace, fin, qui semble peindre la roche.
"Coupelles" – apothécies.
Le lichen jaune Caloplaca marina très incrustant et fin sur son pourtour, il est très proche du niveau de la mer sur les rochers des falaises, juste au dessus de la ceinture noire.
Au centre, les bords foliacés de la Xanthoria parietina. Autour le Caloplaca marina avec de moindre reliefs.
Xanthoria paretiena.
La Xanthoria parietina – forme corticole – se trouve aussi sur le bois et à l'ombre, elle peut être verdâtre. C'est un lichen à très grande diffusion.
Xanthoria aureola .
Xanthoria aureola dans la zone aérohaline – végétation au bord des falaises.
Les couleurs des falaises sont végétales, naturelles, noires et jaunes bien souvent. Une "peinture" qui s'accroche aux parois juste au-dessus du niveau moyen de la mer, est un ensemble de lichens maritimes. Les ceintures jaunes/orangées visibles sur la roche de la zone supralittorale sont composées de deux variétés de lichens incrustants. L'une accrochée sans possibilité de la décoller se nomme Caloplaca – Caloplaque en zone mésique : ceinture orangée atteinte par les marées à fort coefficient uniquement. L'autre plus en relief présente des lobes qui se décollent au moindre frottement se nomme Xanthoria – Xanthorie en zone submésique : ceinture jaune aspergée par quelques rares vagues. Ces lichens sont la combinaison d'une algue et d'un champignon.
Les xanthories sont une vaste famille de lichens aux
couleurs très variables selon l'exposition au soleil. La Xanthoria aureola
ressemble à la Xanthoria parietina néanmoins les lobes sont plus échancrés
et ses apothécies sont plus rares.
Caloplaca littorea a un aspect fin et granuleux. Caloplaca verruculifera.
Caloplaca scopularis zone aérohaline.
Ancienne lande d'Argol disparue au profit d'une pinède artificielle.
Cônes femelles – pommes de pin à graines (gauche) & cônes mâles à pollen (droite). A la saison des pollens la presqu'île de Crozon est recouverte d'une poudre jaune soufre.
Un châtaignier tente de trouver la lumière sous deux pins maritimes.
Jeune Pin maritime colonisant une zone herbeuse. Si ce pin parvient à maturité, il n'y aura plus d'herbe et le biotope en sera modifié.
Pousse par section. D'abord la branche avec des aiguilles courtes. Puis une fois la pousse de la section terminée pour l'année, les aiguilles s'agrandissent de 10 à 17 cm selon la santé de l'arbre.
Croissance rapide du Pin maritime, tout d'abord de forme conique durant sa jeunesse puis dégarni du tronc avec un toupet branchu ensuite. Hauteur maximale après 30 ans : 30 mètres. Durée de vie dans de bonnes conditions sanitaires : 50 ans.
Le moindre espoir d'une agriculture prospère en presqu'île
de Crozon s'évanouit à la fin du 19ème siècle surtout pour les terres
littorales impropres à la culture céréalière ou maraîchère, alors une
nouvelle idée germa pour tenter d'obtenir un revenu des terres sablonneuses
ou des landes rocailleuses, la culture du Pin maritime par des semis économiques.
La rentabilité était affichée : en 20 ans (dans la réalité mieux valait
attendre 30 ans) les parcelles ensemencées étaient à maturité pour une
coupe de pins adultes de laquelle il fallait compter un bénéfice de 6000
fr l'hectare (estimation 1893). La destination des grumes était même décrite
dans des publications spécialisées que la presse reprenait : le débouché
était la fabrication d'étais pour les mines anglaises. Les grainetiers
y voyaient un nouveau débouché. Le magasin très estimé de l'époque se
situait à Brest : M. A. Huon, au 13 rue de Siam. 1,5 fr le kilo de graines
de Pin maritime.
Pour mémoire : il a été trouvé des empreintes fossiles de graines de pins
en presqu'île de Crozon prouvant qu'une forêt de résineux naturelle exista
dans un lointain passé à une période où la presqu'île était émergée durablement
avant de replonger sous le niveau de la mer !
Cette fois l'apparition des résineux était donc artificielle. La première
génération de l'ère moderne des pins maritimes fut semée vers 1880. La
lande vit croître des arbres méconnus que l'on trouva plutôt esthétiques.
Esthétiques et appropriés puisque même l'armée, en Roscanvel tout particulièrement,
utilisait ce nouveau brise-vue pour masquer des bâtis que trop visibles
de la mer pouvant être ciblés par de l'artillerie de marine ennemie.
L'argument de la protection fut repris par l'agriculture. Il était conseillé
de faire des semis de pin sur les hauts des falaises pour briser, cette
fois, les effets néfastes des vents tempétueux sur les cultures ou sur
les pentys – maisons traditionnelles. On pensait alors que les racines
des pins consolideraient la falaise elle-même et limiteraient les éboulements.
Là encore la réalité était tout autre. Les racines fracturent la roche
et augmentent les infiltrations des eaux de ruissellement qui favorisent
l'érosion.
Semis en ligne directement dans la lande (des rangs espacés d'1,5m et
des graines en ligne espacées d'1m), cette dernière assurant la protection
des arbrisseaux. Il fallait prévoir une clôture pour éviter que le rare
bétail allât paître dans les landes ensemencées. Pendant une dizaine d'années,
l'agriculteur pouvait faucher sa lande avant de la passer au hachoir.
Dans les années 1930, les pins maritimes devinrent un atout touristique
avec en premier plan le bois du Kador / Gador dont on en fit des représentations
illustrées puis photographiques largement commentées par des écrits dithyrambiques
: « Le bois du Gador,
Le charme spécial de Morgat, ce sont les retraites qu'il assure aux amateurs
de solitude : soit les grottes, soit les pinèdes qui coiffent les hauteurs
du Gador. Ici, dans la senteur balsamique des pins, on peut couler des
heures exquises. Les arbres sont si pressés qu'on n'aperçoit plus le ciel.
Lumière de parasol vert. Sol de mousse, de fougères, de brindilles sèches.
Ailes froufroutantes, cliquetis d'insectes. Le moindre bruit acquiert
de l'importance, devient irrespectueux, comme dans une cathédrale. Seul
le silence convient ici.
Pierre Avez. Dépêche de Brest. 10/08/1929. »
A la même période, le semis fut quelque peu mis de côté par les propriétaires
qui en avaient les moyens. Des potets – petits pots – comportant
un jeune plant étaient livrés par milliers après un voyage en train provenant
de pépinières. La plantation offrait un meilleur rendement de 6000 plants
à l'hectare au lieu de 4000 en cas de semis et ceci dans le meilleur des
cas. La Société forestière scolaire et post-scolaire de Scrignac (Sud-Est
de Morlaix) « boisait » le Finistère avec ses plantules. Les particuliers
membres de l'organisme passaient commande : Mr Bouvron d'Argol reçut en
port dû 15000 potets à Argol en 1931. 15000 pins de 20 cm de hauteur qu'il
fallut mettre en terre à l'automne suivant.
Après l'engouement, quelques inquiétudes. Le pin flambait comme une allumette.
On commença à signaler les premiers incendies catastrophiques dont celui
du bois du Kador en août 1937... Un mégot avait-on dit.
Il était déjà trop tard pour circonscrire la répartition galopante des
pins qui débordait des parcelles initiales. Semis naturels à tout vent,
chaque arbre disséminait des centaines de graines portées à plusieurs
dizaines de mètres, la plupart atteignant un sol humide propice à la germination...
Des vols de coupe prirent forme dès que la maturité des boqueteaux arriva.
Un délit inconnu jusqu'alors. Un vol de grumes résineuses en pleine guerre
(1943) à Morgat secoua les esprits. Le propriétaire porta plainte auprès
du procureur de la République au Parquet de Châteaulin.
Les autorités allemandes ordonnèrent de plus en plus de coupes de pins
maritimes pour planter des pieux dans les zones probables de parachutages
alliés en 1944. Tout homme valide civil fut requis à la tâche. Dans les
faits : piètre résultat. Les quantités de pieux exigées pour couvrir des
hectares de terres planes dépassaient le nombre d'arbres des zones boisées.
Les soldats Allemands sur place n'y croyaient pas davantage et laissèrent
l'immense chantier se dégrader sans l'achever vraiment.
Après guerre une nouvelle campagne de boisage fut entreprise. Les anciens
massifs de chêne furent remplacés par des résineux (pas uniquement des
pins maritimes). Les moindres parcelles exploitables furent semées ou
plantées...
Aujourd'hui bien qu'il y eut des programmes de désenrésinement parfois
soutenus par la commission européenne, le Pin maritime poursuit sa progression
et contribue à la réduction de la lande qui souffre aussi de l'envahissement
des fougères, des prunelliers, des ajoncs... Par exemple : coupe sanitaire
au Kador après les tempêtes de 2013/2014 en avril 2015. Les tourbières
vivent une fin probable avec l'appui des sécheresses...
Actuellement, le Pin maritime est devenu une calamité par l'acidité des
aiguilles qui tombent sur un sol où plus rien ne pousse en dehors des
fougères et de quelques ronces hardies. L'exploitation des arbres n'est
pas rentable car largement contrariée par les exploitations du nordique
Pin Sylvestre dont la fibre est moins noueuse. Autrement dit le Pin maritime
est un encombrant dont on ne sait que faire.
Le Pin maritime ou Pin des Landes, Pin de Bordeaux,
Pin de Corte, Pin mésogéen – Pinus pinaster – est d'origine
portugaise et espagnole puis des Landes (France). Dès le 17ème siècle
des semis sont organisés pour une exploitation des pins pour la fabrication
de goudron – brai – utile à l'étanchéité des embarcations
de marine.
Les aiguilles de pin étaient ramassées pour faire un feu doux sous le/la
bilig/billig : plaque en fonte circulaire plate pour cuire les crêpes.
Cupressus macrocarpa hartw. ex George Gordon, 1849.
Cyprès de Lambert ou de Monterey.
Le cyprès de Lambert ou cyprès de Monterey (Cupressus macrocarpa)
provenant de la baie de Monterey aime la chaleur et l'humidité (surtout
les atmosphères maritimes) et se plaît au bord de l'Atlantique dont tous
les spécimens remarquables de France s'y trouvent. L'exemplaire de la
presqu'île de Crozon est classé arbre remarquable et se situe dans la
propriété privée de l'ancien manoir de Trébéron.
Hauteur 30m, circonférence 7.20m, envergure 20m. Exposé aux tempêtes,
il perdit une branche importante suite à la tempête de 2014. Cette essence
fut plantée en France à la fin du 19ème siècle. Le cyprès de Monterey
de Trébéron fut planté quant à lui en 1867 à l'occasion d'un mariage.
Le cyprès de Lambert fait partie du patrimoine naturel de la Bretagne.
°°°
La flore de la presqu'île de Crozon
Fleurs blanches sauvages Fleurs bleues sauvages Fleurs jaunes sauvages Fleurs rouges sauvages Changement de couleur des fleurs Baies sauvages comestibles ou toxiques Tourbières Les plantes terrestres du littoral La flore maritime du promeneur Les plantes invasives et le climat Chêne Vert Forêt domaniale de Landévennec Champignons Molène commune