La forêt domaniale de Landévennec couvre 465 hectares constituée de deux massifs distincts : le bois du Loch composé d'une réserve biologique de 68 hectares et le bois du Folgoat. La gestion est confiée à l'Office national des forêts (ONF) dont le ou la représentant-e vit sur place dans la maison forestière. La maison forestière du Folgoat, sise sur la commune d'Argol bien qu'à proximité de la chapelle du Folgoat en Landévennec, accueille donc un personnage important, un "veilleur" formé à la reconnaissance des signes inquiétants ou rassurants d'une nature qui adore que l'on s'occupe d'elle avec respect. La gestion des coupes produits encore les bénéfices de la filière bois.
L'histoire de l'exploitation du bois en Landévennec par
le clergé est une très longue guerre administrative, judiciaire et pécuniaire
avec usages de faux en écriture et détournements, dont la nature a fait
les frais pour cause de cupidité humaine en général et ecclésiastique
en particulier. Afin de résumer un déroulé de plusieurs siècles, voici
quelques points de repère.
L'abbaye de Landévennec est une puissance financière possédant des biens
terrestres partout en presqu'île de Crozon sauf vers Camaret qui est sous
la conduite de l'abbaye de Daoulas. Aux abords de l'abbaye
de Landévennec plusieurs centaines d'hectares de bois qui se doivent
d'être exploités pour en tirer des revenus et faire vivre les moines et
l'Eglise au sens le plus large. Les parcelles destinées à la coupe sont
proposées par adjudications à des bûcherons professionnels qui emploient
des ouvriers pour « raser » la surface octroyée. Durant des siècles, ces
coupes sont pratiquées sans discernement et renouvelées trop précocement.
Les vieux arbres, ceux à maturité et les jeunes sont bucheronnés. Les
vieux arbres servent au bois de chauffe, les jeunes aux fagots pour démarrer
les feux et ceux à maturité sont envoyés dans les scieries avant de fournir
les charpentiers. Construction de maisons, de châteaux, d'églises, de
meubles... mais aussi de bateaux de pêche et surtout des navires de guerre.
L'économie du bois est vitale et les prix n'ont de cesse de grimper, la
demande étant toujours plus forte, la population nationale s'accroissant
aussi, la France est devenue le pays le plus peuplé d'Europe.
Les moines n'ont pas le droit à la parole quant à la gestion, c'est leur
abbé commendataire qui décide de leur allouer le bois chauffage et les
planches nécessaires à leur survie. Malheureusement la notion de survie
des moines et celle de leur abbé n'est pas la même. L'abbé aimerait que
ces moines vivent de presque rien afin de recueillir pour lui-même autant
que nécessaire en y intégrant le futile et tout autant pour sa hiérarchie
qui lui sera gré d'avoir été aussi financièrement avisé. Les moines en
sont à quémander leur bois de chauffage. Ils déclenchent des procès à
l'encontre de leurs abbés successifs dont surtout les abbés Briand et
Tanguy. Procédures sur procédures, les accords sont à couteau-tiré et
pas toujours respectés.
Au 18ème siècle est mis en place, sous l'égide des Eaux et Forêts de Bretagne
dirigées par un grand Maître, le principe du quart de réserve. Un quart
de la surface exploitable est strictement mise à part et ne peut être
coupée qu'en cas de manques financiers des moines pour faire face à des
dépenses inattendues telles qu'une famine, un incendie, etc... L'abbé
s'y plie mais s'arrange pour proposer des parcelles moins rentables. La
guerre juridique reprend de plus belle. Les moines vont parfois avec quelques
bûcherons locaux complices faire quelques coupes sauvages de représailles
afin d'arrondir les fins de mois.
Les rois de France eux-mêmes connaissent l'état désastreux de la forêt
française et la pénurie croissante de bois. Décisions législatives, emploi
de gardes forestiers rémunérés par l'abbaye, marquages des arbres, rien
n'y fait. La Révolution enraye la dégradation, les bois deviennent biens
de la nation. Les stratégies guerrières nécessitent toujours plus de navires,
la forêt française est plus que jamais un enjeu hautement militaire.
A Landévennec, c'est trop tard, il n'y a plus de bois de charpente à prévoir
avant un siècle. Seul le bois de chauffe destiné aux militaires de la
presqu'île et de Brest ainsi que la population brestoise est source de
profit. La révolution industrielle va mettre un terme au massacre. Les
navires sont construits désormais en acier et le charbon devient le principal
combustible des villes. La forêt a désormais le temps de se régénérer.
Depuis le 18ème siècle, il existe en France des organismes forestiers
de contrôle mais leur indépendance ne fut jamais bien évidente et les
compromissions n’arrangeaient rien.
Le 19ème siècle instaure une gestion plus saine d'autant plus applicable
que la pression économique baisse et après des siècles d'un règne sans
partage du chêne, les bois résineux pénètrent lentement la filière. Ce
souci de gestion nécessite la présence de professionnels indépendants
sur place. L'administration napoléonienne et la création des départements
avec des autorités d'Etat spécialisées va enclencher lentement une organisation
de régulation. Progressivement des gardes forestiers vont vivre dans leurs
maisons de fonction durant toute la durée de leur mission qui correspondait
souvent à la durée de leur vie professionnelle.
Cette tradition de veille est toujours au goût du jour. La connaissance
du terrain est primordiale pour recenser les effets des fléaux naturels
tels que l'intrusion d'insectes nuisibles, de parasites destructeurs.
Il y a aussi les intrus à surveiller. L'apparition d'arbres indésirables
dans la forêt est fréquente. La présence de lauriers sauce au bord de
l'Aulne n'est pas un signe annonciateur de la bonne santé des massifs
forestiers de la forêt domaniale de Landévennec. Tout est axé sur une
régénérescence optimisée.
Le vénérable avait le cœur malade.
Résine.
Naissance d'une branche.
Le Dendroctone Micans (8mm) est un insecte volant d'Amérique
du Nord qui a élu domicile en Europe mais aussi en Bretagne depuis 2000/2007.
Il se glisse sous l'écorce des pins et y creuse des galeries dévastatrices.
Les oiseaux insectivores tel que le Pivert ne parviennent pas à endiguer
la propagation.
L'introduction du Rhizophagus Grandis (5mm) son prédateur est un espoir
écologique.
La forêt domaniale de Landévennec est atteinte et nécessite des coupes
curatives aussi importantes que celles des éclaircissements des futaies.
L'Office national des forêts (ONF) organise des veilles sanitaires tout
particulièrement envers les épicéas de Sitka de la forêt. Ceux-ci ne sont
pas encore sortis d'affaire car le réchauffement climatique les menace.
Ils ont besoin d'une humidité permanente.
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La flore de la presqu'île de Crozon
Fleurs blanches sauvages Fleurs bleues sauvages Fleurs jaunes sauvages Fleurs rouges sauvages Changement de couleur des fleurs Baies sauvages comestibles ou toxiques Tourbières Les plantes terrestres du littoral La flore maritime du promeneur Les plantes invasives et le climat Chêne Vert Forêt domaniale de Landévennec