Le premier château des Rosmadec fut une maison-forte avec une levée de terre autour, renforcée par une palissade en pieux de bois, comme toutes les premières fortifications de faible importance.
Les points de défense étaient construits sur les hauteurs afin d'amenuiser la puissance d'une attaque ennemie en ralentissant celle-ci.
Le berceau de la famille de Rosmadec fut à Telgruc dès
le moyen-âge. Petite noblesse sans fortune et sans rayonnement reconnus
bien que des textes anciens aient supposé une descendance des rois de
Bretagne ou un attachement à Saint Guénolé pour la fondation de sa communauté
religieuse à Landévennec. De ces illustres antériorités, il n'existe aucune
preuve. Par contre, chaque seigneur aussi mineur qu'il fut, devait une
allégeance à la hiérarchie féodale ; des textes officiels relatent les
prétentions de la famille de Rosmadec durant des siècles et cela jusqu'au
dernier de la lignée directe qui mourut à Paris (1699) sans postérité.
De Telgruc, à Paris, il fallut conquérir des siècles...
En la période du 13ème siècle, la famille doit un Chevalier d'Ost, c'est-à-dire
qu'un fils de famille doit être incorporé dans l'armée du seigneur local.
Situation de représentation basse (niveau en dessous de vassal) pour un
signe de noblesse obligeant néanmoins à un certain nombre de semaines
annuelles à porter les armes.
Au 14ème siècle, la famille est d'abord vassale du vicomte du Faou puis
du vicomte de Rohan, dès lors les Rosmadec ont accès à la cour du Duc
de Bretagne.
Au 15ème siècle, l'aîné des Rosmadec du fief de Telgruc est chambellan
du Duc de Bretagne. Durant cette ascension, la famille de Rosmadec s'allie
par le mariage aux Molac, une richissime famille de Bretagne dont le fief
principal se situe à Pont Croix. Fortune est faite dorénavant, reste la
notoriété à s'emparer.
Au 17ème siècle, le roi de France Henri IV, élève le fief de Telgruc au
rang de Marquisat (1608) pour service rendu à la couronne après la bataille
en Roscanvel, à la Pointe des Espagnols (1594). Titre de marquis que la
famille de Rosmadec transmettra à la branche aînée y compris en ne résidant
plus à Telgruc et ceci par lettres patentes arrangées. Un bienheureux
accommodement avec les règles de la féodalité : une terre, un titre ;
sans terre, sans titre...
D'un point de vue des biens, les Rosmadec ont des terres en presqu'île
de Crozon et voisinent avec la famille de Poulmic jusqu'à étirer leurs
possessions vers St Nic. Les Rosmadec achètent aux Rohan (1623) le titre
de comte de Crozon et du Porzay avec terres et demeures et revendent le
tout à la famille du Han (1647). Une revente de 138000 livres pour payer
les travaux mirobolants du château de Kergournadec'h (Cléder en Finistère).
Dès lors, la branche aînée des Rosmadec va considérer Pont Croix comme
le berceau de la famille et « oublier » ses origines insuffisamment auréolées.
Il n'y aura plus de Rosmadec en ligne directe sur les terres de Telgruc.
Selon des sources écrites, il y eut deux châteaux des Rosmadec au 9ème
siècle. Le petit Rosmadec eut appartenu à Guillaume 1er de Rosmadec-Gouarlot.
Le Grand Rosmadec aurait appartenu au seigneur Riwalon 1er de Rosmadec.
Sans avenir sur place, la branche cadette dû faire noblesse en d'autres
terres bretonnes. Ultérieurement, restait donc un château fort dans le
Goueled Terrug, le bas Telgruc, partie élevée du bord de mer. Une position
stratégique face à la baie de Douarnenez et placée sur les chemins commerciaux
Sud de la presqu'île de Crozon.
L'archéologue Flagelle dans un bulletin de la société académique de Brest
(2ème série, tome 4 datant de 1876) parle d'une motte de 75 m de circonférence,
de 8 m de hauteur à 500 m Sud-Ouest de Rosmadec (hameau). Une motte féodale
aurait existé jusque dans les années 1980 avant d'être rasée. Prudence
tout-de-même ; pour des raisons agricoles, il n'est pas rare que des terres
pierreuses soient regroupées pour dégager des terres cultivables. S'il
ne reste aucun indice précis de la position exacte du château-fort des
Rosmadec, on sait déjà qu'il se trouvait sur les hauteurs les plus élevées
des terres du hameau de Rosmadec.
Deux descriptifs existent.
Celui d'Augustin du Paz en 1629 (Généalogie de la maison de Molac 1629)
: « Il se void au milieu d'un grand bois de haute futaye qui y est à présent
une fort belle ruyne d'un vieil chasteau, avec ses douves revestues, courts
et basse-courts, avec ses tours, jusques au nombre de cinq ou six avec
leurs corps de logis, chapelle, colombier, estangs et aultres telles suittes
de maisons ruinées. »
Celui de Marc de Vulson, sieur de La Colombière, héraldiste français (Généalogie
de la maison de Rosmadec 1644) : « Sa situation est sur le bord de la
mer, dans la Baye de Douarnenez, en la paroisse de Telgruc, evesché de
Cornouaille, les ruines de l'ancien chasteau font remarquer qu'il étoit
composé de cinq tours, ioinctes par des corps de logis entourés de fossez
larges et profonds et environné de bois de haute futaye de grande estendue,
et n'y ayant aucune marque d'ancienne Maison Noble et seigneuriale...
»
La famille de Rosmadec cherchant à briller au duché de Bretagne puis à
la cour du roi de France, aurait donc laissé son patrimoine ancestral
à l'abandon. Les terres avoisinantes y étant pauvres, se débarrasser du
fardeau fut sans-doute aisé afin de mieux paraître sur le fief de Pont
Croix ceci d'autant que l'essentiel était sauf, le titre de marquis transféré
sur les biens de Pont Croix. Les pierres du château furent certainement
réemployées dans les constructions des fermes de Telgruc. Il est supposé
que d'autres points de défense avaient été érigés sur les terres de Telgruc
et que le château-fort en était la garnison principale.
Dans les déclarations des Rosmadec à l'égard de l'administration royale, les redites à propos du château ruiné sont immanquables mais s'y ajoute des moulins, des métairies, des vergers, etc. Apparaît la mention de manoirs dont le Manoir de la Salle au juste Sud-Ouest du Lez. Il semblerait, sans certitude, qu'après l'inutilisation guerrière du château-fort, la famille ait fait construire une demeure plus vivable qu'une enceinte militaire austère. En 1682, cet ancien manoir cité comme « manoir noble et seigneurial » est déclaré en tant que ferme exploitée par Henri Daniel, Mathurin le Bris et autres... Ce fut le sort de pratiquement tous les manoirs de la presqu'île de Crozon mais surtout à la période révolutionnaire. Le déclassement du bien tend à prouver le désintérêt précoce des différents propriétaires nobles envers le fief de Rosmadec.
Le manoir de la famille de Rosmadec aujourd'hui disparu
détenait une dépendance d'importance, un moulin à farine. Le moulin à
eau d'origine – sur la parcelle Foenneg ar Veilh Glas – Verte
Prairie du Moulin – devait dater du 16ème. Le meunier en 1725 se
nomme Yves Luguern. Il a pour rôle d'imposer les moutures des grains produits
par les vassaux des Rosmadec sous peine de poursuites. Ensuite le moulin
a été reconstruit tout ou partie au 19ème siècle par un changement radical
de mode de fonctionnement. En 1830, le propriétaire est Jean-Louis Thomas
de Rosmadec. Le moulin est rénové à nouveau en 1924 par Pierre Thomas.
Bien que de moins en usage à cause du développement du réseau électrique
en 1952, le moulin tourna jusqu'en 1960. De 1960 à 1970, le moulin est
abandonné. L'ultime version s'activait avec une retenue d'eau sur le ruisseau
en amont et ceci par une digue en terre. Le moulin se trouve juste en
contrebas de cette digue. L'étang artificiel – l'étang Verc Glaz
– ainsi constitué avait pour sortie d'eau un écoulement canalisé
appelé bief. L'eau était retenue par une vanne à volet qui une fois élevé
laissait passer cette eau qui prenait de la vitesse tout en descendant
le bief. Elle tombait enfin sur une roue verticale en bois qui se trouvait
alors en rotation et actionnait le mécanisme et les meules internes au
moulin. Le grenier permettait le stockage du grain. La roue à aubes fut
fabriquée par la menuiserie Le Bris, de Telgruc. Une roue de huit rayons
de 2,3m qui comportait 45 godets de 1,09m de largeur. Grâce à des engrenages
sur axes, la rotation était transmise à trois meules disposées à l'étage
du moulin. Une meule pour le blé noir, une autre pour le froment et une
troisième pour l'orge ou l'avoine.
Ainsi ce moulin à eau a connu deux principes de fonctionnement car dans
sa première disposition la roue était placée à l'horizontal dans le moulin
et l'eau circulait elle-même dans le bâti en le traversant. La motricité
était moindre car l'effet de poids de l'eau était plus faible. Le moulin
à eau à roue à l'horizontale était assez utilisé dans le Finistère. Le
moulin de Kerédan en était équipé lui aussi. Telgruc avait onze moulin
à eau et quatre à vent.
Dans une construction moderne, une discothèque - le Baccara Club - est
ouverte de 1987 à 2007 par les propriétaires des lieux. La famille de
commerçants et d'hôteliers de Telgruc-sur-Mer vend le bien ensuite.
Il existe aussi un moulin de Rosmadec à Pont-Aven.
Les Rosmadec avaient un autre moulin à eau en aval ainsi qu'un moulin
à vent à trois portes en bord de mer – Ur Veilh Avel – propriété
d'Yves-Gabriel Thomas en 1892. Déconstruit et rasé dans les années 1930
et dont les pierres sont récupérées pour une nouvelle maison. Le second
moulin à eau quant à lui est considéré en ruine sur le cdastre de 1830,
il se situait sur deux parcelles nommées : Foanneg ar Mab Bihan –
Prairie du Petit-Fils et Foenneg ar Sklus – Prairie de l'écluse.
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