Le temps d'une villae, puis le temps d'une chapelle, sur les hauteurs de Luzéoc, toute une histoire !
Les pentes de Luzéoc vers la mer sont des terres cultivables ensoleillées, bordées de ruisseaux. Les Romains aimaient les beaux panoramas sur le Cap de la Chèvre.
Le moulin de Luzéoc appartient à une économie du 19ème siècle.
L'empire romain des Gaules est établi en 52 av Jésus-Christ
(-52). La presqu'île de Crozon est un territoire de camps avancés romains
dont le casernement principal est à Carhaix. Les militaires Romains se
mêlent progressivement à la population locale qui y trouve un soutien
économique plus qu'utile tant la pauvreté est grande. La colonisation
est inexorable et les militaires redeviennent libres de leurs engagements
envers Rome après vingt ou trente ans de service. Ils s'installent dans
le pays où ils ont fondé leurs familles. Les plus entreprenants d'entre-eux
parviennent à se faire construire une villa. Une villa est certes un vaste
lieu d'habitation en pierres avec des termes, des cours intérieures, de
grandes pièces décorées peintes, dallées... Mais il y a aussi les hangars
à grains sur pilotis, les forges éventuellement et plus encore, l'habitat
des nombreux serviteurs à l'écart. Une villae (nom gallo-romain) est une
vaste propriété terrienne aux allures de village. Il en fut bâti une sur
les hauteurs de Luzéoc qui fut le centre économique local et dont toute
une population gallo-romaine dépendait.
L'extension de ces villaes s'étale sur le premier et surtout deuxième
siècle de notre ère (0 à 199 après Jésus-Christ). Au 3ème siècle, l'empire
romain est infiltré par différentes tribus partout sur ses frontières
avec plus ou moins de succès de la part des assaillants. La presqu'île
de Crozon est attaquée par la mer. Des barbares opèrent des razzias, pillent,
brûlent, tuent. Les villas gallo-romaines sont des cibles de choix et
les propriétaires ne sont plus des guerriers mais de simples habitants
aisés sans défense. La période est aux palissades hissées sur des tertres,
les habitations en pleine campagne ne sont plus au goût du jour. Les terres
sont plus ou moins à l'abandon. L'éducation s'évapore, le progrès est
à l'arrêt, l'empire gaulois (vers 260-273) est en pleine guerre civile,
il y a de nouveaux chefs partout.
Luzéoc n'échappe pas à cette déliquescence et la population se retrouve
à travailler pour des moyens de subsistances dérisoires. A partir du 5ème
et 6ème siècle, la religion chrétienne devient l'église référente et réclame
des lieux de culte partout où il y a de la population. Luzéoc a survécu
à tous les troubles et vit de la pêche et de l'agriculture, le village
est constitué de paysans pêcheurs au service d'une congrégation religieuse
qui avait organisé un maillage de redevances. Luzéoc appartient à la trêve
d'Argol dépendante de l'abbaye de Landévennec. Luzéoc voit s'élever alors
une chapelle au milieu des fermes et des huttes des serfs. Cette chapelle
devient un lieu de culte essentiel. Puis, les considérations économiques
apparaissent et l'on s'aperçoit que la voie terrestre des échanges commerciaux
passe plus au Nord de Luzéoc (Leznoc, Lézuoc... plusieurs orthographes
selon les textes et les époques). Chemin de boue mal empierré depuis que
l’administration romaine en fut déchargée, mais voie incontournable pour
les nobles et les marchands qui ont des intérêts commerciaux. Le hameau
de Telgruc (Telgrug, Telehruc) devient dominant avec sa nouvelle église
St Magloire du 16ème siècle. Cette montée de rayonnement est avérée au
13ème siècle grâce à la présence d'un recteur de Telgruc qui est sous
autorité du clergé et de l'évêché de Quimper et qui est distant de la
main-mise de l'abbaye.
La chapelle de Luzéoc est sans doute abandonnée et déconstruite à une
date indéterminée mais certaine lointaine. La terre et son ancien cimetière
deviennent la propriété du notaire Hervé Savina, maire de Telgruc (19ème
siècle) qui fut aussi le propriétaire du presbytère de Telgruc après la
période révolutionnaire. Luzéoc connaît un moulin à vent mais a perdu
de sa primauté au bénéfice de la commune de Telgruc-sur-Mer dont elle
en est devenue un hameau.
L'histoire de la création de Luzéoc est représentative
de la naissance de plusieurs villages de la presqu'île de Crozon. La création
d'un premier hameau autour d'une villa gallo-romaine; le déplacement géographique
(éventuel) des populations pour des raisons économiques... Toutes ces
évolutions se repartissent souvent en presqu'île. Morgat fut, par exemple,
un port gallo-romain bien plus actif économiquement que Crozon ne l'était
avant que des marchands et une petite noblesse ne se sédentarisent au
bourg de Craozon. Morgat aussi connut sa chapelle, abandonnée plus tard...
Remplacée ensuite, puis déconstruite à nouveau...
13 décembre 1927
Yves Palud, tuteur des orphelins Palud (père quartier-maître, 3094 Cam)
au village de Luzéoc en Telgruc est invité à se présenter au bureau de
la marine avec une pièce d'identité, pour percevoir au titre de part de
prises maritimes, la somme de 2925fr.
30 juillet1937
Monsieur Joseph Moré, 38 ans, marin-pêcheur, demeurant au village de Luzéoc
en Telgruc, a porté plainte pour vol de casier à crevettes.
Le casier était resté sur la barque du pêcheur, au mouillage du Caon.
Le préjudice est estimé à une centaine de francs.
Le gendarme Le Berre, de la brigade d'Argol mène l'enquête.
Deux faits-divers qui démontrent une activité de pêche dans le village
agricole de Luzéoc sans qu'il n'ait eu le moindre port. Tout comme dans
bien des villages côtiers de la presqu'île.
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