Hospice de vieillards maison de retraite ehpad évolution des termes

Un hospice des vieillards, une expression impensable aujourd'hui, bien que les vieux d'antan ne furent pas plus vieux ou moins séniles que ceux d'aujourd'hui. La maison de retraite prit le relais durant des décennies mais sans doute qu'EHPAD = Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, est apparu moins stigmatisant. L'aseptisation de l'administration joue avec les mots. Les vieillards devenus les vieux, désignés parfois par le terme respectueux d'anciens, poursuivis par seniors du troisième âge puis du quatrième âge... La famille prenant auparavant en charge bon an mal an son vieux, est devenue l'apanage des aidants indistinctement différenciés. Edulcorer les mots ne réduit pas le déclin d'une vie qui se ressent dans le corps, l'esprit et les regards portés ; mais pire que tout, la solitude nommément appelée désocialisation, est une vie sans vie. Le vide, l'inutilité avant la mort.

Quant au financement, l'article de presse ci-dessous, prouve indirectement que les vieillards sont coûteux et qu'un gala fait bonne figure face à une charge financière récurrente toute aussi embarrassante que les personnes qui en sont la cause.

Le malaise de la vieillesse n'a toujours pas trouvé la bonne mesure quel que soit le vocabulaire qu'on lui trouve et la pudeur qu'on lui accorde.

Morgat
Dans cette ravissante station le beau et le bien fraternisent et cela grâce au talent et à la générosité d'artistes qui, tout en villégiaturant, ne cessent de répandre autour d'eux toujours un peu plus d'art et de bonté. Ainsi, mercredi soir, à l'hôtel de la Plage, le violoniste Wins, que les Brestois applaudirent à différentes reprises, organisait avec le concours de Mme Claude Aulagnon, cantatrice, et de Mlle Aline Michel, pianiste, un concert de gala, au profit de l'Hospice des Vieillards de Crozon.

Les dilettanti qui s'étaient groupés nombreux autour du sympathique organisateur, furent heureux d'admirer le complet épanouissement du magnifique talent qui classe désormais Louis Wins parmi les grands maîtres de l'archet.

Son style fut plein d'autorité et de noblesse dans l'exécution de la Sonate en « Fa Majeur » de Haendel ; les qualités de sonorité et la profondeur de sentiment qui sont l'apanage même de son tempérament d'artiste s'affirmèrent entièrement dans « l'Arioso » de Bach et la « Romance » de Beethoven ; puis, deux pièces de Gossec : « Gavotte » et « Tambourin » le firent apparaître traducteur compréhensif et délicat du langage captivant des sons. Enfin, tellement poignante sembla son interprétation de la Sonate de Lekeu qu'une ovation enthousiaste lui fut faite par ses auditeurs frémissants.

Les applaudissements chaleureux et les rappels soulignèrent également d'admirables mélodies de Schumann et de Lalo, de Duparc et de Fauré, chantées, en une musicalité subtile, avec une diction précise et charmeuse ou bien une émotion intense et communicative par la belle voix nuancée de Mme Claude Aulagnon.

Avec une discrète et vaillante abnégation Mlle Aline Michel réalisa sa lourde tâche d'accompagnatrice faisant grandement apprécier, tout au long du programme, et des qualités musicales véritables et une souplesse fort compréhensive.

Cette très belle soirée a fourni une recette brute de mille cent vingts francs, les frais ayant été réduits au minimum. C'est un beau billet de mille que recueillera l'hospice de Crozon.

22 08 1920 Dépêche de Brest