Chapelle St Hernot
L'accès au clocher pour l'entretien de la cloche se faisait par les marches en pierre.
Le clocher porte la date de 1669.
Y D
1650
Christ présent en l'église de Crozon de 1776 à 1883.
Vierge Mère des ateliers de Brest du 18ème siècle
Saint-Nicolas provenant de la chapelle de Rostudel (disparue).
La Vierge est surnommée la Marseillaise à cause de sa dorure du 19ème siècle qui lui donne une allure de Notre Dame de la Garde à Marseille.
Saint Jean Baptiste provenant de la chapelle Saint-Jean de la Palue (disparue).
Saint Pierre provenant de l'église de Crozon.
Saint Paul (haut gauche).
Bannière de Saint Hernot
Sant Ernot
Pedit evid-omp
Saint Hernot,
Priez pour nous.
Petite chapelle du 17ème siècle devenue grande par plusieurs
extensions dont les plus importantes datent du 19ème siècle. Agrandissements
en 1854/55 (chœur & nef) et 1872/74 (aile sud du transept).
Les matériaux des extensions proviennent des chapelles en ruines de Saint
Michel de Tromel et de Saint Jean de Lesteven / La Palue, aujourd'hui
disparues, que les habitants avaient consentis à transporter par eux-mêmes
vers le chantier. La Presqu'île de Crozon était "couverte" de
chapelles durant des siècles mais à l'aube du 19ème siècle, l'argent manque
pour l'entretien des édifices. Alors commencent les travaux de récupération
à partir des ruines des églises les plus abîmées par le temps. Nouvelle
restauration en 1969/70 avec des contreforts en béton, changement des
bois extérieurs et réfection de la couverture par EGBTP de Joseph Gandil.
En 1971/72, à nouveaux les habitants se dévouent pour rénover l'intérieur
de la chapelle.
Le clocher porte la date de 1669. Le clocheton servit de mât à pavillon
au 19ème siècle pour l'armée. Le mur du bras nord propose l'inscription
: "Y.D.1650" avec une fleur de lys.
Mystère ! Qui fut St Hernot ? Un paysan* qui venait prier en ces lieux
et qui devint un saint, ou un évêque sanctifié ? Probablement la seconde
version est-elle plus crédible puisqu'aucun miracle paysan ne fut constaté
même si certains, après le passage du paysan, entendaient des clochettes
résonner dans les cieux. On trouve dans les écrits du passé l'orthographe
St Ernot, St Hernault.
Des prêtres réfractaires se dévouent pour poursuivre les offices religieux
après 1789 et cela jusqu'à la Terreur, puis comme tous les lieux de culte,
par décret du 23 juillet 1793, la chapelle de St Hernot est fermée, seule
une cloche par paroisse est alors autorisée (St Pierre de Crozon). Elle
est réouverte en 1804 avec 5 autres chapelles locales (un nouveau décret
de 1802 le permet) afin de "procurer l'instruction aux enfants et
aux fidèles trop éloignés de l'église paroissiale." En 1806, elle
est jugée nécessaire au quartier de Rostudel et du Bec de la Chèvre.
Le 17 septembre 1944, Morgat est libéré. Malheureusement, le Cap de la
Chèvre ne l'est pas et certains villages occupés tel que Kerdreux sont
dans une situation indéfinie. Des soldats Allemands cherchent à se rendre,
d'autres craignent d'être fusillés et veulent rejoindre la batterie du
Cap. Les habitants de Saint Hernot sont autant dans l'angoisse que dans
l'expectative. Une avant-garde canadienne arrive, elle cherche de l'eau
potable avant toute chose. Les habitants sont soulagés, l'accueil est
chaleureux. Les Canadiens le comprennent et organisent une fête, une scène
de music-hall avec des numéros de théâtre et d'humour... Dans la chapelle...
quelques jours après la libération. Seuls des enfants émerveillés s'étaient
mêlés à la troupe dans la chapelle de St Hernot outragée !
* Une légende bretonne explique que le paysan par sa ferveur avait su intriguer les mécréants locaux. Après la mort du pauvre laboureur, on entendait sonner une clochette mystérieuse dans le pré et sa source. Les habitants se mirent à croire en Dieu. Le paysan fut canonisé et bien plus tard, on trouva des fonds pour élever une chapelle sur place. Compte tenu de la chronologie cela suppose une première chapelle au moins avant celle existante ce qui n'est pas démontré.
Mobilier de l'inventaire de 1988 :
Statues en bois polychrome - Christ en croix, début XVIe siècle, Vierge
Mère, des ateliers de Brest, XVIIIe siècle, saint Pierre, saint Paul,
XVIIe siècle, saint Hernot, saint Nicolas, saint Jean-Baptiste.
Restauration de la cloche
"IESUS MARIA IOSEPH IOACHIM ANNA 1703" – "JESUS MARIE JOSEPH JOACHIM ANNE 1703". Jésus, ses parents, ses grands-parents. L'origine de la cloche de St Hernot est incertaine. S'agit-il d'une cloche d'origine ? S'agit-il d'une cloche rapportée d'une chapelle à l'abandon ? Celle-ci pourrait avoir été restaurée en 1906, puis assurément en 1985 car comme en 2021, il avait fallu changer la pièce de bois nommée mouton ou joug. Une pièce très exposée aux intempéries et qui subit le poids de la cloche. Le battant en acier doux et la corde de chanvre furent aussi changés en 2021. Remontage de la cloche en 2022.
48° 12' 11" N
4° 31' 48" O
Saint Laurent martyr. Laurent de Rome étant dépositaire de certains biens de l'église et pratiquant l'aumône abondamment se fit remarquer par le préfet de Rome qui n'apprécia pas tant de richesses. Saint Laurent fut torturé sur un grill en 258 et en mourut.
Notre Dame Porz Salud.
Allez et enseignez toutes les nations.
N. D. Port Salut.
Saint Laurent.
L'actuelle chapelle St Laurent de Tal ar Groas en Crozon
date de 1952 et fut dessinée par l'architecte Philippe exerçant à Brest.
La nouvelle chapelle Saint Laurent fait la synthèse spirituelle de deux
chapelles du passé. L'une, la chapelle Saint Laurent qui pourrait tirer
son nom de la vénération très ancienne d'un saint breton « Sant Laouen
» et dont la construction du 16 et 17ème siècle fut bombardée en 1944
et détruite pour ne laisser aujourd'hui que des voûtes. L'autre chapelle
qui eut une renommée bien plus importante, Notre-Dame-de-Port-Salut construite
à 500m au Sud de Kergoff-Porsalut, concentrait la population de Telgruc
Nord, et de bien des villages avoisinants dont certains ont disparu aujourd'hui.
Tal ar Groas n'étant qu'un croisement de routes que quelques fermes disparates
bordaient, on avait construit la chapelle Saint Laurent dans un esprit
de commodité pour facilité l'accès aux paroissiens du carrefour. A la
révolution, l'église de Notre-Dame-de-Port-Salut est détruite et ne subsiste
que la chapelle de Saint Laurent.
Un développement économique inattendu de Tal Ar Groas au 19ème siècle
fait augmenter la population et la chapelle Saint Laurent devient incontournable.
Ainsi la nouvelle chapelle présente des figurations de Saint Laurent ainsi
que de Notre-Dame-de-Port-Salut afin de maintenir le souvenir des deux
anciennes chapelles.
Mobilier selon l'inventaire de 1988 :
Les tables de pierre des deux autels proviennent de l'ancienne chapelle.
Statues en bois polychrome : saint Laurent, fin XVIIe siècle, Notre Dame
de Port-Salut.
Statues en pierre : saint Pierre et saint Paul (géminés).
Vitrail du chevet : Notre Dame de Port-Salut (P. Toulhoat, 1952).
48° 14' 50.2" N
4° 25' 18.5" O
Est-ce les vestiges d'un bénitier métallique ?
« L'isolement de cette chapelle [ St Laurent - NDLR], bâtie
au milieu d'une vaste lande totalement nue, me fut ainsi justifiée par
la présence d'un autel des druides, en même temps que par celle de la
villa d'un peuple païen. Il est à remarquer que de cet endroit on pouvait
correspondre avec l'autre position romaine voisine de Kersulec et avec
le camp de Bouessante, situé sur l'ancienne route de Landévennec. » Baron
Bachelot de la Pylaie. Etudes archéologiques et géographiques, Bruxelles.1850.
La chapelle de Saint Laurent à Tal ar Groas datait du 16ème siècle, construite
dans un pré à l'écart de tout (en 1803, elle était considérée comme nécessitant
une réfection), le village n'existant pas encore. La statue de Notre Dame
de Porz-Salud fut la seule statue sauvée des ruines de la chapelle Saint
Laurent en 1804. Des femmes pratiquantes, atterrées par le drame, déclarèrent
qu'elles voyaient la Sainte Vierge errer parmi les vestiges de la chapelle
défaite au bord de l'ancienne voie romaine dans le but de sensibiliser
la hiérarchie catholique pour une reconstruction.
A la fin de la seconde Guerre Mondiale, l'armée allemande organise une
ligne de défense passant par Tal ar Groas dans le but d'empêcher l'arrivée
de l'armée alliée qui aurait pris à revers les batteries côtières protégeant
le port de Brest. L'armée alliée connaissait cette ligne de défense de
sorte que furent décidés des bombardements intensifs préalables à des
mouvements terrestres de troupes.
Les allemands n'ont pas résisté longtemps à la pression de l'avancée américaine,
encore quelques jours et la Presqu'île de Crozon allait être libérée.
Parmi les dégâts matériels de cette période (août et début septembre 1944),
la chapelle de Saint Laurent a été détruite. Les voûtes subsistantes auraient
été remontées à la suite de la destruction de l'édifice.
On parlait du quartier de St Laurent avant que le carrefour – Tal ar Groas – ne devienne le nom que les habitants locaux ne retiennent définitivement. Il n'y avait alors qu'une chapelle, un moulin à vent et deux auberges...
48° 14' 44.9" N
4° 25' 25.2" O
La partie droite de la chapelle est une extension de 1700.
En inversant, cette pierre du clocher, vous lisez REC (recteur) P.D... (initiales du recteur fondateur) F Y et 1666. Lors d'une restauration, la pierre a dû être inversée.
I. DANIELOU et deux poissons de face.
La chapelle St Philibert est sise dans le hameau de St Drigent
en presqu'île de Crozon.
Saint Drigent serait un moine venu de la presqu'île de Gower au Pays de
Galles qui était un lieu de retraite reconnu pour des moines celtiques
d'origines aristocratiques. Tous missionnaires dans l'âme, chacun à son
heure traversa la Manche. Drigent aurait laissé quelques traces de son
passage dans le Trégor à une période où les Romains n'avaient pas encore
envahi l'Armorique... Un saint prié sous différents patronymes en Bretagne
bien que peu connu : Elligent, Régent, Ritgent... Et bien d'autres orthographes
locales dues au fait que le breton était une langue non écrite et variable
selon les localités. Les retranscriptions écrites tardives ont favorisé
une diversification très large.
La chapelle porte plusieurs dates dont l'une est 1666, l'aile nord porte
les dates de 1661 et 1667 sur le clocheton. De plus le linteau d'une porte
de l'extension ajoutée en 1700 porte le nom de I. DANIELOU, le commenditaire
ainsi que deux poissons de face dont les marques dans le schiste s'effacent.
De forme simple, la chapelle a subi une évolution : le percement
ou l'amélioration d'une fenêtre donnant plus de lumière sur le chœur.
La fleur de lys ainsi que les inscriptions illisibles sont des apports
externes à l'église d'origine. Une fleur de lys y "trône" pour
se souvenir des attachements de la Bretagne à la royauté.
Cette chapelle fut un hôpital lors de la guerre de 7 ans de 1756-1763,
une guerre contre les Anglais pour des rivalités coloniales. Puis elle
fut un corps de garde sous la révolution. La population demande à ce que
la chapelle soit un lieu de catéchisme en 1805.
Le nom de Saint Drigent a été remplacé par celui d'un saint aux intonations
plus françaises, Saint Philibert. Les autorités religieuses ont souhaité
une harmonisation des célébrations des saints à travers la France. Pas
question d'avoir un saint local que personne ne connaît en dehors du village
dans lequel il est célébré. La culture bretonne en a pâti énormément.
La fontaine du Saint - feunteun ar zant - n'est pas très loin sur le chemin
de procession.
Statue en bois du 17ème siècle de Saint Philibert. Le livre est une pièce rapportée.
Statue en bois polychrome du 17ème siècle d'un évêque.
Représentation d'un officier en uniforme du 16ème siècle.
Statue dans une niche de Saint Maurice (Morice) soldat. La nomination est tardive.
La poutre de gloire "gardée" par deux soldats.
Bénitier, ancienne mesure à grains.
L'intérieur de la chapelle Saint Philibert est chaleureux grâce, en autres, aux statues polychromes surprenantes telles que celles des soldats sur la poutre de gloire. La poutre de gloire est une séparation (matérialisée par une poutre décorée) entre les paroissiens et les religieux.
Sacristie.
Mobilier de l'inventaire de 1988 :
Statues en bois : saint Drigent en évêque, XVIIe siècle, saint Philibert
en moine, XVIIIe siècle, et, sur un entrait, "saint Morice" en soldat,
XVe siècle.
La chapelle Saint Fiacre aujourd'hui portant le clocher de la chapelle Saint Nicodème de Kergloff.
La crossette Sud.
La crossette Nord.
Une crossette en architecture est une décoration d'angle - mur, fenêtre...
"1591. G. BOVRCHIS."
Un calice ?
Si la chapelle St Fiacre date sans doute du 16ème et 17ème siècle avec sa fontaine, celle-ci, après avoir été bombardée le 15 novembre 1942, a été rénovée en 1965 par l'architecte Yvinec par des matériaux de récupération provenant de la chapelle de Kergloff en Finistère.
Saint Paul Aurélien
Saint Yves
Statues en bois polychrome : Sainte Vierge, atelier de Brest, XVIIè siècle, saint Fiacre en laboureur (saint Isidore en réalité), saint Paul Aurélien, saint Yves assis, XVIIè siècle. Statue en bois : Crucifix, XXe siècle.
Le rôle des décimes de 1789 consigne 1 livre et 15 sols ce qui prouve la faiblesse des revenus de la chapelle.
Les marques du coq disparu à l'extrémité du clocher.
La Chapelle Saint-Jean-Leïdez était orientée perpendiculairement
à la route D155 actuelle. Elle fut construite au 17ème siècle, rénovée
au 19ème siècle, bombardée en 1944 et déconstruite en 1956. Le curé de
Crozon de l'époque, voyant cette église rarement ouverte avait communiqué
à la mairie de Crozon qu'il n'était peut-être pas nécessaire d'entamer
une rénovation. Le conseil municipal avalisa cet avis. Les matériaux furent
réutilisés ailleurs. De ce lieu de culte, subsiste la pointe du clocher
sans son coq. A proximité, un calvaire daté de 1852 et deux fontaines
celle de Saint Egarec et Saint Jean.
Seulement deux périodes annuelles pour les célébrations de messes. Le
lundi des Rogations. Les 3 jours de Rogations lors de l'Ascension : «
demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé » (Jean 15, 7).
Ainsi que le 24 juin pour la Saint Jean Baptiste.
48° 15' 53.6" N
4° 29' 48.5" O
Le bosquet central à la croisée des chemins correspond à la position de la chapelle.
La particularité de la chapelle en bord de route, outre sa grandeur inhabituelle, c'était l'irrégularité de sa construction sans angle droit qui surprenait.
La chapelle Notre-Dame de Porz Salud avait pour saint protecteur
Isidore le laboureur espagnol, 1070-1130 environ, qui privilégiait la
prière au détriment du travail de la terre.
Cette chapelle Notre Dame de Pors / Porz Salud – Notre Dame de Port
Salut – fut la plus grande chapelle de la presqu'île de Crozon.
Elle était sise à l'Est du bourg de Crozon non loin de la limite de la
paroisse d'Argol puis de la paroisse de Telgruc plus tardivement créée
là où il n'y avait pas de village. Elle devait drainer les paroissiens
des hameaux du Sud-Est de la presqu'île et constituait l'un des 18 arrondissements
religieux de Crozon servi par un curé, un sous-curé à minima.
La pauvreté des finances recueillies par le fabricien menait à des élévations
les plus réduites qui soient alors, avoir prévu grand tendrait à prouver
qu'il y avait de nombreux paroissiens à accueillir en ces lieux religieux.
La population était cependant éparpillée. Aller à la messe en sabots de
bois par les chemins creux devait déjà être une pénitence.
Elle fut dégradée par manque d'entretien avant la révolution française
de 1789. Le rôle des décimes de cette année là consigne cependant 7 livres.
Elle est considérée en ruines sur le cadastre de 1830 section 22. Ses
pierres ont sans doute servi à construire des fermes dans le voisinage.
Une statue de Notre Dame de Porz-Salud aurait été sauvée et transférée
à la chapelle Saint Laurent ruinée ensuite, statue volatilisée enfin.
L'ultime chapelle St Laurent reprend l'iconographie moderne de Notre Dame
de Port Salut dans ses vitraux, unique trace de la chapelle d'origine
au Sud de Kergloff-Porsalut.
Comme de nombreux édifices élevés, l'armée s'était servie du clocher pour
porter un mât à pavillon pour ses transmissions.
Chemin Sud élargi qui mène à la parcelle de la chapelle.
Muret en bordure de la parcelle de la chapelle.
Emplacement possible de la chapelle St Gildas. Cette chapelle est stipulée dans le catulaire – recueil d'actes – du 11ème siècle de l'abbaye de Landévennec.
Une des bornes de limite d'un ancien terrain militaire de la Marine : l'Île Longue. Plusieurs bornes longent les parcelles de la chapelle disparue.
Ce lavoir est une mare sur le cadastre de 1831, les parcelles voisines se nommaient parcelles Saint Gildas.
Un ruisseau est canalisé en ligne droite par des pierres sèches. "L'installation" en pleine campagne surprend. Cette méthode est souvent utilisée par le passé quand un ruisseau est proche d'une construction et que le propriétaire ne veut pas que le cours d'eau vienne jusqu'aux fondations.
Chemin Nord menant à la chapelle.
La chapelle St Gildas (Est de St Driec en Crozon) apparaît
sur la carte de Cassini (18ème siècle) et disparaît du cadastre napoléonien
(1831) en laissant quelques traces écrites de sa réelle existence. Sa
date de construction semble inconnue mais elle correspond à la nécessité
d'un lieu de culte à proximité du sillon de l'Île Longue pour accueillir
les paroissiens alentours. Autant ceux de l'île que ceux de St Driec,
Rostellec, Taladerc'h,... Les habitants de l'Île Longue ont une contingence
incontournable : l'heure des marées. Seule une marée basse permet aux
habitants de revenir à terre par un sillon de galets malcommode. Au delà
de l'aspect pratique, la construction d'une chapelle est toujours une
volonté seigneuriale alors il faut chercher la famille possédante des
lieux : celle des de Rostellec ou une famille liée à elle par le mariage.
La chapelle existe en 1715 et est considérée comme chapelle tréviale bénéficiant
de quelques jours de messe à l'année mais ne disposant pas de curé permanent.
Pour les offices tels que les mariages, l'ouverture de la chapelle se
fait sur autorisation de l'évêque de Quimper. Sa décision est guidée par
l'honorabilité des demandeurs : cela s'adresse à la catégorie sociale
nommée aujourd'hui "français moyens fréquentables – paroissiens
sans histoire". La noblesse se marie exclusivement au bourg de Crozon
qu'elle soit fréquentable ou non : elle finance les édifices religieux.
Une cloche est commandée en 1793 par le conseil municipal de Crozon le
10 février 1793 au fabricien (gestionnaire des biens de l'église) Stephan
qui fait installer la commande le 19. Cette ardente cloche a dû souffrir
d'une descente et d'une refonte à canon à l'instauration des nouveaux
cultes de la Raison et de l'Être Suprême entre octobre 1793 et juin 1794
(Brumaire et Germinal an II). Le moindre signe de religiosité est alors
interdit.
Devenue bien national depuis la révolution, dépourvue de mobilier de valeur,
la chapelle Saint Gildas est taxée par les décimes à hauteur de :
1 livre et 8 sols en 1789. Le prélèvement est à la hauteur des autres
chapelles ouvertes de la presqu'île de Crozon. Seules les églises sont
nettement plus imposées.
1 livre et 13 sols en 1793.
6 livres 4 sols et 11 deniers en 1794.
Le curé de Crozon, Antoine Mauduit du Plessix, maladif et déprimé, quarantenaire
maussade, se plaint à l'évêque de Quimper, Mgr Dombideau de Crouseilhes,
de l'état de l'immense paroisse désolée de Crozon dont un bon nombre de
chapelles est en ruines sans espoir de relèvement. Il propose par courrier,
en 1809, de se servir des pierres de St Gildas pour restaurer la chapelle
de St Laurent de Tal ar Groas que les habitants envisagent de reconstruire
par eux-mêmes.
Des parcelles de terre jouxtant la chapelle sont vendues dans le domaine
privé en 1812 pour 200 frs à un couple de cultivateurs de Rostellec. Des
parcelles nommées "Parc an Ilis" (Champ de l'église) et "Parc Saint Gildas"
avant la numérotation du cadastre napoléonien, composent le lot de landes
et de terres agricoles. Les ruines de la chapelle ne font pas partie de
la vente et reste propriété de l'Etat. Nul ne dispose des pierres subsistantes
sans acte de vente.
La représentation cadastrale de 1831 ne mentionne pas la chapelle St Gildas,
elle n'existe officiellement plus.
Bien que le cadastre ait évolué, la parcelle 671 (1831) en bord de chemin
à sa pointe Ouest, pourrait avoir reçu l'élévation de l'édifice –
ex "Parc an Ilis". Cette parcelle transposée au cadastre d'aujourd'hui
(2023) correspond à la parcelle 0147 section AZ. Le tracé du chemin d'origine
existe quant à lui, ayant la même disposition qu'au 19ème siècle. Sa partie
Sud est élargie pour les besoins agricoles mais sa partie Nord est conforme
à ce que fut le chemin de la chapelle : étroit, boueux...
48° 17' 17.9" N
4° 31' 10.3" O
Le contexte de la chapelle, côté baie de Douarnenez.
Le cap de la Chèvre sous protection de St Nicolas. Un grain tombe sur Sein.
Le village de Rostudel.
La chapelle de Saint Nicolas a bel et bien existé puisqu'elle
est citée dans la nomenclature des édifices religieux de la presqu'île
de Crozon éditée à différentes reprises par l'évêché de Quimper. Une citation
néanmoins accompagnée d'une mention « pour mémoire » et à laquelle n'est
jamais attaché le moindre revenu connu dans le rôle des décimes – argent
des quêtes et dons entre autres.
Aucune trace de cette chapelle au Cap
de la Chèvre, il semble alors difficile d'en déterminer le lieu d'implantation.
La carte de Cassini du 18ème siècle mentionne « St Nicolas » avec un symbole
de chapelle au Sud du village de Rostudel. La chapelle n'aurait donc pas
été dédiée à l'usage privilégié des villageois mais aurait été construite
sur le plateau de lande du Cap, en plein vent, exposée aux déluges des
pluies océaniques, face à l'immensité de la mer avec pour saint protecteur
Nicolas. Un saint aux multiples patronages : enfants, célibataires, jeunes-femmes
en attente du mariage... et marins dans la tempête. Les habitants vivant
partiellement de la mer, allaient sans doute y prier pour bénéficier d'une
protection contre la noyade, le naufrage... Il est tout à fait concevable
que des familles endeuillées de la presqu'île de Crozon aient pu venir
en « pèlerinage » pour la mémoire des disparus. Il s'en passait tant au
large !
Une statue de bois polychrome du 15ème ou 16ème siècle, dite de St Nicolas,
est présente en la chapelle de St Hernot en Crozon et serait le seul vestige
de la chapelle démantelée.
La seule donnée affirmée et incontestable consiste à relever le fait dûment
enregistré par l'armée française que cette chapelle fut un magasin à poudre
jusqu'à la construction d'un magasin réglementaire en 1780.
Les batteries de différents âges dont celle de Rouvalour et de différents
positionnement de la côte de l'anse de St Nicolas jusqu'au Cap de la Chèvre,
réclamaient un magasin pour mettre la poudre à canon au sec mais quant
à réquisitionner un édifice religieux en usage, cela surprend. On peut
supposer que la faiblesse du nombre d'habitants de Rostudel et des environs,
quand la chapelle fut défraîchie, l'évêché ne jugea pas bon d'en restaurer
la structure et préféra concentrer les efforts financiers sur la chapelle
de St Hernot un peu plus au Nord. L'Eglise a-t-elle loué ou vendu l'édifice
à l'armée ? Selon le positionnement de Cassini, la chapelle était à équidistance
très raisonnable de plusieurs corps de garde et batteries.
Les chapelles éloignées et misérables avaient un sol en terre-battue incompatible
avec le stockage de barils de poudre à cause de l'humidité. Il fallut
assurément installer un plancher de bois en chêne sur un vide sanitaire
et ceci sans clou pour éviter la moindre étincelle. Il fallut changer
les gonds de fer en gonds de bronze des portes et condamner les éventuels
vitraux pour empêcher un rayonnement solaire direct pour les mêmes causes.
Il fallut obturer le clocher, voire le supprimer pour ne pas en faire
un amer, donc une cible ; et par contre installer des évents pour ventiler
le local.
Les boulets ennemis tirés des vaisseaux de ligne de la baie de Douarnenez,
ne pouvant atteindre un bâtiment sur un haut de falaise sans s'approcher
de la côte et se faire canonner par les batteries de côte française, l'idée
de cette utilisation militaire d'un lieu de culte n'était pas mauvaise.
Les batteries de St Nicolas puis du Cap de la Chèvre étaient purement
dissuasives et n'étaient en alerte que rarement dans l'année, hors période
napoléonienne. L'économie d'un magasin de poudre pour une armée qui avait
du mal à financer l'artillerie côtière de la France relevait du bon sens.
Quelques écrits incertains stipulent que la chapelle était considérée
en ruines en 1784.
Le Cap de la Chèvre étant devenu hautement militaire avec le temps, l'armée
ayant agrandi ses terrains militaires avec une interdiction de visite
du monde civil, qui sait si la chapelle ne fut pas réquisitionnée et détruite
par l'armée elle-même qui réemploya les pierres dans le sémaphore ou des
bâtiments adjacents.
Si la chapelle était sur parcelle civile, une vente par adjudication probablement,
passa le bien dans le domaine privé. La chapelle St Nicolas déconstruite,
ses pierres furent dans ce cas, récupérées par les habitants ou le nouveau
propriétaire de la parcelle et n'exista plus définitivement.
La zone connut une très relative autonomie agricole grâce aux troupeaux
de moutons pâturant la lande voisine avec l'agrément militaire qui y voyait
un moindre entretien.
L'Anse de St Nicolas, mouillage longtemps apprécié, renouant avec l'esprit
de protection tant prié, rappelle l'existence d'un lieu de sainteté complètement
évaporé à regret.
La chapelle St Michel de Tromel devait occuper l'emplacement du penty au centre de la photo dans une occupation des sols proche avec la même orientation de la nef. Le clocher en pignon Est (en fond).
Un village en pleine nature.
Petite pêche et petite agriculture pour mode de vie.
La chapelle St Michel de Tromel a dû être élevée au cours
de la construction du hameau lui-même puisqu'elle se situait au cœur du
carrefour central qui distribuait toutes les voies locales. Les 16ème
et 17ème siècle semblent des époques vraisemblables pour l'érection d'une
chapelle dont le rayonnement complète ceux des chapelles de St Nicolas
et de St Hernot afin que les quartiers du cap de la Chèvre soient en prières.
Au rôle des décimes de 1789, cet édifice religieux est prélevé d'1 livre
15 sols, soit le prélèvement minimal des chapelles de la presqu'île de
Crozon. Autant dire que la fréquentation devait être modeste au travers
d'une population modeste d'agriculteurs pêcheurs.
Le cadastre napoléonien de 1833 représente une longue nef rectangulaire
régulière avec un transept sur le mur Nord ce qui donne une forme générale
de L majuscule. Le bras de transept classe la chapelle au rang des chapelles
moyennement dotée à sa construction. Deux transepts est un luxe, l'absence
de transept est un signe de minimalisme.
Une fois désaffectée, une partie des pierres est réutilisée pour construite
l'extension d'un transept Sud de la chapelle de St Hernot en 1874. Un
transfert concrétisé par les habitants avec quelques charrettes. Cela
semble prouver que la chapelle St Michel de Tromel soit restée à l'état
de ruine pendant quelques décennies avant que la parcelle de terre publique
ne devienne un bien privé construit. Un penty avec dépendances se situe
en effet sur l'ancienne place de la chapelle et porte sur un linteau la
date de 1873. Cette date, si elle est valide, correspond à la période
de dispersion des pierres de la chapelle...
48° 13' 33.4" N
4° 32' 50.9" O
Le clocher de la chapelle de St Sébastien en Crozon devait atteindre les cimes sur les hauteurs de Postolonnec. Au 17 et 18ème siècle, il n'y a pas ou très peu d'arbres...
Vue sur la baie de Douarnenez et l'île de l'Aber.
Vue sur le Menez-Hom haut lieu de spiritualité depuis les romains.
Emprunter la route de Postolonnec et sa forte déclivité pour aller à la chapelle était déjà une pénitence notoire. Au sortir de la messe, la descente étant vive, l'âme vagabondait à qui mieux mieux...
La chapelle St Sébastien porte le nom de l'officier romain
devenu martyr et protecteur des croyants contre les épidémies. Certaines
sources évoquent que la construction de cette chapelle avec pour patron
ce saint à qui on attribua des miracles, ait été effectuée pour accueillir
dans son cimetière les dépouilles des pestiférés pour limiter la contagion
dans le cimetière du bourg de Crozon, autour de l'église, sachant que
Crozon avait pour réputation d'enterrer ses morts à une faible profondeur
0,60 à 0,80 cm en moyenne.
En 1703, la chapelle offrait à la vue du paroissien un banc à accoudoir
et un carreau de vitrail portant les armes de la seigneurie de Trébéron.
Une représentation que l'on retrouve sur une pierre tombale de la famille
de Trébéron en l'église
St Pierre de Crozon dont la famille était l'une des donatrices.
La carte de France de Cassini du 18ème siècle note la présence de la chapelle
de St Sébastien (à ne pas confondre avec celle de Roscanvel) sur le bord
de chemin entre le bourg de Crozon et la plage de Postolonnec.
En 1789, le rôle des décimes de Crozon consigne 6 livres, ce qui est notable
pour une chapelle.
Le 6 février 1792, Vincent Pierre Marie Viel de Villereux, peintre vitrier,
exige par courrier 150 livres pour enlever les écussons et les fermailles
de la chapelle afin de mettre l'édifice en conformité avec l'absence de
tout signe de noblesse.
Le chemin de St Sébastien partant du bourg de Crozon n'est pas carrossé,
la circulation y est donc limitée. Les "gens" du bourg plutôt
aisés ou administratifs ne devaient pas errer en "périphérie".
Sur le cadastre de 1830, le chemin reste un chemin...
La route de Postolonnec, donc carrossée, aboutit devant une chapelle simple
dotée d'un cimetière sans pour autant être élevée dans un milieu très
peuplé. Quelques hameaux épars, quelques moulins à vent éloignés. Le diocèse
de Quimper établit des cures (environ 200 à l'équivalent du Finistère
Sud d'aujourd'hui) dans un maillage très serré afin que les paroissiens
excentrés aient accès à la religion "obligée" et jugée seule
convenable.
La chapelle de St Sébastien n'apparaît plus sur le cadastre de 1830, seul
apparaît encore son cimetière et le mât à pavillon signal de St Sébastien
sur la carte d'état-major au Sud de la position. Ce cimetière recueille
les sépultures des Crozonnais du bourg à la fin du 18ème siècle jusqu'en
1829, date d'ouverture du nouveau cimetière
de Crozon (cimetière actuel). Le cimetière de St Sébastien reste ouvert
au recueillement quelques décennies encore avant d'être relégué en potager
entre les tombes subsistantes ayant une attribution distincte, ceci au
bénéfice de l'hospice de Crozon, puis le terrain riche en humus devient
une propriété privée en 1975.
Trébéron subsiste sous la forme d'un hameau.
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