Les carrières de la rue Poulpatré
Les anciennes carrières de la rue Poulpatré* en Crozon
ont été en forte activité au 19ème siècle pour un usage des pierres extraites
dans le bourg même de la commune. Parmi les constructions connues qui
firent parler longuement, la construction de l'école
Sainte Anne sous la houlette d'Anne Le Bastard de Mesmeur, religieuse
qui fit son noviciat aux filles du Saint-Esprit en Saint-Brieuc. Sœur
Anne de Jésus s'installa à Crozon pour édifier une école en 1846, la première
du canton. Une construction prise en charge par la fortune de la religieuse,
et ce fut ainsi que les excavations des moellons de la rue Poulpatré firent
jaser car si l'intention éducative de la bienfaitrice fut indiscutable,
les arrières pensées ne le furent pas moins : éducation religieuse, adoration
du christ et du roi indéboulonnable, en pleine installation de la république.
Le déchaînement royaliste de la famille Le Bastard de Mesmeur résidant
au manoir de Lescoat, scandalisait les progressistes. Les frasques anti-impériales
de la religieuse étaient connues en région. Les Crozonnais s'en trouvaient
en ébullition. La population, après une période révolutionnaire qui lui
fut incompréhensible, avait, majoritairement, des aspirations républicaines
sans pour autant se détourner d'une vie religieuse très ancrée dans les
habitudes de vie.
Les carrières se virent surnommées « les trous des bonnes-sœurs » à l'encontre
de la congrégation religieuse des filles du Saint-Esprit de Crozon qui
avait des adeptes mais aussi des détracteurs... Les cléricaux contre les
anticléricaux, un tumulte permanent. La raillerie pour argumentaire
! Parfois, on osait dire "voilà le trou de la bonne-sœur"
ou "de la Mesmeur" quand on voulait s'en prendre à la religieuse
endiablée ! Une expression similaire est usitée à Roscanvel : "trou
madame".
* La seigneurie de Poulpatré brillait dans le manoir (construction en 1660) au niveau du 22 et 24 de l'actuelle rue de Poulpatré en Crozon. Manoir disparu.
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