Tal ar Groas - Tal ar Groaz en Crozon

Des fusilliers marins français ont débarqué sur la plage de L'Aber à partir de navires de guerre de la marine au mouillage dans la baie de Douarnenez. Ces assaillants portant un insigne rouge représentant l'ennemi passent au carrefour de Tal-ar-Groas devant l'épicerie buvette en courant. Ils ont pour mission de prendre la base de Lanvéoc-Poulmic par surprise là où sont retranchés les soldats aux insignes bleus. Ces manœuvres d'été (juillet 1937)  seront favorables aux rouges qui vont investir la base. 35 mois plus tard, l'armée allemande investira les lieux désertés.

Le quartier de Crozon Tal-ar-Groas – Tal-ar-Groaz – Talagroas est le fruit d'une évolution économique datant de la moitié du 19ème siècle. Auparavant, comme son nom l'indique, le lieu est un croisement routier de la route majeure de Lanvéoc vers Quimper et de la route mineure (vicinale) de Crozon vers Landévennec. Un croisement  déjà romain dans l'antiquité qui disposait d'au moins une construction gallo-romaine selon les indices matériels trouvés dans les terres lors des constructions du 19ème siècle.

A la révolution, l'ancienne chapelle Saint Laurent – Sant Laurens est déjà en mauvais état, elle est entourée d'un vaste champ de foire. Ensuite, il existe au carrefour dit du "Croissant de St Laurent" (actuel carrefour de Tal-ar-Groas) une forge-auberge (vers 1826 - Famille Daniélou 2 bâtiments), une seconde auberge cordonnerie (vers 1830 - Le Moal), un moulin à vent (Tachen ar Veil puis Meil Tal ar Groaz - disparu avant la 1ère guerre mondiale) en bord de route de Quimper et enfin un signal militaire au Nord Nord-Est (mât à pavillon). Pas de quoi en faire un hameau d'autant que les paroissiens sont des paysans des villages voisins ayant une population familiale plus importante que celle qui entoure la chapelle esseulée. Par contre l'existence de points de restauration laisse supposer des passages de voyageurs, de commerçants... Le tourisme n'existant pas encore la clientèle devait être professionnelle. Une troisième auberge-ferme sort de terre (vers 1835 - Derrien), cela confirme que Tal ar Groaz St Laurent est un lieu de passage. Deux auberges sur trois connaîtront des gérances ou des locations. Puis s'installera un vendeur de tabac et débit de boissons (vers 1842)... Etc... Ce sont bien des activités commerciales qui fondent le hameau.

Les animations de St Laurent sont ses foires qui ont un certain retentissement et que la commune de Telgruc aimerait annexer pour en toucher les subsides. La municipalité de Crozon ne veut pas en entendre parler mais préférerait que ces foires estivales se passent au bourg de la commune. L'inconvénient qu'il en ressort est le transport du bétail vers des lieux éloignés. Rien ne change donc jusqu'à ce que les véhicules motorisés modifient la donne.
Exemple d'une foire :
La foire du 12 août 1933 est modeste. Les meilleures vaches sont parties pour 1300 frs. Quelques unes ont été négociées entre 900 et 1000 frs. Le veau est à 190 frs et peu vendu. Les moutons en abondance ne trouvent pas preneurs, les prix sont à la baisse. Les porcelets de 5 semaines se négocient entre 110 et 140 frs. A la hausse de 0,25 centimes par livre. A la livre — Pommes : 1,25 frs. Poires : 1 à 1,50 frs. Prunes rouges  : 1 fr. Prunes blanches : 1,50 frs. Tomates : 2 frs. Banane à la pièce 0,60 fr, en demi-gros 0,45fr.

La création de forges et d'auberges est le début d'une concentration économique. L'augmentation de la consommation d'objets et de machines agricoles force l'expansion avec l'incontournable forgeron maréchal-ferrant, sans oublier le savetier, le débit de boisson et un charpentier. La désignation de Saint Laurent perd de sa vigueur lentement et les nouvelles installations commerçantes ont pour adresse Tal-ar-Groaz qui avec la francisation se mue en Tal-ar-Groas. Couvreur, boulanger, négociants et autres, s'installent sur place. L'école est construite en 1910 afin de scolariser les enfants éparpillés dans les alentours et ne pouvant aller ni à Telgruc, ni à Lanvéoc et encore moins à Crozon, des bourgs trop éloignés.
La gare de 1923 en impose, le train croise le carrefour et un jeu de passages à niveau régule la circulation. La salle Lagatu accueille des bals, des orchestres de jazz, dans l'hôtel renommé. Les soirs de foire sont festifs entre les deux guerres.
A la belle saison (mi-mai), Tal-ar-Groas organise des courses cyclistes (passage dans les communes de la presqu'île), courses à pied, à cheval et courses en sac. Chaque vainqueur reçoit un prix en numéraire de quelques francs. Une vie quotidienne autonome en apparence. A ce titre, une pétition circule dès le 15 novembre 1923, ultime apparition de St Laurent en tant que hameau : des habitants voudraient que le quartier devienne la commune de St Laurent avec en son centre le carrefour de Tal-ar-Groas. Si la majorité semble acquise à ce projet car la commune de Crozon avec ses maigres budgets oublie aisément les commodités nécessaires à l'égard d'une population insuffisamment concentrée pour être distinguée. Rares sont les points d'eau ou les lavoirs et les chemins passent mal les hivers pluvieux. St Laurent a un lieu de culte, une gare, une école pour garçons et pour filles, il ne manque qu'un cimetière pour avoir toutes les apparences d'un village... Les pétitionnaires oublient la création d'une mairie, l'entretien des voies, les services médicaux gratuits, les rémunérations des personnels. Le maire de Telgruc, Jean Boussard, est nommé commissaire enquêteur de l'enquête publique du 7 au 14 Juillet 1924. L'enquête semble défavorable. On en vient à une commission syndicale douloureusement élue en août dans une certaine indifférence populaire. La confrontation envers la municipalité de Crozon s'organise. La nécessité du référendum est brandie par le conseil d'arrondissement de Châteaulin en 1925. La commune de Crozon investit subitement dans les aménagements de l'hypothétique commune de St Laurent. En préfecture, les avis successifs ne sont pas favorables sous l'argument justifié que la nouvelle entité administrative ne parviendra jamais à faire face à ses dépenses de fonctionnement au vu des différentes impositions en cours. Le couperet tombe définitivement en 1929 par l'intermédiaire du Conseil Général du Finistère qui note l'infaisabilité de la chose et la moindre contestation des habitants désormais choyés par la municipalité de Crozon. Pour oublier, on en oublie St Laurent et pour l'avenir on lit Tal-ar-Groas sur les panneaux indicateurs Michelin.
Tal-ar-Groas dispose d'un dispensaire aidé par des dons des commerçants dans les années 1930.
L'armée française militarise Kervenguy par un projecteur de DCA. L'armée allemande reprendra la position. Les militaires fréquentent Tal-ar-Groas et tout particulièrement les buvettes.
Mr le Bris met à la disposition du public une cabine téléphonique à Tal-ar-Groas en 1937 dans son commerce et reçoit de la part de la mairie de Crozon une indemnité annuelle de 400 frs pour l'entretien du matériel. Il n'y a pas d'eau courante pour le moment mais le progrès semble en marche.
A partir du 1er septembre 1941, lors de la seconde guerre mondiale, Tal-ar-Groas fait partie d'une zone interdite. Les habitants doivent en permanence avoir leur carte d'identité sur eux. La Kreiskommandantur de Châteaulin isole la population qui doit limiter ses contacts et ne recevoir quiconque qui ne résiderait pas dans la zone interdite qui s'étend jusqu'au Fret et Lanvéoc. La base de Lanvéoc Poulmic est sous surveillance.
A la fin de la guerre, lors de l'approche américaine, Tal-ar-Groas devient une ligne de défense allemande du Nord (St Efflez) au Sud de la presqu'île de Crozon. La ligne sera percée par l'avant-garde US après une confrontation modérée.
La chapelle de St Laurent a son toit soufflé par un bombardement de 1944. Plusieurs maisons sont atteintes gravement.

48° 14' 53.8" N
4° 25' 5.9" O

L'ancienne forge de Tal ar Groas

Débit de la Forge

Charronnage - Machines agricoles.

Enseigne publicitaire Primagaz.

La cour de la brocante.

L'entrée des ateliers.

Le quartier de Tal-ar-Groas en Crozon connut l'existence de deux forges qui firent les beaux jours de ce croisement de chemins.

Parmi les propriétaires de l'une d'entre elles, les associés Daniélou-Boënnec avaient œuvré jusqu'en 1952. Un jeune ouvrier forgeron reprend l'affaire à son patron Pierre Daniélou : Jean Raoul va y travailler jusqu'en 1987 avant que son fils ne poursuive l'entreprise. La forge est désormais devenue une brocante mais conserve quelques traces de son activité passée. Plutôt faut-il dire de ses activités passées. Une sorte de garage de machines agricoles (à l'origine rudimentaire sans motorisation) et d'outils les plus simples tels que les pioches de terrassement. Toute pièce métallique pouvait être changée, affutée. On ne perdait rien, tout était cher alors une réparation valait mieux qu'une grosse dépense.

Il y avait aussi les chevaux qu'il fallait ferrer régulièrement. La forge travaillait sans relâche et le client patientait dans la salle principale qui n'était autre qu'un débit de boissons où l'on se racontait et l'on y avait ses habitudes. C'était presque la foule à l'heure du pardon de la chapelle St Laurent en mai. Un peu plus tard, il y eut un petit rayon de quincaillerie au poids. On pouvait renouveler sa bouteille de gaz, son tabac, ses pierres à briquet, toutes sortes de petites commodités indispensables... L'activité de charronnage ayant disparu, le matériel agricole relevant de la mécanique élevée, les forges devaient disparaître à jamais. Les forgerons étaient des personnalités reconnues, respectées tant ils étaient indispensables.

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