Aux arbres, il y avait un passage à niveau protégeant la voie de chemin de fer breton métrique dès 1923. Au delà, la rue Charles Levenez était étroite et connaissait le raccordement aux égoûts imposés par la présence de la gare de Crozon pour écouler ses eaux pluviales. Les riverains furent raccordés mais leurs eaux usées allaient au ruisseau en contrebas. Il y avait aussi une fontaine publique pour fournir le quartier en eau potable et ceci jusqu'en 1950 environ avant l'arrivée de l'eau courante. Dans le ruisseau à l'époque subsistaient quelques truites encore, plus pour longtemps... La route fut élargie en empiétant sur les jardins des habitants.
La première maison à droite fut celle de la famille Levenez. La maison qui suit celle aux volets bleus appartenait au propriétaire de la parcelle "le Champ". Ce dernier décide de lotir son grand terrain pour des maisons mitoyennes et ainsi obtenir un meilleur revenu financier. Il néglige la possibilité de construction d'un garage, nous sommes en 1905, l'automobile est une utopie.
Ancien dépôt de vin du début du 20ème siècle au n°9. 70% des commerces sont des débits de boissons et ceci dans toutes les communes de la presqu'île. De plus il faut ajouter la consommation dans les foyers. Il fut un temps où l'on se faisait livrer son vin en bouteilles de verre d'un litre dans des casiers en bois. Les fameuses bouteilles étoilées consignées par exemple. Les négociants en vin étaient en concurrence hardue et disparurent à l'apparition des premières superettes dans les années 1960-1970. Des vins sans années qui étaient des mélanges de cépages bas de gamme. Le gros rouge qui tâche en particulier. Pas de bouchon en liège mais une capsule...
La maison Caradec, 18ème siècle, a la particulatité d'avoir des encadrements de fenêtres et de portes en pierres de calcaire bleuté issues de la presqu'île de Crozon, symbole des premières constructions en ville. Plus tard, les pierres des encadrements seront importées et seront souvent en Kersanton comme les deux pierres sombres sous le linteau de la porte d'entrée centrale. Le crépi est une intervention du 19ème siècle à une époque où les pierres apparentes étaient un signe de pauvreté et un risque d'infiltration d'eau de pluie.
La maison Caradec rénovée sous aspect d'origine.
Au 17ème siècle la rue Charles Levenez n'existe pas, c'est
juste un large chemin qui prend la direction de la côte Nord de la presqu'île
de Crozon, soit le Fret ou Lanvéoc, un axe important. En regardant ce
Nord en limite du bourg de Crozon, tout n'était que parcelles agricoles,
à gauche "La Prairie" qui descendait longuement en bordure du chemin.
A droite, "Le Champ", parcelle plus modeste...
L'une des toutes premières maison fut celle de l'actuel n°8 de la rue
qui s'appelait alors rue Crozon parce qu'elle rejoignait l'entrée du bourg
de Crozon. Cette maison à la fin du 18ème siècle est une propriété du
fermier des biens des chanoines de Kersaint en Léon le sieur Caradec,
qui fit construire des conserveries de sardines appelées alors friteries.
La famille Caradec connut notaire, percepteur, négociants et maires de
Crozon.
Plus tard, la maison servit de caserne pour les troupes en exercice. Lors
des manœuvres des régiments venant de tout le Finistère, la troupe est
logée partout en presqu'île et ceci jusqu'à la première guerre mondiale.
Fin 19ème, début 20 ème siècle, le développement des constructions est
complet, toutes les parcelles se subdivisent et reçoivent des maisons
d'habitations, des commerces et au plus bas quelques fermes. La date de
construction de certaines maisons mitoyennes et jumelles construites à
la chaîne datent de 1905.
Événement considérable, l'arrivée du train qui coupe la rue perpendiculairement
pour mener jusqu'à la toute nouvelle gare. Le rue Crozon devient momentanément
la rue de la gare. Après la seconde guerre mondiale, en hommage au jeune
résistant Charles Levenez, la rue change de nom. La famille Lévenes -
Levenez (version française - version bretonne) habite après le passage
à niveau. La gendarmerie et ses écuries y avait trouvé place quelques
temps.
Les noms des rues vieillissent mal et ce qui fut honorable
par le passé devient, le temps écoulé, une reconnaissance innommable.
Christophe Louis Léon Juchault de La Moricière / Louis Juchault de Lamoricière
(1806-1865) fut un militaire et politicien de la seconde république (polytechnicien
- artilleur) qui fit carrière dans la colonisation de l'Algérie avec des
troupes zouaves (infanterie coloniale dont l'uniforme aurait été dessiné
par Lamoricière lui-même) dans des combats sanglants dits de pacification.
A peine avait-t-il planté le drapeau français sur la Casbah d'Alger qu'il
prépara des plans pour refondre la ville par de nouvelles rues à la française.
Il créa ensuite un premier service de renseignement après avoir appris
l'arabe et incita ses troupes à la guerre par razzia pour anéantir toute
résistance algérienne. En toile de fond, il avait la protection d'un oncle
colonel de la garde nationale et député dont le carnet d'adresses était
fourni par des noms royalistes de haut vol.
A cette époque, la notion de crime de guerre (1945 procès de Nuremberg)
n'existait pas. Les colonies françaises s'établissaient grâce à des officiers
zélés à la violence assumée. Lucien de Montagnac, lieutenant-colonel sanguinaire,
coupeur de têtes, écrivit le 1er février 1841 : « Vive Lamoricière ! Voilà
ce qui s'appelle mener la chasse avec intelligence et bonheur ! ... Ce
jeune général qu'aucune difficulté n'arrête, qui franchit les espaces
en un rien de temps, va dénicher les Arabes dans leurs repaires, à vingt-cinq
lieues à la ronde, leur prend tout ce qu'ils possèdent : femmes, enfants,
troupeaux, bestiaux, etc.».
Des officiers moins enclins aux répressions aveugles regrettaient un avancement
fulgurant d'un officier particulièrement dur avec ses troupes de zouaves
et l'armée locale constituée au service de la France. On parlerait aujourd'hui
de maltraitance. Et si la maltraitance offrait du grade, s'en priver eut
été contreproductif. Colonel le 11 novembre 1837. Général le 21 juin 1840.
Lieutenant Général le 9 avril 1843.
Certaines sources atténuent l'action de Lamoricière en mettant la responsabilité
sur son supérieur le Maréchal de France Thomas Robert Bugeaud dont l'extrémisme
est historiquement incontestable. Lamoricère aurait présenté sa démission,
cette dernière refusée, Lamoricière aurait eu quelques scrupules à trucider
les femmes et les enfants... L'émir Abd-El-Kader aurait négocié avec Lamoricière
en évitant Bugeaud. Lamoricière en gage de l'engagement pacifique de la
France aurait remis son épée en 1847 à l'émir vaincu...
Bugeaud supportait Lamoricère pour ses talents d'organisateur mais dénigrait
l'homme de guerre : « Tout son bagage comme général se compose de quelques
ghazias heureuses et de quelques petits combats dans lesquels il était
numériquement supérieur aux Arabes. »
Le général de Lamoricière fut aussi député de la Sarthe (1846). Fait grand-officier
de la Légion d’honneur, le 14 janvier 1848. Puis ministre de la Guerre
(28 juin-22 décembre 1848). Le général souhaitait une Algérie occidentalisée
par l'assimilation des populations locales à des manières servant l'intérêt
français ainsi qu'à l'installation de populations occidentales sur place...
Le projet originel des colons était de faire une colonie de militaires
retraités de l'armée française en remerciement des services rendus et
pas davantage.
Il participa à la répression armée de l'insurrection parisienne du 28
juin 1848, y fut blessé gravement en uniforme de colonel de la garde nationale...
Il ordonna à la gendarmerie dans la capitale : « Du moment où l’action
de la force armée devient nécessaire, elle doit intervenir avec énergie,
décision, et sans parlementer avec l’émeute ; c'est le plus court et le
plus sûr moyen de comprimer toute tentative de désordre ou d'y mettre
fin s'il vient d'éclater. »
Son positionnement face au coup d'état de Louis Napoléon Bonaparte du
2 décembre 1851 le mena en prison puis en exil en Allemagne et en Belgique
mais avec un droit de perception de sa solde bien que mis à la retraite
d'office. Cinq ans plus tard, il tenta un retour en politique en France
en se présentant à la députation... Il fut battu significativement.
Retour en grâce, il demanda à l'empereur de le nommer aux troupes pontificales
pour défendre la papauté grande propriétaire terrienne et la royauté contre
les armées républicaines. La bataille de Castelfidardo, du 18 septembre
1860, fut un fiasco durant laquelle Lamoricière perdit son second, le
Général Georges de Pimodan, lors d'une retraite face à un adversaire en
surnombre. Justice immanente ? Après la bataille, le général ennemi piémontais
Enrico Cialdini aurait déclaré à la lecture des noms des officiers des
zouaves pontificaux morts au champ de bataille : « L'on dirait une liste
d'invités à un bal de Louis XIV !». La noblesse catholique de France s'y
était fortement engagée en tant que volontaire, Napoléon III aurait détourné
son regard, Lamoricière fulmina mais se tut. L'Italie en tant que nouvel
état aux projets démocratiques s'établissait enfin en 1861 ceci à l'encontre
des espoirs de Lamoricière.
Le général comblé par l'autoritarisme à tout va, symbole d'une époque
sombre, mourut rapidement à l'âge de 59 ans suite à des problèmes pulmonaires
contractés lors de son internement.
Le parcours de cet homme honoré par un nom de rue en Crozon appartient
donc à des grandeurs iniques que la justesse aurait dû désavouer désormais,
malheureusement les motivations des attributions des rues s'oublient autant
que les parcours discutables des personnalités distinguées. On ne saurait
oublier l'Histoire et les patronymes de ceux qui la font mais on ne devrait
pas en privilégier la mémoire par des mises en évidence maladroites. L'héritage
des colonisations pèsent sur la géopolitique actuelle et alimente des
rancœurs parfois criminelles. Mettre l'indélicatesse à un coin de rue
n'augure d'aucune accalmie prochaine.
Quelques villes usent du nom de "rue de Lamoricière". L'attribution nantaise, par exemple, date de 1874. Il est évident que 9 ans après la mort du personnage politique et militaire Nantais, son aura était intacte et son instinct colonisateur encensé au nom de la grandeur de la France. A Paris, l'avenue Lamoricière date de 1932... Une période "folle" dont les colonies commençaient à organiser une première résistance silencieuse, réprimée et encore contenue.
Rue Anne de Mesmeur au pied de l'église St Pierre de Crozon.
Anne Le Bastard de Mesmeur naît à Quimper en 1823 et meurt
à Crozon en 1909. En 1826, ses parents fortunés s'installent au manoir
de Lescoat en Crozon que la mère reçoit en héritage. Ce retrait de
la vie mondaine quimpéroise est dû au fait que le père a refusé de prêter
serment à la République avant d'accomplir des fonctions administratives.
Le père très religieux procède à l'agrandissement substantiel du manoir
et à l'étude de l'histoire patrimoniale ainsi qu'à l'étude de l'archéologie
locale. Dans ce contexte royaliste et clérical, Anne, la fille aînée de
la famille grandit à Lescoat qui dispose de fermes alentours où les enfants
pauvres errent pendant que les parents cultivent les terres des notables
sans titre de noblesse.
Au cours de son adolescence, Anne, dispense ses connaissances royalistes
et chrétiennes à quelques filles de ferme. De tous les siècles, il y a
eu des tentatives discrètes, car jugées sulfureuses par les conservateurs,
d'éducation des filles du peuple... L'école officielle n'existant pas
alors, l'engagement, même teinté d'arrières pensées de l'ancien régime,
est un progrès inédit en Crozon. De quelques élèves féminines, l'enseignante
improvisée, dénuée de tout diplôme, se retrouve à la tête d'une classe
de 20 filles en 1846 au manoir de Lescoat. Malheureusement l'évolution
de l'instruction des filles n'est pas sans conséquence sur la vie quotidienne
des Crozonnais. Progressivement, les prétendants au mariage se détournent
des filles éduquées. L'érudition conduit au célibat et donc au maintien
de la jeune-femme chez ses parents qui devient une bouche de plus à nourrir.
L'affaire gronde dans les conversations. Et si l'éducation des filles
était contre nature ? Les jeunes hommes illettrés sont certes enthousiastes
pour courir la joliesse jusqu'à la meule de foin mais de la à vivre avec
une épouse qui sait lire, écrire et compter, il y a un rejet car la chose
est humiliante et constitue un risque d'indépendance inconcevable même
pour un républicain endiablé. La liberté l'égalité et la fraternité est
faite pour les hommes uniquement. On en informe avec précaution Anne de
Mesmeur qui doit composer avec l'air du temps.
La fille de famille se présente à la congrégation des filles du Saint
Esprit en 1853 et revient religieuse à Crozon en 1854. Vers 1856/57, elle
fait bâtir l'école Sainte Anne au bourg de Crozon avec la fortune parentale
et cette fois, c'est l'école gratuite pour les filles et les garçons.
Première école officielle du canton. Seulement, très vite, l'argent manque
pour entretenir l'établissement religieux conduit par des sœurs blanches
de Crozon exclusivement. Anne (Anna) de Jésus, directrice de l'école,
parvient à convaincre le maire d'organiser dans la salle des fêtes de
la mairie une loterie pour la fête de la Sainte Enfance le 4 février 1858.
Lors des préparatifs, elle exige que le buste de Napoléon III soit enlevé.
L'usurpateur, chef de la chienlit républicaine, n'a rien à faire dans
une fête religieuse. Le scandale est immédiat et remonte à la sous-préfecture
de Châteaulin. Les gendarmes enquêtent. La population qui rêvent encore
d'une république égalitaire est en colère. La religieuse est mutée sous
l'influence du préfet auquel l'évêque ne peut rien refuser en période
de tension et de survivance de l'église. Elle se retrouve au couvent dans
la région de St Brieuc et est présentée à la justice en la même ville.
Le juge d'instruction a connaissance que la famille Le Bastard de Mesmeur
quitte l'église, lors des messes, quand un te-deum est célébré en l'honneur
de la famille impériale après l'attentat du Comte Felice Orsini (14 janvier
1858 contre Napoléon III et l'impératrice devant l'Opéra de Paris rue
de Provence). Il découvre dans un dossier de moralité que cette famille
conservatrice impliquée dans la magistrature depuis le 18ème siècle est
irréprochable dans ses mœurs et que leur conservatisme exacerbé est du
domaine public. Ils ne sont donc pas de sombres complotistes... Le dossier
s'achève par un non-lieu. Trop de heurts sont à prévoir si un juge républicain,
condamne une religieuse...
Anne Le Bastard de Mesmeur se fait connaître par des publications en langue
bretonne de grande qualité rédactionnelle et historique. Dans l'ouvrage
qui a marqué les esprits, on découvre que l'amour de l'ancien régime est
bien moins intense encore, que l'amour porté au Duché de Bretagne. Anne
de Jésus veut une Bretagne ducale libre ! Le seul trait de conciliation
envers l'empire consiste à reconnaître que Napoléon Ier a épargné les
chouans...
La « République repart à l'assaut » d'Anne de Mesmeur, la mère supérieure
de l'école Sainte
Anne de Crozon, est expulsée en août 1902, en compagnie des religieux-ses
de l'établissement scolaire passant sous régime laïque après la loi de
1901. L'armée sonne à la porte, la fin du monde selon la dame de Lescoat
tinte le glas.
Noms que l'on retrouve dans les sources : Anne Le
Bastard de Mesmeur, Anna Vezmeur, Sœur Anne de Jésus, A.L.B de M.
Date de naissance : 1823-06-26 – Date de décès : 1909-01-30
Publications :
Breudeur ni gleo o klemou – Cantique – 1865
Histor ar Vreiz komposet gant L.M.D.K. – 3 éditions 1855 (Lefournier)
– 1863 – 1869 (Lefournier)
Kenavo Kraozon – Chant
Miz Mari an Itron Varia Lourd – Littérature religieuse – 2
éditions 1874 (Lefournier / Salaün) – 1875
Monig ar Menez – Chant
Lefournier : éditeur brestois en langue bretonne.
Contributrice de la revue Feiz ha Breiz
A propos de son ouvrage sur l'histoire de la Bretagne :
Histor ar Vreiz, komposet gant L.M.D.K. enn envor ann aotrou Graveran,
escop. diveza maro e Kemper, 8250. 180 pages Editions Le Fournier ou Lefournier
selon les sources. Enregistré ainsi dans la bibliographie française des
ouvrages en tous genres parus en 1855.
D'après certaines sources, la première publication du livre d'Anne Le
Bastard de Mesmeur en langue bretonne le fut sous l'égide, voire sous
le nom de l'évêque
Graveran, évêque de Quimper. Les 500 exemplaires se seraient rapidement
vendus, une réédition bilingue (1863 - 540 pages - St Brieuc imprimerie
L.Prud'homme) de "l'Histoire de la Bretagne" porte les initiales de l'auteure
A.L.B. de M.. Le livre composé de 35 veillées raconte le parcours du mendiant
Yann an Dall sous l'influence généreuse de l'église.
Auguste Dizerbo (1913-2011) :
Fils d'un pharmacien de marine et d'une enseignante, Auguste Dizerbo devient
à son tour pharmacien et quand la seconde guerre mondiale est déclarée,
il est incorporé en tant que tel dans la marine. Cela n'empêche pas cet
homme de rejoindre la résistance dès septembre 1940 auprès du réseau du
Musée de l’Homme – Hauet – Vildé de Paris. La rencontre entre Vildé et
Dizerbo se fait à Brest le 17 septembre 1940. Il faut organiser un lien
entre la Bretagne et l'Angleterre.
La toute première action fut de publier des journaux nommés « Résistance
» et « Vérité français » en pleine installation du système collaborationniste.
Le réseau est persécuté dès 1941 et connaîtra des condamnations à mort,
des exécutions, des déportations ainsi que des emprisonnements.
Suite à un arraisonnement d'un bateau de pêche de Camaret dans les eaux
de Douarnenez suspecté de collusion avec l'ennemi, Auguste Dizerbo est
arrêté le 31 janvier 1941 puis interné à Pontaniou. Après plusieurs interrogatoires
fort heureusement pratiqués avec retenue Dizerbo est condamné, sans preuves,
aux travaux forcés à perpétuité au tribunal de Quimper le 11 juillet 1941.
Un deuxième jugement du 2 avril 1942, condamne Dierbo à deux mois de prison
pour infraction aux régimes des postes. Entre l'arrestation et la libération,
14 mois d'emprisonnement, 10 mois seul dont 4 à l'isolement de sûreté
et 2 mois en chambrée.
La gestapo surveille le résistant après sa remise en liberté durant des
mois puis abandonne. Dizerbo organise des distributions de médicaments
dans la région par delà les réquisitions allemandes.
Pendant la période de la libération, Auguste Dizerbo, affecté à des compagnies
F.F.I de Quimper a pour mission d'homogénéiser les bataillons F.T.P. La
Tour d'Auvergne de Quimper et de Pont-l'Abbé. Il organise la réquisition
de véhicules et de matériels sanitaires en prévision des combats de la
presqu'île de Crozon.
Démobilisé le 15 Octobre 1944, Auguste Dizerbo, est affecté à l'hôpital
de la marine de Brest.
• Niveau P2 de résistance : les Forces françaises combattantes
(FFC) définissent le statut des agents O, P1 et P2 par décret 366 du 25
juillet 1942. Ces agents ont une reconnaissance officielle assimilée au
traitement des militaires. Les agents P2 étaient en service permanent
sans autres activités sous un régime militaire.
• Parcours de résistant : forces françaises combattantes (FFC),
déportés et internés de la résistance (DIR), forces françaises libres
(FFL).
Une vie civile bien remplie : enseignant, au Centre scientifique universitaire
à Brest puis à l’Université de Bretagne occidentale. Publications scientifiques
et historiques concernant la presqu'île de Crozon. Toute personne s'intéressant
à la presqu'île est amenée à lire des études d'Auguste Dizerbo. C'est
donc à ce titre que le conseil municipal de Crozon décida en août 2018
de donner un nom reconnu à une voie qu'Auguste Dizerbo empruntait souvent.
Un bilinguisme douteux : la rue de l'échalote.
Le château du Taureau de la baie de Morlaix.
Louis-René de Caradeuc de La Chalotais (1701 - 1785), procureur
général au Parlement de Bretagne a donné son nom à une rue de la commune
de Crozon. Ce juriste estimé fut un pilier de la fronde parlementaire
à l'encontre du pouvoir royal, à l'encontre du roi Louis XV (15) lui-même.
Le roi cherche de l'argent et délègue aux gouverneurs du royaume les pleins
pouvoirs pour remplir les caisses de l'Etat. Seul l'impôt peut y contribuer.
Emmanuel-Armand de Vignerot du Plessis-Richelieu, duc d'Aiguillon, pair
de France, comte d'Agénois et de Condomois, duc d'Agénois et duc d'Aiguillon
(1720 - 1788), est un militaire au caractère autoritaire, ultra-loyaliste,
il dirige la Bretagne à l'aveugle. Il conçoit les impôts extraordinaires
du roi en sursoyant le parlement de Bretagne qui lui seul a autorité pour
instituer une nouvelle imposition. Les parlementaires issus de la noblesse
sont contre cette levée de fond qui sera ponctionnée dans leurs économies.
Le peuple est exsangue depuis longtemps.
La Chalotais a en horreur les jésuites et milite pour l'éducation nationale
laïque, il n'est guère plus amiable avec l'autorité royale et voit l'avenir
au travers d'un parlement souverain. Il reste un noble et n'envisage pas
la révolution, ni la moindre république mais souhaiterait un peu plus
d'autonomie régionale. Il se trouve donc en opposition frontale avec le
Duc d'Aiguillon, ultra-conservateur et garant de l'autorité royale unique
et indivisible.
Le parlement de Bretagne refuse d'enregistrer les lettres patentes du
roi en mars 1765 : il s'agit alors de l'ouverture de la fronde de la Bretagne
appelée « l'affaire de Bretagne » dans les salons de Versailles. 80 parlementaires
en robes rouges sont priés de se présenter au Roi. L'entrevue est houleuse.
De retour à Rennes les parlementaires déclarent, le 22 mai 1765 : « Les
imputations accablantes contenues dans le discours du roi ont avili les
magistrats et les ont mis dans l'impuissance de faire respecter les lois....
Ils n'ont donc plus qu'à consommer l'abdication d'un ministère désormais
inutile.» Aucune autorité légale n'a jamais osé une telle rébellion.
Un nouveau parlement de 19 conseillers est dessiné par le duc. Le «bailliage
d'Aiguillon», l'assemblée ainsi surnommée, se réunit en janvier 1766 sans
convaincre quiconque, le peuple ricane. A Versailles, on cherche à impressionner
les réticents Bretons. La Chalotais considéré comme le principal frondeur
est arrêté avec son fils parlementaire dans la nuit du 10 au 11 novembre
1766 au prétexte que le magistrat aurait écrit des billets injurieux au
ministre St Florentin. Louis Phélypeaux, comte de Saint-Florentin, duc
de La Vrillière (1705 – 1777) secrétaire d'État à la maison du roi et
ministre d'État.
Une étude graphologique donnerait la preuve à l'accusation. D'autres parlementaires
sont aussi arrêtés : Charrette de la Gâcherie, Charrette de la Colinière,
Picquet de Montreuil. De son cachot, La Chalotais aurait publié deux mémoires
pour sa défense grâce à un cure-dent trempé dans un jus de suie. Les écrits
furent mis dans des enveloppes de sucre et de chocolat.
De la prison du château du Taureau à Morlaix à la Bastille à Paris, il
n'y a qu'un voyage en vue d'un procès. Le 22 décembre, le roi renonce
à poursuivre ; l'accusation est si fragile qu'il craint le ridicule et
l'émeute, les accusés sont condamnés à l'exil hors de Bretagne. La Chalotais
se retrouve à Saintes.
Jusqu'à la démission du duc d'Aiguillon en août 1768, le parlement de
Bretagne est l'objet de pamphlets de plus en plus acerbes, le pouvoir
royal est discrédité. La noblesse bretonne fait bloc, les loyalistes sont
mis à l'écart en région.
En 1773, La Chalotais revient en Bretagne pour y enterrer sa femme. Il
est arrêté et enfermé au château de Loches en juin 1774. Louis XV meurt
le 10 mai. Louis XVI (16) rétablit immédiatement les prérogatives du parlement
de Bretagne. La Chalotais rentre à Rennes en héros et retrouve ses fonctions
jusqu'à sa mort.
Cette confrontation entre la noblesse parlementaire de la région et le
pouvoir central absolutiste est un premier jalon de la future Révolution
française de 1789. Durant « l'affaire de Bretagne », la royauté n'a eu
de cesse de reculer : impensable mais exemplaire pour la suite de l'histoire
révolutionnaire.
Allée des Bruyères en Crozon.
Espace Gérard Le Bourdiec à Morgat.
Le jumelage a commencé officiellement avec Sligo en 1980
lorsqu'un groupe d'Irlandais s'est rendu à Crozon pour assister à la signature
de la charte de jumelage de villes entre Sligo et Crozon. L'initiateur
de se rapprochement culturel fut Gérard le Bourdiec dit Gégé, propriétaire
de la Potinière
(boîte de nuit de Morgat de 1962 à 1982). Gégé et quelques amis du soir,
au restaurant "la Flambée" décident d'aller en Irlande pendant les vacances
de Pâques pour créer un lien fraternel, un échange musical entre l'Irlande
et la Bretagne dont les musiques traditionnelles sont si proches. Au printemps
1979, les Français se présentent devant les autorités Irlandaises locales.
Sligo est honoré par la présence des émissaires Crozonnais... Convergence
des cultures, le jumelage se décide ainsi et fut donc signé l'année suivante
à Crozon... Gérard le Bourdiec fit la promotion de groupes irlandais partout
en Bretagne après avoir cédé la Potinière, le jumelage avait dépassé le
cadre des communes partenaires.
Inauguration de l’Espace Gérard Le Bourdiec au service du Comité de Jumelage
Crozon-Sligo. La fête se passa à l'Hôtel
de la Mer – Morgat – le 20/05/15 avec le groupe Bételjazz de la presqu'île
de Crozon.
Le comité de jumelage se félicitait de l'augmentation de ses membres (+
25% en 2018) soit 70 adeptes d'échanges culturels et sportifs passionnés
par l'Irlande.
°°°
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