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Les Républicains Espagnols à la caserne Sourdis

31 juillet 1938 à Barcelone
10 février 1939 à Roscanvel.
Mère Victoria Garcia Garcia.
Père Proli Parra Sebera

Le prénom Elies est gravé une première fois, puis le prénom Elias, plus contemporain apparaît sur une plaque familiale. Certaines sources émettent l'hypothèse d'une sépulture pour une petite fille prénommée Elise, d'autres sources privilégient le prénom Elias qui est un prénom masculin. La première nomination date de 1985 environ suite à une demande d'un ancien interné à Sourdis revenu brièvement à Roscanvel.
"Notre petit grand héros - Ta famille"

Le front populaire espagnol – Frente Popular – gagne les législatives en février 1936. Un général discourt depuis le Maroc le 18 juillet 1936. Le pronunciamento du général Franco enflamme les casernes espagnoles et les partisans d'une droite nationaliste avec le rejet profond d'un monde socialiste ou communiste tel que les Républicains souhaiteraient le voir. La guerre civile s'enclenche rapidement et tourne inexorablement à l'avantage des Nationalistes qui bénéficient de l'aide des institutions et des armements fascistes italiens et nazis allemands. Les Républicains sont soutenus par l'Union Soviétique – URSS.

Progressivement les provinces d'Espagne tombent les unes après les autres, les Républicains se retrouvent acculés à la frontière franco-espagnole. Les hommes valides résistent, d'autres passent la frontière avec leurs familles et des voisins ou des amis. Côté français, une fois les Pyrénées franchies, les autorités séparent les hommes pour les enfermer dans des camps de rétention appelés aussi camp de concentration* par l’administration française afin d'éviter d'être accusées de favoriser la Gauche espagnole de la part de la Gauche française craignant un conflit mondial depuis l'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933. Ainsi les femmes et les enfants sont répartis dans des hébergements réquisitionnés par les préfectures partout en France. Les communes de la presqu'île de Crozon sont sollicitées mais ne proposent pas de manière flagrante des logements en nombre suffisant. Il y a bien quelques initiatives privées qui restent dérisoires au vu du flux attendu de réfugiés. Seule la caserne Sourdis en Roscanvel qui sert alors de colonie de vacances gérée par la commune de Landerneau (location des locaux à la Marine), semble faire l'affaire avec ses différents dortoirs rustiques pour trois cent personnes sur trois étages et un rez de chaussée réfectoire. La municipalité de Landerneau décide de faire cohabiter les enfants de la colonie de vacances avec les enfants Espagnols et leurs mères dans la caserne. A la fin de l’été 1937, les vacanciers s'en vont et de nouvelles familles espagnoles arrivent de ci de là, de différentes communes du Finistère. Les longues distances sont faites en train, les « derniers kilomètres » en bus. En septembre 1937 la caserne accueille environ 150 femmes et enfants Républicains dans une atmosphère sans grand enthousiasme mais sans rejet non plus. Les Roscanvélistes sont partagés entre l'utile aide aux personnes en danger mais tous les Roscanvélistes ne sont pas de Gauche et la vue d'étrangers ne plaît pas à tous. Cependant l'affaire ne provoque pas de vives tensions, la situation internationale interroge davantage. Seul le parti communiste jette de l'huile sur le feu en parlant du camp de réfugiés de Quélern comme d'un camp de concentration. Les enfants du camp vont à la plage de Trez Rouz, se promènent au fort de la Fraternité; les spectacles, les séances de cinéma à Roscanvel et à Camaret sont gratuites, néanmoins les réfugiés sont assignés à résidence. Ces mères sont souvent accompagnées d'enfants qui ne sont pas les leurs. Enfants égarés, parents tués, tous les malheurs y sont. Toutes n'ont pas d'affaires personnelles. La Croix rouge, des associations sont à la rescousse. Il existe une note préfectorale qui recommande que le traitement fait aux réfugiés ne soit pas un traitement de faveur au regard de la pauvreté des communes.

Un accord franco-espagnol impose que les réfugiés reviennent en Espagne à partir d'octobre 1937. Des bus, puis des trains éloignent les réfugiés inquiets de ce retour forcé sur leur terre natale. Le fascisme règne avec brutalité dans un climat de représailles, que sont devenus les maris et les fiancés ?

Roscanvel retrouve sa torpeur jusqu'au 1er février 1939. 1500 réfugiés Catalans sont arrivés dans le Finistère, c'est la retirada – la retraite. Le préfet réquisitionne à nouveau la caserne Sourdis pour accueillir cette fois 200 femmes, enfants et vieillards. Ils sont beaucoup plus affaiblis que la première vague des réfugiés de 1937. La guerre civile arrive à son terme, la défaite, les privations, le passage des Pyrénnées en plein hiver, tout fut éprouvant, les organismes sous la pression du désespoir ont cédé. Le docteur Jamault de Crozon est désigné comme responsable sanitaire. Il fait un tri dans cette misère humaine avec beaucoup de responsabilités. Les plus faibles sont orientés vers l’hôpital de Brest par bateau à vapeur, un des huit nourrissons y meurt. Le 10 février, c'est au tour d'Elias Parra Garcia de mourir, cette fois dans la caserne, à 6 mois. Sa mère Victoria Garcia Garcia et ses quatre enfants ont difficilement supporté l'exode. Trop faible, Elias ne se revigore pas après son arrivée à Roscanvel. Le maire de Roscanvel, Hippolyte Mériadec (SFIO), offre une concession perpétuelle au cimetière à la famille sans argent; le menuisier du village, Jean-Louis Renaud, offre le cercueil. La commune est sous le coup de l'émotion mais le curé refuse la cérémonie religieuse car les Républicains sont assimilés aux anticléricaux de France, ce qui est faux. Les Républicains sont des catholiques pratiquants pour la plupart, et quand bien même... Le jour de l'enterrement, l'instituteur Sévellec fait sortir ses élèves de classe pour assister à la cérémonie au cimetière, des conseillers municipaux puis des villageois arrivent. Il n'y a jamais eu autant de monde dans le cimetière.

Sans doute, les états d'esprits se sont éclairés à la suite de cette épreuve. Une solidarité commerçante, des aides venant de beaucoup de Roscanvélistes, changent la donne. La municipalité de Landerneau ne manque aucune occasion d'ajuster les bienfaits. Des collectes matérielles et numéraires en presqu'île sont organisées. Les conditions de vie des réfugiés sont plutôt agréables même si ce n'est pas le grand luxe. Le seul luxe qui n'est pas des moindres, est la cordialité qui s'installe entre les Espagnols et les Roscanvélistes. La fraternité fait bonne figure.

Le gouvernement français souhaite en mars 1939 se débarrasser des réfugiés en les renvoyant vers l'Espagne, ceci d'autant plus que le général Franco s'engage à accepter 6000 réfugiés par jour après le 12 mars. Le motif invoqué du gouvernement français est le coût de l'aide aux 500 000 réfugiés Espagnols sur le sol français. La réalité est la crainte toujours persistante, voire décuplée, qu'une guerre mondiale ne soit déclenchée à cause de cette aide à la Gauche alors que les Droites populistes européennes sont en effervescence. Les partis de Gauche hurlent au scandale. Les femmes réfugiées ne savent que faire. Certaines se risquent à être reconduite à la frontière dès le 27 mars... Madrid tombe aux mains des Nationalistes le 29 mars. L'espoir d'une victoire s'éteint. Les femmes avec leurs enfants choisissent ou se laissent éparpiller dans diverses communes. Certaines encore tentent de s'installer en France. Le 3 septembre 1939, déclaration de guerre de la France à L'Allemagne nazie. Quelques réfugiés Espagnols de Sourdis se voient dans l'obligation de rentrer en Espagne en novembre... Les adieux à Roscanvel sont douloureux.

Une page se tourne jusqu'à ce que la tourmente saisisse la commune en juin 1940. La caserne Sourdis va devenir une caserne allemande qui, parmi d'autres troupes, va accueillir les jeunesses hitlériennes formées à la haine depuis l'enfance.

*Les camps de concentration français ne pratiquent pas la torture, ni l'extermination mais clôturent par des barbelés des centaines d'Espagnols (hommes) dans des conditions de vie difficiles sous haute surveillance. Age minimal des reclus 16 ans. En deçà, les enfants ne sont pas considérés comme des combattants potentiels et sont laissés à leurs mères. La réalité de la guerre d'Espagne fut que des femmes prirent les armes et certains enfants aussi, certes de façon marginale.



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