Vestige remanié du mur d'enceinte du manoir du Gouérest.
Roscanvel a connu plusieurs manoir ou plus précisément plusieurs maisons manales de par la simplicité architecturale et le volume du bâti. Elles correspondent au statut social de quelques familles aisées sans parler de richesse incalculable. L'art de faire de l'argent en Roscanvel était difficile, seule la patience y contribuait. Le manoir du Lez est détruit pendant la seconde guerre mondiale (1944). Du manoir de Gouérest, il ne reste qu'un mur d'enceinte... Les murs marquaient sans doute une recherche d'entre-soi mais certains historiens y voient aussi une protection contre les épidémies en évitant la circulation inattendue de personnes indésirables dans la propriété. Les épidémies furent nombreuses dans un passé lointain.
Le manoir de Lodoën est construit à partir de 1609 par
Henry Harvel issue d'une famille « ancestrale » de Roscanvel qui se trouve
être une grande propriétaire terrienne locale mais aux revenus limités
tant la terre est ingrate. Pour éviter le morcellement des biens et un
retour cruel à la paysannerie de servitude, les solutions sont simples
: être économe, occuper les bonnes responsabilités locales et marier la
descendance à des partis qui offrent des avantages matériels.
La famille Harvel est partout y compris inscrite sur le clocher de l'église
de Roscanvel. Le nom des propriétaires du manoir au travers des siècles
change régulièrement et égrène toutes les familles qui comptent et qui
sont maître de barques, pilote du roi, notaire, procureur puis après la
révolution, les carrières politiques sont appréciées, on cherche alors
à être maire par exemple... Ainsi, une fille Harvel, épouse un Taniou...
Une fille Taniou épouse un Le Mignon... Etc. Leyer, Stéphan... Ce dernier
patronyme est aussi présent sur le clocher de l'église. V.ET.D.M.HHARVEL.RTR
M.R.STEPHAN CVRE 1686.
Le manoir lui-même comporte une pierre sculptée en façade : H :HARVELET.M:
gVEgVENIAT :SAFAMME 1617 – Henry Harvel et Marie Guegueniat sa femme 1617.
Sur la voûte du porche : HHARVEL A FAICT CESTE P LAN 1622. H Harvel a
fait cette p en l'an 1622. Une maison manale fermée sur elle-même derrière
des murs d'enceinte et contenant les dépendances nécessaires au bon fonctionnement
d'une ferme de l'époque.
Le manoir de Lanvernazal n'offre pas ses origines sur ses
murs et devient une propriété d'investisseurs au 18ème siècle, les Rideau-Fraboulet
dont le nom Rideau est attaché à l'exploitation de plusieurs briqueteries,
fours à chaux... Une famille industrieuse profitant du fort niveau d'activité
militaire utilisant beaucoup de matériaux de construction autant à Roscanvel
qu'à Brest.
Une autre famille (Salomon - briqueterie du bourg) rachète le bien avant
que les briqueteries ne fassent faillite quelques décennies avant l'introduction
du béton. La famille Stephan reprend le flambeau ensuite... Manoir lui
aussi fermé sur lui-même et qui dispose pour les uns d'un pigeonnier et
pour d'autres d'une tour d'agrément.
Dans le cas d'un colombier, les parois intérieures étaient tapissées de
boulins (trous dans le mur servant de niches pour recevoir un couple de
pigeons). Les fientes étaient récupérées pour amender les sols. Au pays
du goémon et du maërl, cette production d'engrais surprend d'autant que
les pigeons se nourissaient des céréales qu'ils trouvaient sur champ ocasionnant
une baisse de rendement déjà fragile.
Ce mur serait un vestige d'une propriété ayant appartenu
au Vice-amiral Bernard Le Beulin, pilote du roi Louis XIV / Louis XV.
A lépoque la flotte française, nommée la Royale, la plus puissante au
monde, est au mouillage dans la rade de Brest. Il faut imaginer des dizaines
de vaisseaux de guerre de toutes les tailles "rangés" par ordre d'importance
près à naviguer sur ordre du roi soleil et dont la sortie ordonnée par
le Goulet se faisait sous le regard du pilote amiral du roi. Ainsi, le
Vice-Amiral habitait à deux coups de rames de son lieu d'action, il pouvait
avec une longue vue surveiller la flotte de sa fenêtre. Le manoir n'est
plus. Subsiste un mur d'un autre temps au hameau du Gouerest, proche de
la fontaine lavoir...
Bernard Le Beulin (36ans) épouse Anne Folgar (19 ans). Pour que le mariage
puisse se faire, les fiancés ont fourni une dispense de consanguinité
car ils ont un grand père commun, le sieur Le Treut. Le mariage est célébré
le 15 octobre 1703 en Camaret là où le père d'Anne, Jean Folgar, exerce
sa profession de marchand avec succès. La famille Folgar est commerçante
de pleine aisance de génération en génération. De cette union naissent
les enfants : Marie 1708, Clémence 1710, Anne 1711, Jeanne 1713, Hervé
Toussaint 1716.
Les mariés se sont vraissemblament connus au Gouerest en Roscanvel, ils
y ont passé leur jeunesse. Les deux familles bourgeoises voisinent. Avant
d'entrer dans la marine pour faire une belle carrière, Bernard Le Beulin
est connu pour fréquenter assidument l'église de Roscanvel. Il est
présent dans les premiers rangs réservés aux personnalités qui versent
une rente dite perpétuelle au recteur de la paroisse. Le jeune notable
appartient à la fabrique (comité financier de la paroisse). La famille
Le Beulin a un droit d'inhumation dans l'église même, sous la chaire plus
précisément.
Le couple s'installe à Camaret dans le quartier du Notic vers 1722, une
date qui correspond à sa nomination de pilote de vice-amiral : "Sachant
que le nommé Bernard LE BUSLIN a les qualités nécessaires pour bien s'acquitter,
sa Majesté Louis retient et ordonne pilote vice amiral pour en faire fonction
sur les pavillons et autres vaisseaux de sa Majesté". La distinction
honore le commandant de l'école d'Hydrographie de Brest qui forme les
pilotes embarqués, les capitaines y compris de la marine marchande. Le
financement de l'institution est royal. Un pilote, pilote entretenu...
vice-amiral ou amiral est susceptible d'embarquer pour conduire un navire
ou une flotte dans une phase de combat maritime mais souvent pour simplement
guider les navires à l'approche du port, dans le cas présent, le port
de Brest. Le passage du Goulet nécessite une habileté remarquable. Le
Beulin obtient son brevet de pilote en 1709, celui de pilote entretenu
en 1711 et achève sa carrière en tant que pilote amiral du port de Brest.
Le métier de pilote est très recherché et plusieurs familles de Roscanvel
peuvent s'honorer d'avoir un fils pilote du roi, ce qui assure des revenus
appréciables mais quant à atteindre le "sommet", pilote amiral,
cela se fait rarement.
On retrouve trace du couple à Lanvéoc en 1730 grâce à une pierre
lapidaire qui étonne.
48° 19' 46.3" N
4° 32' 55.5" O
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