La mairie de Roscanvel subit, comme des milliers de communes
de France le manque de financements pour construire une école dès la promulgation
de la loi Guizot de 1833 qui impose des écoles dans les villages et les
hameaux. Les solutions les plus accessibles sont des locations de biens
privés pour enseigner dans un inconfort absolu. Cependant la particularité
de Roscanvel est de recevoir des surcroîts de populations quand l'entretien
des batteries côtières réclament des ouvriers. Des familles arrivent du
jour au lendemain et attendent une école.
Des projets, des demandes de subventions, les années passent, les travaux
communaux de l'église, du presbytère, des aménagements portuaires, les
salaires de l'institutrice et de l'instituteur, tout cela est coûteux.
Les filles sont enseignées dans une chambrée louée dans la caserne du
génie de Pont Scorff. C'est du provisoire qui dure jusqu'à la construction
officielle de la première école de Roscanvel en 1884 selon l'architecte
Louis Mer (devis 30567frs). Un évènement, une fierté...
Une déception, l'école est trop petite dès 1887, une centaine de garçons,
une centaine de filles, de nouvelles batteries modernes sont construites
par l'armée pour recevoir des canons gigantesques. A nouveau c'est le
manque d'argent qui empêche de construire une autre école et ce sera ainsi
jusqu'en 1909 où des terrains de l'église tombent sous l'autorité municipale
ce qui permet de dégager des fonds après la revente.
Une école est construite
contiguë à une mairie toute neuve. Les garçons s'y retrouvent, les filles
restent au bourg...
Changement brusque de population, fin des chantiers militaires, puis première
guerre mondiale. Les écoles sont devenues trop grandes et les habitants
hurlent à la dépense sachant qu'une ancienne maison école n'est toujours
pas payée alors qu'elle est en ruines. Les municipalités font le dos rond
et attendent des jours meilleurs d'autant que les écoles ne sont pas prévues
pour un usage mixte comme le refusent les parents.
La seconde guerre mondiale passe par là et abîme les écoles, le manque
de matériaux et de finances contraint la municipalité à regrouper les
écoles en une. L'école des filles est fermée après guerre. L'école en
1958 est une aire d'activité nautique pour un club de voile pour les enfants
puis en 1959 une auberge de jeunesse tente de s'y implanter. Ensuite les
classes deviennent une salle des fêtes avec la mairie à l'étage. La mairie
poursuit son activité aujourd'hui.
Roscanvel vit une grande activité militaire ce qui nécessite
des services civiles d'accompagnement. De plus, pour qui veut "sortir"
de la presqu'île et faire carrière à Brest dans les activités militaires
ou apparentées, le certificat d'étude est le sésame. Une nouvelle belle
école est construite en 1910 sur un plan de l'architecte Armand Gassis
de Châteaulin. L'école reçoit la mairie et les 3 classes des garçons avec
les appartements des instituteurs. Les filles restent à la première école
au cœur de Roscanvel. L'inauguration s'est faite le 9 octobre en présence
du préfet, du sous-préfet et d'un détachement de l'artillerie coloniale.
Les bateaux à vapeur ramènent des Roscanvélistes de Brest pour gonfler
la foule et l'évènement. Les travaux s'étaient élevés à 26000 frs environ.
Les discours vantent la scolarisation républicaine, les fondements de
l'éducation...
L'école de Roscanvel porte le nom de Francis Mazé depuis mai 1998. Francis
Mazé (†1986) ancien maire Centre Gauche de Roscanvel de 1971 à 1983
avait eu bien des initiatives sociales pour la communauté mais avait surtout
été le directeur de l'école depuis 1959 jusqu'à sa retraite en 1983. Un
enseignant appliqué et apprécié qui avait reçu les palmes académiques
en 1976. Originaire de Trégoudan, de parents agriculteurs, il avait fait
ses études à l'école normale des instituteurs à Quimper avant de prendre
un poste à Trévargan, puis Camaret et enfin Roscanvel. Il instaura la
cantine scolaire, des associations sportives, le camping municipal de
Kérincuff, les HLM de Kérincuff...
L'école désormais mixte Francis Mazé est toujours en pleine activité.
Une activité fortement contrariée soudainement.
Le recteur d'académie décida de fermer une des trois classes de l'école Francis Mazé. Une décision de septembre 2017 qui fut mal perçue par les parents d'élèves qui ont immédiatement décidé de bloquer les portes de l'école avec des palettes de bois afin de suspendre l'activité éducative en signe de protestation.
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