Si les débits de boissons ont existé depuis que les pêcheurs avaient soif au retour de la pêche, l'idée de proposer un service d'hôtellerie est venue aux commerçants audacieux qui ont su deviner le potentiel lucratif d'un hôtel quand des habitués venaient à la belle saisons. Des touristes brestois, des représentants de commerce et surtout une clique étoffées d'artistes parisiens qui ont élevé le petit port de Camaret en halte inspirante incontournable. On longea d'abord à la tour Vauban, dans des sous-pentes, dans des lieux inconfortables jusqu'au jour de vraies chambres furent proposées avec le confort de l'époque, simpliste assurément. Les hôtels de la première génération avaient quelques chambres. Il fallut construire des annexes pour supporter décemment l'augmantation de fréquentation. C'était le bon temps des hôteliers. Viendra le temps du camping...
« L'hospitalité à la bretonne, large et franche, déjà tout
amicale » Toudouze parlant de la Veuve Dorso.
Madame Dorso commença ses affaires par une auberge « sans prétention »
qui accueillit les premiers touristes mondains et quelques artistes à
la recherche d'un dépaysement séduisant. Le succès aidant, l'auberge ne
suffit plus.
L'Hôtel de la Marine fut créé par Mme Rosalie Dorso (veuve de Corneille
Dorso entrepreneur d'un chantier naval au Styvel et ancien maire de Camaret)
en 1880. Elle agrandit le bâtiment assez rapidement, les affaires tournent
à merveille jusqu'à sa mort en 1909. D'ailleurs, on ne séjournait pas
à l'époque à l'Hôtel de la Marine, on séjournait à l'Hôtel Dorso, c'est
tout dire. Hôtel qu'affectionnait la famille Toudouze et bien des artistes
de passage tels qu'Eugène
Boudin, Marcel Sauvaige, Charles Cottet, Georges Ancey, André Antoine
(théâtre) et bien d'autres. Un lieu de rencontres intellectuelles et bourgeoises
sans les apparences argentées de Morgat.
Une femme aux mérites étonnants, une Camarétoise née en 1818.
Elle fut décorée par le Ministre de l'Intérieur pour son action sanitaire
lors d'une épidémie de choléra de 1893.
Puis une nouvelle médaille du Ministre Plénipotentiaire de la Reine d'Angleterre
en 1897 pour avoir assumé l'inhumation de quelques victimes échouées à
Camaret du naufrage du paquebot Drummond-Castle dont il n'y eut que 3
survivants sur 248 personnes embarquées.
Le poète Saint Pol Roux lira une oraison funèbre élogieuse lors des obsèques
de Madame Dorso devant une nombreuse assistance.
Certaines sources mentionnent : un prix Montyon de Vertu de l'Académie Française décerné par l'académicien André Theuriet en 1890. Cependant d'autres sources l'attribuent à Monsieur Esprit le Mat, un sauveteur de Roscoff pour la même année.
L'annexe de l'hôtel de France domine l'anse du Styvel (à droite).
Annexe de l'hôtel de France.
L'hôtel de France de la veuve Le Goff, lui aussi sur le quai Gustave Toudouze, fut le concurrent méritant de l'hôtel de la Marine de la veuve Dorso. Les deux hôtels trouvèrent chacun une clientèle et Madame le Goff bénéficia de l'aura de Camaret-sur-Mer au début du 20ème siècle. L'hôtel s'est développé grâce à une annexe à deux pas sur la falaise de Beg-ar-Gac. Cette annexe existe toujours .
Mr Pajot de l'hôtel de France cherche à acheter un véhicule Ford de 19 CV (ou similaire) par annonce du 21 juillet 1941 en pleine occupation allemande de Camaret...
L'hôtel Moderne avec garage ! Un hôtel aujourd’hui transformé en appartements aux étages et commerce au rez de chaussée sur le quai Toudouze a vu venir l'automobile à ses portes ! L'un des propriétaires fut Mr Parrot vers 1923 avec ses repas du dimanche à 6 frs avec langouste ou homard, il fallait réserver par téléphone au n°4. Lors de la seconde guerre mondiale, le propriétaire fut Raymond Seigneur. L'ancien hôtel a conservé ses terrasses courantes aux garde-corps en fer forgé.
Vente volontaire du mobilier de l'hôtel Moderne de Camaret le 5 et 6 juillet 1914. La vente concerne de l'ameublement en Pitchpin verni neuf provenant de 26 chambres. Me Léostic Crozon.
Lors de son évolution, l'hôtel est agrandi et change d'aspect.
L'hôtel est vite trop petit. Au début du 20ème siècle, il
est rare de construire une extension attenante, on préfère élever des
annexes indépendantes qui évitent d'atteindre les structures. L'introduction
du béton modifiera cette pratique. L'annexe hébergeait le personnel ainsi
l'hôtel était plus spacieux.
Le Grand Hôtel des Pois en Camaret-sur-Mer est installé sur le flanc Est
de la Pointe de Pen-Hir dont les îlots extrêmes sont surnommés "Les Tas
de Pois". L'hôtel de voyageurs est élevé en 1921 à une période de désenclavement
de la presqu'île de Crozon. Le tourisme est un espoir économique majeur.
Grand Hôtel de la Pointe des Pois, Inauguration le dimanche 1 juillet
1923. 10 francs par tête boisson non comprise.
Menu :
Hors-d’œuvres
Beurre– Crevettes – Artichauts à la polyrade – Galantine
de volaille truffée à la gelée.
Hors-d’œuvres chauds
Petites bouchées – Fruits de mer.
Poisson
Langouste mayonnaise ou homard à l'américaine.
Légumes
Petits « tas de pois » à l'étouffée.
Rôti
Gigot d'agneau pommes nouvelles avec salade de saison.
Dessert
Fruits assortis et pâtisseries variées.
Une sauterie suivra le déjeuner.
L'hôtel est véritablement au bout du monde, on vient de Brest jusqu'au
Fret ou de Douarnenez jusqu'à Morgat par des bateaux à vapeurs puis en
voiture ou bus affrétés. Un périple inoubliable. La voie ferrée est en
construction. Camaret est enfin raccordé aux chemins de fer bretons en
1925 ! Le premier pont de Térénez qui permet la circulation automobile
provenant du Nord Finistère et du Faou et lui aussi en constuction. L'hôtelier
voit venir à lui la modernité et ses bénéfices potentiels. En retour,
il offre des services novateurs, le téléphone à deux chiffres (n°14 à
Camaret), le bain d'eau chaude à toute heure... Des garages pour les voitures...
L'hôtel a un accès à la plage de Veryac'h dont les falaises sont un site
géologique remarquable. Promeneurs et baigneurs vive au paradis maritime
sans les dangers de la mer. Une salle principale face à la mer... Les
sardiniers y laissent la flotille de pêche au mouillage.
L'hôtel est provisoirement occupé par la Kommandantur de l'armée de terre
allemande (Heer) durant la Seconde Guerre Mondiale au grand désespoir
de son propriétaire Armand Parrot. La zone est hautement militarisée à
proximité et ceci depuis des décennies car la pointe de Pen Hir et les
alentours sont une avancée dans la mer qu'il faut protéger d'un débarquement
de l'ennemi Espagnol, Hollandais, Anglais ! D'ailleurs la plage de Sam
Léoz essuie un débarquement britannique, magistralement refoulé. Puis
la géopolitique changeant plus vite que la direction du vent, l'ennemi
est germanique et vient par la terre. Après l'administration allemande,
ce sont des troupes débauchées qui y séjournent. Champagne, alcool, beuveries
successives, la troupe est ivre tous les soirs avant d'être relevées par
d'autres contingents qui feront de même durant leurs séjours. Les provisions
viennent des magasins de Camaret. Dans un premier temps les factures sont
payées le jour même ce qui fait les affaires des commerçants. Puis avec
le temps, les paiements deviennent difficiles. Certains Allemands menacent
de mort les débitants qui ne coopèrent pas. Les planchers et les boiseries
sont brûlés dans les cheminées. A la fin de la guerre, l'hôtel est un
taudis.
Ensuite, peu à peu, le Grand Hôtel des Poix perd de sa notoriété, la concurrence
est immense, l'élite industrielle s'implante moins que prévu dans la région.
La mode des Grands Hôtels s'éteint. Les touristes de la grande bourgeoisie
se font plus rares. Les congés payés amènent une classe sociale plus modeste
qui ne séjourne pas dans ces cadres trop coûteux. Voici la ruée du camping
sauvage dans un premier temps puis toujours plus organisé par la suite.
Le Grand Hôtel des Pois est devenu un centre de vacances aujourd'hui.
En fond, les falaises du Veryac'h classées site ERB.
Le bâtiment en question est sur la droite, en bord de la photo. Hôtel à gauche. Annexe ensuite... Source : détail CP.
Un bâtiment qui semble contemporain de l'hôtel des Pois et de son annexe, surprend par son implantation sur un territoire devenu très touristique. Son affectation d'origine était celle de remise de véhicules de prêt et de location, ainsi que d'automobiles de clientèle et d'auto-bus pour les voyageurs venus par le train et transportés depuis la gare de Camaret-sur-Mer. Chaque hôtel de niveau touristique reconnu propose un garage avec réparation si nécessaire, chauffeur si demandé. Le mécanicien étant souvent aussi le chauffeur. Les prestations s'étiolent après la seconde guerre mondiale compte tenu du nouvel de la voiture particulière. Vient le temps des parkings à ciel ouvert...
°°°
Pointe de Pen-Hir Manoir de Saint Pol Roux Phare du Toulinguet Tour Vauban Alignements de Lagatjar et plus... Eglise Saint Rémi Chapelle ND de Rocamadour Chapelle de Saint Julien Calvaires Pointe du Grand Gouin - du Couvent Presbytère Cimetière de bateau Grue à mâter d'armement Etang de Prat ar Pont & submersions Quais Quartier du Stivel Sauvetage en mer Slipway Béziers conserverie Cabanes noires de coaltar Chantier naval Pressage des piles de sardines Grand Magasin Port de plaisance Fresque murale Sevellec Henriot Villas de la Montagne – des artistes Hôtels "historiques" In hoc signo vinces Maison d'armateur et des mareyeurs Place St Thomas Moulin à vent Pont du Kerloc'h Abattoir Abri du marin Arche de Camaret La vague artistique 19-20ème Auberge de jeunesse Fontaines Salle de Venise Station service Purfina Limites communales Histoires de rues Chez Mémé Germaine Inscription maritime Communauté de femmes religieuses ou sorcières Bénédiction de la mer Borne 1000km GR34 Ecoles Louis-Auguste Téphany°°°
Défense militaire Géologie°°°
A LA UNE : Une marée de méduses à Morgat • La Lune a toujours le même visage ! • La mer monte ! •