Bern Id à gauche et Ar Forc'h à droite.
La lande rase du littoral breton, bruyère et ajonc pour l'essentiel.
Table d'orientation en faïence. En haut de la photo, un cadre en pierre au sol, l'empreinte d'un mât sémaphorique de la marine française. La pointe fut un signal de transmission et bien avant on y faisait des feux pour prévenir la venue de l'ennemi qui était souvent l'Anglais.
Les Tas de Pois (commune de Camaret-sur-Mer) sont cinq rochers
nés de l'érosion à l'extrémité de la Pointe de Pen Hir. Chacun d'eux porte
un petit nom breton. Le plus charmant, le plus à l'Ouest et avancé dans
la mer, tout pointu comme un chapeau chinois, voici Bern Id (tas de blé),
le petit Ar Forc'h (la fourche) prend la suite, vient le Chelott ou Chelot
(dentelle), Pen Glaz (tête verte), le Daouët proche de la pointe et le
grand Daouët fait la jonction avec le continent. La légende affirme que
ce sont des Titans qui les ont construits. Les Tas de Pois s'apprécient
dans des lumières extrêmes et crépusculaires pour des photos magnifiques,
des atmosphères tempétueuses...
La randonnée pédestre du GR34 - borne du km 1000 - se faufile en haut
de cette vénérable falaise de grès de 475 millions d'années. Le sentier
côtier passe à la "Salle Verte" et permet de visiter les alentours
tels que le monument de la Croix de Lorraine, la batterie de Kerbonn,
le Musée Mémorial de la Bataille de l'Atlantique, la plage du Veryac'h
et son site géologique remarquable... Un peu plus loin les villas de la
"Montagne" et les ruines du manoir
de St Pol Roux, la pointe
du Toulinguet et son phare. Au loin le rocher du Lion imperturbable.
L'histoire de la Pointe de Pen-hir est d'abord une histoire de surveillance
militaire de l'armée française qui avait fermé les lieux. Aujourd'hui
c'est un rendez-vous d'escalade...
L'anse de Pen-Hir fut une zone de mouillage des barques sardinières de
Douarnenez à la fin du 19ème et début du 20ème siècle; "jusqu'à ne
plus voir la mer", disaient les anciens tant les embarcations étaient
nombreuses prêtent à partir au large suivre les bancs de sardines. Les
marins pêcheurs y passaient la nuit sous la voile pliée en deux comme
une tente avant de partir naviguer au petit matin.
La Pointe de Pen Hir ne s'est pas toujours appelée
ainsi mais "Penn Tir" – "Pointe de la terre en friche"
en breton ancien. Le breton moderne a supporté une francisation qui a
dénaturé les sens initiaux. Si aujourd'hui cette avancée rocheuse détient
un intérêt historique par la présence avérée de populations du néolithique
– preuves sont données par la présence d'une pierre de sacrifice
et de bris de silex alors que ce minéral n'est pas présent en presqu'île
de Crozon – les habitants d'antan du village de pêcheurs de Pen-Hir
n'y voyaient qu'un tas de cailloux incultivable et sans valeur que leurs
très lointains ancêtres transformaient en menhirs. Il est souvent évoqué
la probabilité que les alignements de Lagatjar se poursuivaient jusqu'à
la pointe, ce qui en faisait un lieu de culte plus important que celui
de Carnac.
Puis, au delà de l'histoire, il y a les récits tellement proches des légendes
que l'on en ignore la véracité. Une communauté religieuse indéterminée,
peut-être féminine, aurait vécu, il y a longtemps, à l'ombre de Penn Tir,
sur les pentes Est, une communauté du diable pour les uns, infréquentable
pour les autres... La mort y rôdait sévèrement dit-on...
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