De gauche à droite. 2 villas Antoine, villa Toudouze, villa Sauvaige.
Vestiges du Manoir de Saint Pol Roux.
Le célèbre peintre Eugène Boudin fut l'un des artistes
à faire connaître Camaret-sur-Mer à ses amis parisiens. Camaret-sur-Mer
eut donc la réputation d'apporter le calme nécessaire à l'inspiration.
Progressivement bien des grands noms de l'élite intellectuelle et artistique
de Paris vinrent passer des étés dans les hôtels du petit port de pêche
à la fin du 19ème siècle. L'ère de la colonie
artistique de Camaret. Quelques uns décidèrent de se faire construire
une villa sur le haut des falaises sur des terres que les habitants considéraient
comme inhospitalières.
En plein vent, sans abri aucun, à la merci des pluies violentes, cinq
villas sont sorties de terre consécutivement parce que des artistes parisiens
avaient décidé que les lieux étaient somptueux. Le grandiose se niche
dans les lumières tourmentées sur une mer qui sait l'être tout autant.
Les Camarétois appelaient ces bâtisses aux grandes fenêtres face à l'océan
« les villas des montagnes ». La maison bretonne étant par essence minuscule
avec le moins de fenêtre possible et ceci dans un cadre abrité, les nouvelles
constructions de villégiature ont certainement dû détonner. Elles furent
les premières maisons secondaires, un concept inexistant en presqu'île
jusqu'ici.
Les notables, commerçants, investisseurs ont préféré des maisons cossues
en pierres de taille en centre ville, proches du port car souvent la prospérité
venait des affaires maritimes.
La première version de la villa Ar Mor Braz avaient des toits terrasses entourés de balustrades. La villa fut peinturlurée pour raison de camouflage par l'armée d'occupation allemande qui occupait la batterie côtière de Kerbonn à 80 m au Sud de la villa. Position fortement bombardée. Le premier occupant fut le médecin militaire Allemand de la batterie qui y installa son hôpital de campagne dans un certain confort. C'est le début de la guerre, peu d'avions de la RAF survolent et bombardent la zone, les pilotes ont l'air plus égaré qu'en mission. La batterie de Kerbonn est équipée à la française et la guerre est supposément finie dans quelques semaines. Le médecin choisit ensuite une maison du hameau de Kerbonn moins exposée avant de disposer d'un bunker sanitaire tant la guerre est devenue plus intense. Cette maison reçoit à la fin de la guerre une bombe américaine qui abîme très nettement la structure. La reconstruction avec toits à pans se fait vers 1951.
Cette villa est proche de celle d'André Antoine. Il se séparera des deux villas quand il quittera Camaret.
L'homme de théâtre* André Antoine (1858-1943) séjourne
à Camaret à plusieurs reprises... Logé à la Tour Vauban, puis à l'hôtel
de la Marine où il y fait quelques rencontres artistiques ou invite ses
amis tel que le couple Ancey,
il finit par acheter deux villas sur les hauteurs de Camaret.
André Antoine fait construire une première villa en 1904 – Armor-braz
et en achète une seconde en 1912. Cette version est contestée par certaines
sources**.
Il a pour voisins le poète Saint Pol Roux, l'auteur Toudouze entre autres...
Les amitiés perdurent et Camaret devient un bouillon de culture, une colonie
artistique... Paris n'est plus loin... La première guerre mondiale
non plus. Antoine et Saint Pol Roux y perdent un fils soldat chacun...
André Antoine écrits trois scénarios fortement inspirés des "Travailleurs
de la mer" de Victor Hugo et tourne des scènes du film muet à Camaret
entre 1917 et 1918... Face à la déferlante des films américains de l'époque,
André Antoine est un cinéaste méconnu dans son propre pays. Pourtant,
il est celui qui tourne des extérieurs dans de merveilleux paysages choisis
et qui fait participer la population locale. Les Camarétois figurants,
bien qu'intrigués, furent heureux d'être filmés...
Un film d'un budget de 50 000fr vite dépensé. André Antoine filme un bateau
échoué pour simuler un naufrage... L'histoire d'Hugo rentre mal dans le
champ d'une caméra mais le film existe.
Il quitte Camaret en 1935 après la vente de ses biens. Il laisse le souvenir
d'un homme discret et généreux puisqu'il aide financièrement la population
de Camaret lors des famines de 1902 et 1903.
Depuis 1970, André Antoine est inhumé dans le cimetière de Camaret-sur-Mer avec Pauline Verdavoine épouse Antoine.
André Antoine fut employé au Gaz de la ville de Paris
et travaillait à ses projets théâtraux le soir venu. Ses collègues n'appréciaient
guère un artiste dans les rangs du service public.
Quand les affaires artistiques prirent de l'ampleur, André Antoine n'était
pas toujours accessible et ne supportait pas le copinage et ni les recommandations
qu'on lui faisait parvenir pour qu'il s'intéresse à de nouveaux acteurs
ou nouvelles actrices. Il préférait les rencontres du hasard.
L'acteur de théâtre Jarrier, ex coureur cycliste, souhaitait attirer toutes
les attentions de Maître Antoine. Impossible de l'approcher sur Paris,
le secrétaire faisait barrage. L'acteur de théâtre de 27 ans alors (1899)
vint à Camaret pour débusquer le metteur en scène dont la maison était
au bord de la falaise. Approche difficile à nouveau, alors il surveilla
les mœurs nautiques d'André Antoine qui se baignait à la plage de Pen
Hat (baignade interdite aujourd'hui) très régulièrement au courant de
l'été. L'ambitieux suivit Antoine dans l'eau. Ce dernier demanda à l'intrus
des explications :
« Vous allez loin comme cela ?
Aussi loin que vous-même ! »
Comprenant que l'insistant ne lâcherait pas l'affaire, Antoine, très agacé
de ne pas être tranquille, lui proposa un apéritif qui s'acheva sur une
conversation théâtrale et une mise à l'essai de 7 ans pour l'acteur en
quête de succès. L'acteur finira sa carrière comme professeur de diction
et d'art dramatique au conservatoire.
*Il prend "possession" du théâtre des Menus Plaisirs en 1897 (compagnie permanente du Théâtre-Libre d'André Antoine de 1888 à 1894 avant l'achat) et lui donne le nom du théâtre Antoine qui s'ouvre sur la modernité des spectacles. Il deviendra le directeur du théâtre de l'Odéon en 1906. L'idée du théâtre libre vient d'un constat. Des auteurs Dumas, Sardou, Augier étaient sollicités par les directeurs de salle pour la rédaction de pièces dédiées à des acteurs en place. L'univers théâtral était prisonnier de l'establishment parisien. Antoine reçut 700 pièces écrites par des inconnus dont il tira plusieurs mises en scène en toute liberté avec autant de risques de plaire que de déplaire.
**Il existe une autre version dans les acquisitions d'André Antoine. Vivant à la tour Vauban, son fils tombant dans les douves, l'homme de théâtre décide de changer de lieu de vie et séjourne brièvement à l'hôtel de la Marine avant d'acheter une chaumière (la villa trois corps à deux pans). Il fait construire Armor-Braz dans les années qui suivent et la chaumière devient la maison des amis, des artistes pour la préparation de ses rentrées théâtrales. Armor Braz est vendue à un couple d'acteurs, amis d'Antoine en 1922.
Les deux villas Antoine à gauche, la villa Toudouze à droite.
Après des années de vie estivale à l'hôtel de la Marine
veuve Dorso à Camaret-sur-Mer, Gustave Toudouze, romancier vivant à Paris
l'hiver saute le pas vers 1900 et se fait construire la villa Dirag ar
Mor ("Face à la Mer") sur les hauteurs de Camaret. La famille
est voisine du peintre Marcel Sauvaige qui y est installé depuis 1891
avec la colonie artistique de Camaret.
L'auteur connut le succès avec des ouvrages inspirés de la vie à Camaret
: « Péri en mer » et « Le Reboutou » malheureusement il mourut en 1904.
Son fils, lui-même écrivain, gardera la maison jusqu'en 1971 date de sa
mort.
L'aspect de la maison a changé, elle s'est largement agrandie depuis son
premier plan.
Marcel
Sauvaige, de la colonie
artistique de Camaret, est un artiste peintre « estival » qui décide,
le premier, de faire bâtir une villa en haut de la « montagne » de Camaret-sur-Mer
à Lagatjar. La construction de 1891, à l'origine, avait une vocation essentielle,
celle d'être l'atelier de l'artiste dans lequel son ami Cottet peignit
aussi. L'hiver venu, la maison était fermée durant de longs mois.
A noter que la villa fut cambriolée deux fois. Une première fois en janvier
1901, l'autre en octobre 1926, sans que les voleurs n'aient emporté quoique
ce soit. La presse locale incrimina des bandes de jeunes désœuvrés alcoolisés
qui cherchaient de l'argent liquide. Des dégâts matériels furent à constater.
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