Le Stivel ou Styvel quartier de Camaret-sur-Mer

Le groupe d'immeubles modernes au pied du sillon de Camaret-sur-Mer remplace une conserverie mémorable : l'usine rouge.

Le Styvel était un quartier véritablement isolé de Camaret-sur-Mer composé d'un pâté de maisons (une maison avec dépendances et un magasin de pêche en 1830) auquel on accédait par la grève à marée basse ou par la falaise Beg ar Gac à marée haute. En effet cette falaise tombait dans l'eau avant qu'elle ne fut creusée pour enfin faire un passage entre le Stivel et le Notic de Camaret. Creusement du premier passage en 1868, élargi en voie circulable en 1895. Il y eut aussi une première cale de lancement (disparue) en 1894 d'Yves Boënnec, propriétaire de l'un des chantiers navals de l'endroit.

Construction d'un premier bâtiment de sauvetage en 1867.

L'avènement de la pêche a augmenté considérablement la population locale et c'est ainsi que le quartier du Styvel fut rattaché à Camaret. Le Styvel connut la prospérité grâce à une conserverie, l'Usine Rouge grâce au gérant, Mr Eugène Fouché Royer. Hervé Le Hir et Bernard Le Mons bâtissent une forge. La forge change de propriétaire : Pierre Kermel jusqu´en 1960 puis Francis Bescou qui va vers les anciennes usines Caradec.

Avec les nombreux ouvriers des chantiers navals, l'oportunité d'ouvrir des débits de boissons est incontournable. Les deux premières ouvertures sont celles de Mme Victorine Le Fur et Mme Eugénie Le Hir, puis une nouvelle génération ouvre avant la seconde guerre mondiale : Mme Joséphine Boëzennec / Mme Marianne Bruère (sœurs), Mme Marie-Rose Le Floch, Mme Émilie Cadiou, Mme Rosalie Le Fur...

Un hangar est construit sur la grève même du Styvel pour M. Le Hégarat mareyeur. Accolé dans les mêmes conditions, le débit de boissons de Mme Cadiou fermé en 1940. Accolé encore, un bâti "la maison cassée". Rien ne subsiste.

Pêche intensive, multiplication des embarcations, le quartier, comme Camaret, tourne à plein régime jusqu'à l'effondrement économique. Les pêcheurs ne gagnent plus leur vie (ils gagnaient une misère mais vivaient de la sardine). La pêche à la langouste ne survivra pas davantage. Les chantiers navals après une période de rachats à bon compte ferment les uns après les autres...

Styvel = fontaine jaillissante.

L'usine rouge

La maison du gérant de l'usine rouge.

Un vague souvenir d'une toiture rouge au pays des ardoises.

Les années 1970.

L'acte notarié du 5 mars 1880, rédigé à Brest, constate la création de la Société anonyme Brestoise de produits alimentaires destinée à fabriquer des conserves alimentaires et pratiquer le commerce de poissons frais. Dans les faits il s'agit d'une friterie comme on nommait alors les conserveries de sardine. Le capital de 200 000frs est partagé en 200 actions dont le gérant Eugène Fouché Royer est détenteur de 83 d'entre-elles et le reste est partagé de manière disparate entre les 6 autres actionnaires. La société achète une maison qui jouxte le terrain à bâtir de 2900 m². Le gérant y réside et bénéficie de la gratuité du chauffage. L'usine est construite en 1881 avec son toit de tuiles mécaniques rouges, une nouveauté qui offre l'occasion aux Camarétois de nommer l'entreprise qui emploie le plus grand nombre d'ouvriers, l'usine rouge. La conserverie fonctionne à plein régime grâce à une astuce. Eugène Fouché Royer a fait construire une estacade (un ponton fixe en bois de 60 mètres de long) devant l'usine permettant aux pêcheurs de livrer leurs sardines dans un moindre effort quel que soit le niveau de la marée. Un petit plus apprécié.

Juste avant la crise sardinière, en 1900, l'effectif de l'usine se monte à 110 personnes : 3 mineurs de 13 à 16 ans, 28 mineures de 13 à 18 ans, 65 femmes et 14 hommes essentiellement des soudeurs de boîtes de sardines pour 211 000 boîtes de sardines à l'année. En 1912, les employés ne sont plus que 60 pour 200 000 boîtes de sardines fabriquées.

Dissolution de la société le 21 mars 1931 après plusieurs bilans annuels négatifs dûs à la concurrence et à la démocratisation du produit qui se vend toujours moins cher. Les actifs sont vendus aux plus offrants. Les lots se partagent entre Mr et Mme Ollivier-Albert et Rosalie Le Fur ainsi que Messieurs Alexandre et Félix Morvan qui ont des activités de construction de marine (1936). L'usine n'est pas complètement démantelée et poursuit une faible activité jusqu'en 1940. L'usine fut la plus grande productrice locale mais loin d'être la plus rentable comme put l'être l'usine Béziers.

L'armée d'occupation allemande prend possession des locaux et fait fonctionner de manière aléatoire la sardinerie quand le manque de nourriture se fait sentir. La pêche est officiellement interdite pour ne pas que les pêcheurs transportent des armes et des soldats alliés. Cependant, localement, les autorités signent des autorisations de sortie limitées dans le temps. Une partie des bâtiments est utilisée par un fourrier et de l'intendance. Le 19 avril 1944, des draps, des couvertures et un groupe électrogène sont volés. Les Allemands menacent d'exécuter 50 otages si les coupables ne sont pas dénoncés. Menace non suivie des faits - ne serait-ce pas des soldats Allemands, voire des mercenaires Ukrainiens ou des Russes blancs qui auraient encore agi pour déserter ou simplement faire du marché noir pour acheter de la nourriture. Un "revendeur français" sera arrêté sur dénonciation d'une femme quelques jours plus tard.

Après guerre, les ateliers de sardine sont définitivement fermés.

L'usine rouge est démolie et remplacée par un immeuble moderne (1992), seule la maison du gérant est encore bien en place et semble témoigner de la grande agitation du quartier du Styvel.

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