Des venelles font le lien entre les quais et la seconde bordée d'immeubles.
Les rues de Reims, Dixmude et de la Marne en Camaret-sur-Mer
étaient dans les siècles passés, la ligne de maisons du bord de mer. Le
rivage de galets et de vase laissait monter la mer à deux pas lors des
grandes marées. Une première génération de maisons basses de pêcheurs
fut alignées, puis le commerce s'intensifiant, ces constructions éparses
du 16ème siècle furent remplacées par des maisons d'un étage avec grenier
au service de commerçants dont la principale activité était le pressage
et le salage des sardines au rez-de-chaussée. A l'étage, la famille vivait
et au grenier le matériel était stocké après avoir été souvent hissé par
une corde sur une poulie extérieure de façade.
Le 18ème siècle poursuit son développement économique et les fortunes
s'élèvent. Les pêcheurs se font construire des pentys minuscules et sombres
derrière ces rues, à l'écart, et les négociants investissent dans des
immeubles parfois à deux étages.
Le 19ème siècle amène un profond changement. La construction des quais
qui empruntent sur le domaine maritime facilite un nouvel alignement d'immeubles
devant les rues de Reims, Dixmude et de la Marne qui ne s'ouvrent plus
sur la mer et deviennent une seconde bordée. La toute nouvelle première
bordée est constituée d'hôtels de voyageurs, de commerces variés et de
débits de boissons.
Quand les conserveries industrielles se multiplient ça et là en bordure
du littoral, les petits magasins de pressage n'ont plus de raison d'être,
l'habitat commercial est transformé en immeuble de rapport ou de biens
embourgeoisés éloignés du tapage des quais. On respire enfin, les odeurs
pestilentielles des sardines et des déchets abandonnés dans les caniveaux
des rues disparaissent progressivement.
Georges Ancey et son épouse Madeleine découvrent les vacances
à Camaret-sur-Mer à l'été 1891. Ils sont invités par André Antoine 1858-1943
à l'hôtel de la Marine tenue par la fameuse Rosalie Dorso, une maîtresse
femme qui est la figure incontournable du port de pêche. Le tout Paris
de la culture vient à l'hôtel sur les quais en pension joyeuse.
André Antoine, homme de théâtre d'avant-garde, et son épouse Pauline Verdavoine
accueillent Georges Ancey - Georges-Marie-Edmond Mathevon de Curnieu (parfois
nommé Mathiron de Carmère) 1860-1917 - dramaturge, comédien, metteur en
scène de bonne naissance et d'aisance incontestable. Antoine et Ancey
(Chevalier de la Légion d'honneur 1905 - auteur naturaliste) travaillent
ensemble. Les Inséparables, l'Ecole des veufs, la Dupe, ces pièces d'Ancey
firent vivre la compagnie du Théâtre-Libre. Les deux amis sont réellement
inséparables et se retrouvent aussi au théâtre de l'Odéon (la Grand-Mère),
au Gymnase (Ces Messieurs), et enfin au Théâtre Antoine (l'Avenir).
La petite troupe de touristes est complétée par des connaissances dont
Pierre Wolff 1865-1944, critique, écrivain, librettiste entre autres.
L'été se passe à la plage, pour quelques baignades pudiques, quelques
chasses infructueuses parfois. Le soir venu, les discussions artistiques
soulignées par un bon verre de vin de la veuve Dorso qui sera au fil des
années très proche des artistes, permettent aux amis de se retrouver le
lendemain avec toujours plus de complicité dans le calme maritime breton.
Paris est loin, les agressions verbales aussi : le théâtre moderne n'a
pas encore son public, le naturalisme qui se veut la dépeinte de la fausseté
pour servir la simplicité humaine acceptable ne plaît pas encore... Et
ne plaira que le temps d'une tendance provisoire...
Le choix de la rue n'est pas innocent sans doute. A deux pas de la maison
Ar Mor Braz d'André Antoine, la plaque nous fait nous souvenir de l'intensité
culturelle qui régna à Camaret.
En cet période estivale de 1891, André Antoine et Georges Ancey de la compagnie du "Théâtre-Libre" occupant le théâtre des Menus-Plaisirs (futur Théâtre Antoine) doivent déjà se préparer à leur rentrée théâtrale. Le 21 décembre 1891 : première de "La Dupe" de Georges Ancey, pièce à succès dans laquelle André Antoine est metteur en scène et comédien dans le rôle d'Albert. Ce dernier donne la réplique à Henriette Henriot qui interprète le rôle d'Adèle. Comédie en 5 actes. Henriette Henriot, dite Mme Henriot, fut un modèle du peintre Renoir tout comme sa fille Jane, comédienne au destin tragique, morte dans l'incendie de la comédie française pour avoir tenté de sauver son petit chien. Camaret recevait donc l'élite, dont la figure de proue fut le poète St Pol Roux dont le manoir est en bout de voie mais pas seulement et bien davantage en somme... La rue Georges Ancey borde les alignements de Lagatjar et l'ancienne caserne...
Jusqu'à la fin du 19ème siècle, les pêcheurs camarétois posaient des casiers à la pointe du Toulinguet afin de relever le lendemain des langoustes vertes. Pêche facile, de proximité, mais qui se vendait mal tant la langouste n'était pas appréciée du fait de son manque de conservation. L'épuisement de la ressource se fait ressentir à partir de 1890 environ. Une zone probablement fréquentée par Toussaint Le Garrec pêcheur.
Toussaint Le Garrec, un nom de rue de Camaret-sur-Mer qui
fait référence à un patron pêcheur de la fin du 19ème siècle lors de la
première mutation de la pêche à la langouste ou à un poète bretonnant
(1862-1939) entre deux siècles à une période où les élèves des écoles
sont interdits de toute expression bretonne.
Ce dernier, juge de paix, a connu une certaine célébrité régionale par
ses pièces de théâtre et ses poèmes reconnus de l'élite armoricaine, rédigés
en breton central. En effet, la langue bretonne n'est pas uniforme et
chaque évêché a ses nuances, voire ses incompréhensions.
Une œuvre parmi d'autres : « 1901. Ar Vezventi, Tragédie contre l'alcoolisme
» présentée au Concours de l'Union Régionaliste Bretonne créé par Mme
Web et dont Toussaint le Garrec fut le lauréat à plusieurs reprises.
Les deux personnages homonymes ont le prénom d'origine latine « Totus
Sanctus » – « Tous les Saints » – « Toussaint ». Prénom fréquent
au 19ème et 20ème siècle...
Quant au patronyme breton, essentiellement finistérien, de « Le Garrec
» il convient à celui qui a « de Grandes Jambes » littéralement.
Le destin du pêcheur est aussi celui d'une certaine notoriété côtière
du Bout du Monde – Penn ar Bed – Finistère et plus précisément en Camaret-sur-Mer.
La pêche régulière de la langouste verte des côtes s'effectue avec des
barques sardinières réaménagées à chaque occasion et constitue une pêche
d'appoint à celle de la sardine bien plus légitime selon les états d'esprit
de l'époque.
La langouste se vend alors à la douzaine entre 18 fr (francs) et 25 fr
selon la taille. Le pêcheur s'adresse aux mareyeurs de son port qui vont
déposer les crustacés dans les viviers flottants avant de revendre un
produit pour lequel il faut trouver un débouché rapide.
La langouste est peu connue en gastronomie du fait qu'elle n'est pas encore
commercialisée ou peu commercialisée loin des zones de pêche. Elle ne
se conserve pas comme la sardine, elle est donc sous-estimée. Néanmoins,
à Camaret-sur-Mer ce sont les « étrangers », les artistes
et la communauté intellectuelle souvent venue chercher l'inspiration en
Bretagne durant l'été bien que venus de Paris prioritairement, qui apprécient
le crustacé et qui le font savoir. La bourgeoisie brestoise se laisse
séduire peu à peu.
Les pêcheurs camarétois vont sur la Mer d'Iroise au-dessus des plateaux
rocheux côtiers et ramènent des langoustes dans une quantité modeste mais
pourtant suffisante pour amoindrir la ressource. En 1896, la langouste
de la presqu'île de Crozon brille par son absence sous-marine.
Toussaint le Garrec, patron reconnu, cherche des alternatives afin de
poursuivre la pêche de la langouste car les cours de la sardine vendue
au mille sont variables entre 4fr en période d'abondance et 6fr en période
de manque pour des pêches parfois frugales.
Après la période des côtes presqu'îliennes, quelques pêcheurs osent aller
sur le plateau de Sein qui va vite s'appauvrir aussi.
1898 : Toussaint le Garrec fréquente les débits de boissons de l'île de
Sein et apprend incidemment qu'un pêcheur sénan, le patron Milliner, fait
facilement de la langouste rouge bien plus au Sud. Le Garrec suit discrètement
avec son sloop
« Marcel Eleonore » de moins de 10 mètres, avec vivier (une modernité
pour une petite embarcation), sorti du chantier naval à Camaret en mars
et perd de vue le senan en mer une première fois mais à la fois suivante,
dans la brume,
Le Garrec parvient sur la zone mirifique : le plateau de Rochebonne (97
km² - Ouest de l'île de Ré - 100 km de la côte) qui va devenir l'eldorado
de la langouste rouge durant trois ans.
La nécessité de couchage à bord pour faire un aller-retour en sloop langoustier
avec des casiers de surcroît va imposer de faire évoluer la construction
navale vers des bateaux plus grands, à viviers de fortes capacités. Si
Toussaint le Garrec va pouvoir se faire construire d'autres embarcations
grâce aux bénéfices de la langouste (17 000 fr en six mois de mars à septembre
1898), si les mareyeurs multiplient les flottes, les pêcheurs sardiniers
les plus démunis souffrent financièrement, obligés qu'ils sont de poursuivre
dans la sardine pour beaucoup d'entre-eux. Dès lors le visage de pêche
professionnelle va changer partout en presqu'île de Crozon.
Après Rochebonne vite épuisée, les pêcheurs camarétois vont s'approcher
des côtes anglaises... Toussaint Le Garrec, selon la tradition locale,
a donc ouvert les états d'esprit vers des horizons plus vastes que ceux
de la presqu'île de Crozon. Pierre Le Douguet, Jean Lastennet, Pierre
Meillard et bien d'autres viendront sur zone une fois que le secret de
Toussaint Le Garrec sera éventé par la presse locale qui répercute les
exploits de la pêche par des suivis de criées telle que celle du Croisic
où Le Garrec vend ses trésors crustacés avant de rentrer à Camaret.
En 1935, le port de Camaret est le premier port langoustier de France.
Ainsi donc, deux personnalités possibles pour un seul nom de rue de Camaret...
Les deux hommes appartiennent au patrimoine immatériel de la région Bretagne...
Parfois les noms de rue permettent de retracer l'histoire
du quartier, c'est ainsi que les rue et impasse du Moulin Cassé rappellent
qu'en ces lieux venteux au-dessus du port de Camaret-sur-Mer, un moulin
à vent exista. Plusieurs dénominations pour ce moulin tour : Moulin de
Kerivoaler, Moulin de Keraudren (hameau de proximité), Meil Jacquou. Ce
moulin était considéré en ruines en 1900, on peut donc supposer que les
travaux de meunerie étaient achevés. La fin du 19ème siècle fut bien cruelle
pour un grand nombre de moulins de la presqu'île de Crozon. Il était plus
aisé et économique d'importer de la farine que de l'exporter. Les moulins
industriels fonctionnant à l'électricité produisaient 365 jours de l'année
si nécessaire. Un moulin à vent, sans vent, était une charge financière
pour qui l'exploitait. Les réparations, l'entretien... Le meunier ne s'en
sortait pas.
Quoiqu'il en soit c'était un quartier de terres agricoles jusqu'à ce que
l'agglomération de Camaret ne vint englober ce vestige. Il fallait un
nom de rue pour le cadastre, pourquoi pas un nom descriptif qui permettait
une mémorisation aisée...
Les moulins perdaient leur coiffe de chaume, puis leur charpente, puis
ses pierres hourdies à la terre, une à une.
Le moulin de Keraudren est sur les cartes d'état-major de 1820-1866. Le hameau de Keraudren à l'Est était composé de deux fermes. Sinon tout n'était que terres ou boqueteaux.
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Pointe de Pen-Hir Manoir de Saint Pol Roux Phare du Toulinguet Tour Vauban Alignements de Lagatjar et plus... Eglise Saint Rémi Chapelle ND de Rocamadour Chapelle de Saint Julien Calvaires Pointe du Grand Gouin - du Couvent Presbytère Cimetière de bateau Grue à mâter d'armement Etang de Prat ar Pont & submersions Quais Quartier du Stivel Sauvetage en mer Slipway Béziers conserverie Cabanes noires de coaltar Chantier naval Pressage des piles de sardines Grand Magasin Port de plaisance Fresque murale Sevellec Henriot Villas de la Montagne – des artistes Hôtels "historiques" In hoc signo vinces Maison d'armateur et des mareyeurs Place St Thomas Moulin à vent Pont du Kerloc'h Abattoir Abri du marin Arche de Camaret La vague artistique 19-20ème Auberge de jeunesse Fontaines Salle de Venise Station service Purfina Limites communales Histoires de rues Chez Mémé Germaine Inscription maritime Communauté de femmes religieuses ou sorcières Bénédiction de la mer Borne 1000km GR34 Ecoles Louis-Auguste Téphany