Le pardon et la bénédiction de la mer à Camaret-sur-mer le premier dimanche de septembre s'ensuit une messe dans la chapelle de Rocamadour et le dépôt d'une gerbe au monument des péris en mer. La cérémonie embarque les édiles sur le canot de sauvetage...
Depuis bien longtemps, le curé avait pignon sur port pour
bénir les embarcations neuves en cours de lancement. Il y avait aussi
parfois les longues attentes sur les quais d'un bateau de pêche et son
équipage qui ne revenait pas comme souhaité, quand cela durait trop, le
prêtre de la paroisse était dépêché...
Durant des siècles, partir en mer sur une barque sardinière ou sur un
sloop était périlleux même si les anciens donnaient des indications météorologiques
empiriques précieuses à partir de la pierre
du conseil par exemple. Les noyades des époux et des frères remplissaient
les cimetières de désespoir en l'absence des dépouilles. Une femme de
pêcheur, mère de famille, subitement veuve, était une misère annoncée...
Le poids de la mort au jour le jour, la peur d'un au-delà guère plus affriolant
qu'une vie terrestre, toutes ces peurs et bien d'autres, misent en communauté
ont créé les bénédictions de la mer. Au cours, d'un pardon communal ou
en dehors de celui-ci, qu'importe la forme, prier pour être épargné devint
une nécessité intérieure même si les histoires de bon dieu ne satisfaisaient
pas tout le monde. Il fallait communier avec le sort pour que celui-ci
sache faire la part des choses.
Aujourd'hui la bénédiction de la mer remet en scène ces angoisses ancestrales
sans en ressentir toute la tragédie d'antan. Le curé embarque, donne une
messe, lance un feu de détresse et une couronne de fleurs pour célébrer
une tradition et le respect de la dangerosité de la mer qui ne cesse de
faire des victimes trop souvent par imprudence alors que la vie quotidienne
n'est plus en jeu. Auparavant ne pas sortir en mer conduisait une famille
à la famine, aujourd'hui ne pas sortir en mer est une déception tout à
fait surmontable.
Cette célébration dite propitiatoire en terme religieux – action
propice à favoriser une clémence, un pardon, une protection – se
fait désormais entendre pour des raisons touristiques dans les communes
côtières. Les bateaux
pavoisés attirent l'œil.
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