Au début du 19ème siècle, le Fret est un hameau dont les
maisons en bord de rivage sont des magasins à sardines et quelques habitations
de douaniers. On a toujours vécu ainsi depuis des siècles. Les Frêtois
se retrouvent donc dans les deux auberges qui sont les seules distractions
locales. Les barques sardinières sont échouées sur la grève vaseuse, il
n'y a pas encore de quai, ni de cale... La navigation est modeste et se
cantonne au transport de marchandises par petites embarquations. Bois,
charbon, huiles, alcools, tissus, entrent en presqu'île... Farines, chanvres
à cordages, sardines pressées, en repartent... Les notables de Crozon
emploient les passeurs pour leurs plus grands bénéfices qu'ils investissent
au bourg dans des maisons cossues.
Quelques audacieux Brestois embarquent sur des voiliers à voile unique
carrée, ils sont voyageurs de commerce, un peu touristes découvreurs.
Les marins se font rémunérer la traversée de la rade pour une piécette.
Vers 1830, les touristes Brestois qui sont des bourgeois citadins empruntent
des chaloupes à deux mâts plus rapides et paient 25 centimes la traversée.
D'une vie citadine protestante aisée et éduquée à la française à la découverte
des villages bretonnants de pêcheurs-paysans catholiques de la presqu'île,
le choc culturel est manifeste et de retour à Brest, les aventuriers endimanchés
narrent à gorges déployées les mœurs rustiques de leurs hôtes presqu'îliens
qui réciproquement trouvent les emplumés bien trop guindés pour être francs
du collier. Chacun s'observe et se méfie.
Les navires à vapeur apparaissent mais les premiers exemplaires font peur
d'autant que sur certains d'entre-eux un panneau informatif annonce que
la traversée est faite aux risques et périls du voyageur. Les chaudières
ont une nature explosive incontrôlable... Le service est aléatoire. Le
propriétaire du vapeur fait selon son bon vouloir alors les voiliers parviennent
encore à assurer des traversées à la rame quand le vent manque, ils conservent
une certaine disponibilité envers leurs clientèles disparates.
La technologie gagne du terrain, et les vapeurs deviennent la propriété
de compagnies de transport maritime organisées avec des horaires de traversée
réguliers, nous sommes déjà à la fin du 19ème siècle. Les "Vapeurs Brestois"
dès 1894 changent la teneur et l'ampleur du transports de marchandises
et des personnes.
Les magasins de sardines sont transformés en débits de boissons, ils sont
au nombre de 18 sur les nouveaux quais. Les touristes affluent, le commerce
est foisonnant, c'est toute la presqu'île qui en est bouleversée d'autant
qu'au Sud de celle-ci, Morgat vit la même extension. Les hôtels poussent
comme des champignons et un service hippomobile récupère au Fret les voyageurs
pour les amener à l'hôtel de leur choix quand ce n'est pas la voiture
attelée de l'hôtel qui se présente à eux. Il y a foule au Fret. Les quais
sont bruyants aux beaux jours.
Une autre catégorie de marchands fait fortune, les grossistes en vin.
Fini le temps du tord-boyaux que les pêcheurs-paysans de la presqu'île
absorbaient sans vergogne. Les nouveaux arrivants sont habitués à des
alcools plus digestes consommés sur les terrasses des hôtels et ou celles
des villas de villégiature. Une certaine idée du luxe est entrée en presqu'île
par le port du Fret...
La liaison maritime du Fret avec Brest est une vieille histoire. La Duchesse
de Bretagne traversa à la voile la rade pour Brest avant de voguer
vers l'Angleterre pour y épouser le roi Henri IV de Lancastre (1403).
Le train, puis la voiture particulière vont mettre un coup d'arrêt à cette
navigation de proximité.
Le port du Fret à découvrir
Liaison maritime le Fret - Brest
Villas de villégiature et maisons de notables
Monastère / couvent de Kerveden
Patrimoine militaire
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