Pierre tombale dite de Trébéron. Blasonnée en aigle.
D'or à un aigle de sable déployé et à simple tête.
L'aigle serait une clé de voûte achetée par J. Daniel,
membre de la société archéologique du Finistère et dont il publie un croquis
tout en affirmant que la pierre provient de l'ancien Manoir de Poulmic
en Lanvéoc détruit bien avant la naissance de l'auteur. Les armes des
de Poulmic étaient un échiqueté d'argent de gueules – un damier
gris et rouge, sans aigle aucun. Un exemplaire de ces armoiries échiquetées
est présent sous la forme d'un bénitier en l'église de Crozon.
Cet aigle est en mur sur une façade d'un immeuble de la rue Poulpatré
de Crozon, ancienne seigneurie
de Poulpatré de la famille de Kerlenguy – Kerleuguy...
dont les armoiries étaient un aigle de la sorte. Néanmoins, le mariage
de Jean de Kerlenguy avec Jeanne de Poulmic au 16ème siècle, peut éventuellement
expliquer que le blason « D'argent à l'aigle de sable » ait
été présent dans le manoir de Poulmic.
La blason allie deux familles. Lambel d'Azur en chef – Trait horizontal avec trois pendants de couleur bleue sur émail ou tissu – de la famille du Chastel et trois écus indéterminés des Guipronvel. Une branche héraldique dite des du Chastel-Guipronvel du fait de l'alliance par mariage d'un fils du Chastel avec une fille de Guipronvel au 15ème siècle.
Pierre tombale dite du Marhallac'h. De croix fleuronnée et dalle blasonnée en trois blasons de pots.
Pour construire une église il fallait de l'argent et ce
n'était donc pas auprès du paroissien ordinaire que les fonds pouvaient
être levés. Seuls les nobles connaissaient la couleur de l'argent de sorte
que dès le Haut Moyen-Age, pour le futur repos de l'âme, pour bénéficier
des attentions politiques du clergé, ceux-ci acceptèrent de financer les
constructions d'église de leur paroisse avec cependant l'apparition de
leur blason afin que l'on sut bien d'où venait la providence. Mais cela
ne suffisant pas, ils exigèrent que leur caveau familial fut proche de
l'autel, proche du chœur, proche de Dieu dans le cancel ou dans une chapelle
tenue par un chapelain – homme d'église lié financièrement à une famille
– un espace ajouté à la nef souvent sous le patronage d'un-e saint-e où
se disaient des messes en l'honneur des défunts titrés. Le lieu de sépulture
et ses abords étaient à la charge des familles ayant une sépulture.
Une pierre tombale ornée des armes de la lignée était placée au mieux
et dans l'ordre de la hiérarchie féodale ou religieuse. Si la famille
s'éteignait, on récupérait les ossements et on les déposait dans l'ossuaire
à l'extérieur de l'église afin de libérer de la place pour une nouvelle
famille donatrice. La grande noblesse avait un caveau surélevé du sol.
La petite avait la dalle affleurante au sol. Cette pratique correspondait
à un droit octroyé par l'évêque contre une rente financière ou en grains
(céréales) versée à la fabrique (gestionnaire de la paroisse) –
le droit d'enfeu et de sépulture. L'enfeu est une niche dans un mur de
l'église qui reçoit une sépulture avec un gisant bien souvent : représentation
allongée sculptée du défunt.
Bien pourvue de caveaux blasonnés, une église parvenait à réunir des fonds
récurrents significatifs qui s'ajoutaient à ceux du recteur et des paroissiens
pour l'entretien général. Il y eut des excès, des sépultures installées
sans que l'évêque n'en fut averti.
Afin de limiter les mauvaises odeurs qui émanaient des joints entre les
dalles funéraires, on traitait les sols au soufre, à la chaux et pour
désodoriser, on brûlait de la résine de pin. Toute personne ayant fait
acte de contribution significative pouvait se prévaloir d'une place sous
le dallage de l'église sans marque aucune toutefois par opposition à la
noblesse qui blasonnait sa sépulture.
Des cas de dysenterie répétés inquiétèrent le Parlement de Bretagne qui
promulgua un arrêt d'interdiction d'inhumation dans les églises au 16
août 1719, réitéré le 2 octobre 1741. Ces arrêts ralentiront les pratiques,
sachant que les curés s'exposaient à des contaminations, mais les passe-droits
octroieront une dernière génération de pierres tombales dans les églises
pour des dépouilles titrées ou de bonnes familles généreuses jusqu'à la
Révolution française de 1789.
L'église de Crozon conserve deux pierres tombales significatives illustrant
la pratique de l'inhumation dans les églises du comté
de Crozon.
• Dalle funéraire dite de Trébéron datée du 15ème siècle selon
la nomenclature diocésaine. La pierre tombale est un vestige, déterré,
redécouvert lors des fouilles de 1899 préparatoires au chantier de la
rénovation de l'église du bourg de Crozon en 1900/1901. Cette dalle de
noblesse est attribuée à la famille Provost de la seigneurie de Trébéron
et des Chastel de Guipronvel (les Guipronvel ont fait aveu aux Chastel
prouvant leur vassalité) pour certaines sources et pour d'autres à la
famille Poulmic-Trébéron. Ces dernières rappelant l'existence d'un aigle
héraldique en deux clés de voûte au manoir de Poulmic, détruit, et reconfiguré
en ferme, elle-même détruite pour faire place à la base
de Lanvéoc Poulmic. Cette dalle funéraire recouvrait la sépulture
familiale placée dans le sol proche de l'autel en l'intérieur de l'église,
côté de l'actuelle chapelle du Rosaire.
La famille de Trébéron
avait pour berceau la seigneurie de Kerandrein au 15ème siècle, au travers
du manoir de Keramprovost-Penandreff. Famille Provost mentionnée dans
les Réformations de la noblesse de 1426. Le Sieur Provost, Seigneur de
Trébéron « dict faire arquebusier à cheval » à la montre de Quimper de
1562. A noter que Jehan de Poulmic est seigneur de Keramprovost (manoir)
et « dict faire pique sèche ». Une autre branche de la famille Provost
constitue la seigneurie de Landaoudec.
La famille Provost fut aussi à l'ouvrage de la chapelle
de St Sébastien. Une famille reconnue par le don de l'île
de Trébéron à la Royale.
• Dalle funéraire dite du Marhallac'h datée du 15ème siècle
selon la nomenclature diocésaine. La pierre tombale de la famille du Marhallac'h
fut retrouvée dans les mêmes circonstances. Cette sépulture n'aurait concerné
qu'une dame attachée à la famille de la seigneurie de Keramprovost par
le mariage soit aux de Poulmic.
La famille du Marhallac'h – Marc'hallec'h – Marc'hallac'h – à la
fois de noble et terrienne, était propriétaire de biens fonciers importants
dans le Finistère Sud jusqu'à perdre de son rayonnement à la Révolution.
Famille éteinte dont le blason était « D'or à trois pots à eau de gueules
» – gueules : couleur rouge uniforme – et dont la devise «
Usque ad aras » – Jusqu'aux autels – semble convenir
à la pierre tombale de l'épouse d'un noble de Crozon ce qui de fait l'autorisait
à être inhumée à proximité de l'autel de l'église de Crozon bien que née
en dehors de la paroisse.
La famille du Marhallac'h fait épouser ses filles à toutes les noblesses
bretonnes à portée de mariage judicieux. Par exemple, Catherine, dame
(équivalent de seigneur pour un homme) du Marhallac'h (ayant blason en
l'église St Jean de Plovan, fief familial) se marie à Nicolas de Gouandour
– Goandour,
écuyer, seigneur de Lescoulouarn (titre du père), seigneur de Kercorentin,
en 1626 et dont la mère était Jeanne de Poulmic.
Autant dire que les lignées de ces deux pierres tombales accolées du temps
de l'église du 15ème au 18ème siècle se sont entrecroisées pour affirmer
une primauté sociale concrétisée par le privilège de l'inhumation dans
l'église du fief. Les procès-verbaux des prééminences récapitulent des
blasons des Provost Trébéron et des Marhallac'h dans les vitraux de l'église.
Pratique interdite à la Révolution, démontage obligé.
Les deux pierres tombales sont remisées verticalement dans l'ancienne
chapelle des fonts baptismaux de l'église
St Pierre de Crozon. D'autres familles affirmaient leurs pierres tombales.
Des descriptions reprises par le Bulletin de la Commission Diocésaine
du Finistère en 1907 donnent quelques exemples de sépultures en l'église
de Crozon.
• Le seigneur de Gouandour bénéficiait d'un mausolée en kersanton
en bas côté de nef, qui fut déconstruit pour cause de gêne des processions
et récupéré partiellement dans les jardins du manoir
de Lescoat.
• Fondation d'une chapellerie sur l'autel St Michel en 1497,
à l'usage de Julienne Le Botguyn.
• Jean de Hirgars (junior) était inhumé en 1526 dans la chapelle
St Jean Baptiste servie par un chapelain. En 1534, la sépulture est réemployée
pour recevoir la dépouille d'un prêtre : Glazran an Ruzec. Elle-même remplacée
par celle de Bertrand Aultret. Les ossements allaient en l'ossuaire.
• La dame de Breuil, Anne de Hirgars, épouse du chevalier Louis
de Lesac y était inhumée dans les conditions que l'aveu de 1664 décrit
: « Une tombe enlevée au milieu du choeur, joignant de temps immémorial
le balustre du grand autel, lors depuis douze ans que le maître-autel
a été porté joignant le pignon et la vitre orientale. de la dite église,
à cause de quoi elle se trouve éloignée du dit balustre d'environ trois
pieds. La tombe est armoyée d'écusson portant trois pommes de pins qui
sont les armes du Hirgarz ; dans le soufflet de la principale vitre, elle
a deux écussons : d'or à 8 pommes de pins d'azur, et au bas de la dite
vitre, côté de l'Epître, deux jours où se voient deux priants dont les
cottes d'armes sont chargées des mêmes armes »
• Le 3 novembre 1550, la chapelle de la Trinité fondée par
Rioc Baussand est réemployée par la dépouille du prêtre Luc Lanbilu.
Les paroissiens non donateurs, ou insuffisamment généreux, avaient pour sépulture une place dans le cimetière gratuitement, mais si l'on glissait la piécette on pouvait espérer avoir les pieds sous les fondations. L'indigent connaissait la fosse...
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