L'Anse du Veryac'h (1). La Pointe de Pen-Hir protège des démons du large.
L'anse de St Nicolas (2). Une anse est une côte courbe souvent protectrice des vents dominants. Se mettre à l'abri des vents d'Ouest en ce qui concerne la presqu'île de Crozon.
Mouillage secondaire de Porzh/Porz Naye (3), Pointe du Toulinguet Nord. Suite à une grande marée, la mer a léché la falaise argileuse (coulée de l'ère post-glaciaire). La mer jaunit quelques heures.
Mouillage secondaire de Pen-Hat (4). Toulinguet Sud.
1 - Anse du Veryac'h.
2 - Anse de St
Nicolas. 3 - Porz
Naye. 4 - Porz Pen-Hat/Had.
5 - Estuaire du ruisseau de l'Aber.
Les mouillages "rouges" réunissaient deux
à trois cent barques à l'ancre au plus fort de l'activité. Les mouillages
"oranges" comptaient quelques dizaines au
plus. En hiver, les pêcheurs sortaient uniquement quand ils avaient la
certitude de conditions climatiques décentes. Pour les Presqu'îliens qui
ne pouvaient pas s'abriter à leur port d'attache par manque de place,
l'estuaire de l'étang de l'Aber était un hivernage
satisfaisant en attendant les beaux jours.
La pêche à la sardine fut la pêche de survie des Presqu'îliens.
Pour se faire, les habitants du littoral étaient propriétaire d'une barque
sardinière ou embarquaient pour un patron sur une embarcation. Les Romains
pratiquaient cette pêche et conservaient le produit dans des cuves à salaison.
Avant eux, les Gaulois devaient en être...
La pêche s'emballa quand elle devint « industrielle ». Progressivement
au cours du 19ème siècle, plutôt que d'en faire une consommation locale,
certains investisseurs pensèrent en faire des conserves. La fameuse sardine
à l'huile ! Qui dit conserveries, dit volumes de poissons toujours plus
importants et malheureusement vendus à petits prix aux conserveurs. Pour
assurer ce volume quotidien en dehors de la période hivernale, les pêcheurs
de sardines embarquaient tous les jours (sauf le jour de réparation des
filets et d'entretien du bateau, le samedi) et revenaient au plein le
plus tôt possible dans la journée. Les épouses travaillant pour les conserveries
préparaient les sardines le soir en usine. Conserveries
à Morgat, Crozon
et Camaret.
Dans cette pêche effrénée, la méthode du mouillage de pêche – mouillage
forain dédié à la pêche – fut une pratique qui vécut jusqu'à ce que
les conserveurs allassent dans les colonies africaines fabriquer les mêmes
productions de conserves à bas prix, soit jusqu'à l'avant seconde guerre
mondiale.
Dans le détail, les pêcheurs Morgatois n'ayant plus de place au port et
les pêcheurs de Douarnenez se regroupaient en un mouillage intense –
« stationnement des barques sur l'eau » – dans l'Anse de St Nicolas,
proche du Cap
de la Chèvre, la veille au soir du départ pour la journée de pêche.
Les pêcheurs Camarétois vivaient la même situation avec pour zone de mouillage
l'Anse du Veryac'h qui voyait aussi des pêcheurs de Douarnenez s'adjoindre
à la flottille.
Après une nuit sous la voile tendue en tente sur la bôme – barre (espar
de bois) horizontale tenue au mât et tendant le bas de la voile – après
une soupe matinale au réchaud de charbon de bois, la course aux bancs
de poissons commençait au large. Il y avait les bons jours, et les mauvais,
jusqu'à la disparition provisoire de la sardine – crise
sardinière – qui provoqua la famine dans le Finistère tout entier.
Le mouillage de pêche avait pour fonction de mettre en position avancée
les pêcheurs dès le lever du jour. Pour les pêcheurs Douarnenistes, ils
évitaient la traversée d'une heure de la baie par vent favorable... Pour
les locaux, sortir d'un port était toujours long. Et puis, ces anses avaient
l'avantage les jours d'instabilité de protéger les barques de la houle,
et des grains violents qui annonçaient le mauvais temps. Pouvoir renoncer
s'il le fallait sans s'exposer, épargnait des vies.
Après la période faste, le déclin, qui ne cessa jamais même si de plus
en plus de barques sardinières étaient motorisées. Une modernité qui ne
changea rien à la disparition des mouillages de pêche. La boîte sardine
est devenue la nourriture du pauvre, la démocratisation du produit de
luxe ayant fait œuvre de banalisation.