A la fin du XVI (16) ème siècle ainsi qu'au début du XVII
(17) ème siècle, les chapelles sont construites en toutes les paroisses
de la presqu'île de Crozon. Le financement est géré par la fabrique –
fabrica – conseil de fabriciens laïques qui réunit les fonds à partir
des revenus de la paroisse.
A la lecture du relevé des revenus du diocèse de Quimper en 1789, on comprend
que les 25 000 livres émanant des chapelles, composées des quêtes, dons
et offrandes des troncs, constituent une part congrue des recettes, soit
3,16%. Les quêtes durant les offices provoquent le geste obligé des paroissiens.
Les dons viennent en remerciement de « miracles privés » que les familles
croyantes rétribuent auprès de leur curé. Quant aux troncs, ces tirelires
tous publics permettent de recueillir des dons en numéraire, souvent des
pièces de monnaie soit pour l'église, soit au travers d'une offrande pour
un-e saint-e dont on réclame une protection selon son patronage ! L'achat
de cierges peut matérialiser la prière d'une attente.
L'installation de plusieurs troncs dans une chapelle ou une église propose
une diversité de choix de requête et de prière pour le paroissien qui
souhaite donner quelques pièces en dehors des offices. Les chapelles étaient
ouvertes à la prière dans la journée de sorte que se recueillir à volonté
était possible. La pratique n'était cependant pas d'une grande rentabilité.
Les chapelles tréviales étaient élevées dans des zones éloignées des bourgs
et touchaient une population éparse pauvre contrainte d'aller à l'église
le dimanche afin de ne pas être suspectée d'incroyance qui mettait celui
ou celle qui le faisait savoir, au ban de la société. La noblesse et la
bourgeoisie préféraient rejoindre les églises en vue en voiture hippomobile.
On donnait beaucoup et on savait le faire savoir. Les curés savaient tout
autant agir sur les leviers des orgueils des généreux donateurs, les principaux
contributeurs qui finançaient l'église.
Les troncs sont de solides boîtes accrochées ou insérées dans un support
tout aussi solide pour éviter le pillage.
Le film « Un drôle de paroissien » de Jean-Pierre Mocky dévoile les pratiques
de l'acteur Bourvil interprétant un pilleur de tronc de belle éducation.
Cette comédie cinématographique de 1963 n'est pas restée sans disciple,
le vol avec adhésif est encore pratiqué et régulièrement quelques impies
terre-à-terre se font arrêter la tige et le chewing-gum en main. Sans
dégradation du tronc le tarif est de six mois de prison avec aménagement
de peine ; avec dégradation du tronc, selon la méthode brise-fer, l'amende
va jusqu'à 75000 € avec de la prison ferme...
Reste à choisir le tronc mirifique car certains troncs attirent les dons
alors que d'autres sont oubliés y compris par St Jude, patron des causes
difficiles... Par le passé, les saints romains peinaient à faire fructifier
leur aura tandis que les saints bretons provoquaient un certain enthousiasme
dans la limite de la pauvreté presqu'îlienne que les curés devaient rapporter
à l'évêque contrarié du manque de générosité des paroissiens de Crozon...
Bien des curés s'apitoyèrent sur leur plan de carrière, car rapporter
peu, rapportait d'autres cures aussi démunies et éloignaient les ambitions
de l'évêché.