Pas de boîte aux lettres. On peut s'offrir, pour qui peut,
un commissionnaire pour que la lettre soit postée à Crozon pour 10 à 15
sous – une fortune. Pas de registre d'état civil, on nait ou on
meurt à discrétion. Entre Lanvaux et Crozon rien que de la boue dans de
vagues chemins vicinaux. La section cadastrale de Lanvéoc est sous la
coupe de Crozon bien éloigné. Les notables de Crozon faisant affaires
à Lanvaux ne veulent pas entendre parler d'une séparation définitive par
crainte de perdre le contrôle de leurs autorités affairistes. Seul un
conseiller municipal de Lanvéoc siège en mairie de Crozon... Un certain
Mr Jamault est nommé adjoint spécial de Lanvéoc, troisième adjoint du
maire de Crozon, sur suggestion préfectorale avant la nouvelle ère ! La
manœuvre consiste à faire taire la dissidence qui ne s'éteint pas et se
renforce davantage. Crozon perçoit différents droits des terres, des biens,
des marchés de la section de Lanvéoc, un revenu intéressant.
En 1864, une démarche des Lanvéociens auprès du préfet échoue sauf sur
un point : la création d'une section locale d'état-civil. Maigre consolation
mais c'est aussi un premier signe d'autonomie, une première victoire.
Le nouvel adjoint spécial Jean-Claude Gaonac'h tiendra le registre. Des
manœuvres dans les deux camps accumulent les tensions; le maire de Crozon,
Hervé Louboutin, n'apprécie guère les gesticulations lanvéociennes. Pourtant,
les petits budgets d'aménagement de Crozon servent Crozon et oublient
Lanvéoc en tout. La préfecture le constate à force de recevoir des plaintes
et des complaintes des habitants. La municipalité crozonnaise conteste
la cabale : les Crozonnais se saignent pour le confort des Lanvéociens
paraît-il. L'affaire se complique, les habitants d'Hirgars et de Saint
Laurent ne veulent pas être rattachés à Lanvéoc pour cause de relations
commerciales privilégiées avec Crozon.
D'un point de vue légal, le quartier de Lanvéoc est assez peuplé selon
la circulaire ministérielle du 29 août 1849. La succursale de Lanvéoc
est dotée de 13 auberges, d'un hôtel et de 400 habitants "au bourg". Dans
cet état d'esprit de juste droit, une nouvelle pétition passe dans les
mains du préfet, puis par la salle du conseil municipal de Crozon. Bon
sens ou miracle, on ne le saura jamais, l'unanimité vote en session extraordinaire
l'érection de Lanvéoc en commune, le 15 octobre 1871.
Le député Pompery organise une première élection municipale qui aboutit
à la nomination du premier maire de Lanvéoc, Jean-Claude Gaonac'h, habitant
le Hellen, le 18 juillet 1872. Premier conseil municipal lanvéocien, le
3 septembre 1872. Après l'euphorie, le désenchantement, les finances de
la nouvelle commune sont bien insuffisantes pour assumer tous les travaux
à effectuer, la rémunération d'un maître et d'une maîtresse d'école, la
finalisation de la nouvelle chapelle, la création d'un nouveau cimetière...
Plus problématique encore, les bateaux qui livraient et chargeaient ne
viennent plus à Lanvéoc. Tout se passe au Fret dorénavant. On fait payer
l'indépendance au prix fort. A Crozon, on hurle au scandale; tant que
la mairie de Lanvéoc ne sera pas suffisamment dotée, les fonctionnaires
de la nouvelle commune seront payés par Crozon.
Le nouveau maire veut un môle décent pour des navires d'un tonnage nouveau...
faute de finances cela reste lettre morte. Le premier maire de Lanvéoc
se bat sur tout avec peu de moyens et meurt en 1879. L'accueil portuaire
ne sera jamais mené jusqu'au bout de ce qu'il aurait fallu. Le Fret rayonne,
Lanvéoc décline jusqu'à ce que l'armée investisse la commune et installe
une base navale à partir de 1930.
Lanvéoc à découvrir :
Aller à l'essentiel
Le port, ses cales, sa plage...
Par curiosité
Rue Casse-cou/du Fort et pierre lapidaire Beulin / Folgar
Histoire
Création de la commune de Lanvéoc et premier maire
Patrimoine militaire