Jusqu'à la fin du 19ème siècle, les pêcheurs camarétois posaient des casiers à la pointe du Toulinguet afin de relever le lendemain des langoustes vertes. Pêche facile, de proximité, mais qui se vendait mal tant la langouste n'était pas appréciée du fait de son manque de conservation. L'épuisement de la ressource se fait ressentir à partir de 1890 environ. Une zone probablement fréquentée par Toussaint Le Garrec pêcheur.
Toussaint Le Garrec, un nom de rue de Camaret-sur-Mer qui
fait référence à un patron pêcheur de la fin du 19ème siècle lors de la
première mutation de la pêche à la langouste ou à un poète bretonnant
(1862-1939) entre deux siècles à une période où les élèves des écoles
sont interdits de toute expression bretonne.
Ce dernier, juge de paix, a connu une certaine célébrité régionale par
ses pièces de théâtre et ses poèmes reconnus de l'élite armoricaine, rédigés
en breton central. En effet, la langue bretonne n'est pas uniforme et
chaque évêché a ses nuances, voire ses incompréhensions.
Une œuvre parmi d'autres : « 1901. Ar Vezventi, Tragédie contre l'alcoolisme
» présentée au Concours de l'Union Régionaliste Bretonne créé par Mme
Web et dont Toussaint le Garrec fut le lauréat à plusieurs reprises.
Les deux personnages homonymes ont le prénom d'origine latine « Totus
Sanctus » – « Tous les Saints » – « Toussaint ». Prénom fréquent
au 19ème et 20ème siècle...
Quant au patronyme breton, essentiellement finistérien, de « Le Garrec
» il convient à celui qui a « de Grandes Jambes » littéralement.
Le destin du pêcheur est aussi celui d'une certaine notoriété côtière
du Bout du Monde – Penn ar Bed – Finistère et plus précisément en Camaret-sur-Mer.
La pêche régulière de la langouste verte des côtes s'effectue avec des
barques sardinières réaménagées à chaque occasion et constitue une pêche
d'appoint à celle de la sardine bien plus légitime selon les états d'esprit
de l'époque.
La langouste se vend alors à la douzaine entre 18 fr (francs) et 25 fr
selon la taille. Le pêcheur s'adresse aux mareyeurs de son port qui vont
déposer les crustacés dans les viviers flottants avant de revendre un
produit pour lequel il faut trouver un débouché rapide.
La langouste est peu connue en gastronomie du fait qu'elle n'est pas encore
commercialisée ou peu commercialisée loin des zones de pêche. Elle ne
se conserve pas comme la sardine, elle est donc sous-estimée. Néanmoins,
à Camaret-sur-Mer ce sont les « étrangers », les artistes
et la communauté intellectuelle souvent venue chercher l'inspiration en
Bretagne durant l'été bien que venus de Paris prioritairement, qui apprécient
le crustacé et qui le font savoir. La bourgeoisie brestoise se laisse
séduire peu à peu.
Les pêcheurs camarétois vont sur la Mer d'Iroise au-dessus des plateaux
rocheux côtiers et ramènent des langoustes dans une quantité modeste mais
pourtant suffisante pour amoindrir la ressource. En 1896, la langouste
de la presqu'île de Crozon brille par son absence sous-marine.
Toussaint le Garrec, patron reconnu, cherche des alternatives afin de
poursuivre la pêche de la langouste car les cours de la sardine vendue
au mille sont variables entre 4fr en période d'abondance et 6fr en période
de manque pour des pêches parfois frugales.
Après la période des côtes presqu'îliennes, quelques pêcheurs osent aller
sur le plateau de Sein qui va vite s'appauvrir aussi.
1898 : Toussaint le Garrec fréquente les débits de boissons de l'île de
Sein et apprend incidemment qu'un pêcheur sénan, le patron Milliner, fait
facilement de la langouste rouge bien plus au Sud. Le Garrec suit discrètement
avec son sloop
« Marcel Eleonore » de moins de 10 mètres, avec vivier (une modernité
pour une petite embarcation), sorti du chantier naval à Camaret en mars
et perd de vue le senan en mer une première fois mais à la fois suivante,
dans la brume,
Le Garrec parvient sur la zone mirifique : le plateau de Rochebonne (97
km² - Ouest de l'île de Ré - 100 km de la côte) qui va devenir l'eldorado
de la langouste rouge durant trois ans.
La nécessité de couchage à bord pour faire un aller-retour en sloop langoustier
avec des casiers de surcroît va imposer de faire évoluer la construction
navale vers des bateaux plus grands, à viviers de fortes capacités. Si
Toussaint le Garrec va pouvoir se faire construire d'autres embarcations
grâce aux bénéfices de la langouste (17 000 fr en six mois de mars à septembre
1898), si les mareyeurs multiplient les flottes, les pêcheurs sardiniers
les plus démunis souffrent financièrement, obligés qu'ils sont de poursuivre
dans la sardine pour beaucoup d'entre-eux. Dès lors le visage de pêche
professionnelle va changer partout en presqu'île de Crozon.
Après Rochebonne vite épuisée, les pêcheurs camarétois vont s'approcher
des côtes anglaises... Toussaint Le Garrec, selon la tradition locale,
a donc ouvert les états d'esprit vers des horizons plus vastes que ceux
de la presqu'île de Crozon. Pierre Le Douguet, Jean Lastennet, Pierre
Meillard et bien d'autres viendront sur zone une fois que le secret de
Toussaint Le Garrec sera éventé par la presse locale qui répercute les
exploits de la pêche par des suivis de criées telle que celle du Croisic
où Le Garrec vend ses trésors crustacés avant de rentrer à Camaret.
En 1935, le port de Camaret est le premier port langoustier de France.
Ainsi donc, deux personnalités possibles pour un seul nom de rue de Camaret...
Les deux hommes appartiennent au patrimoine immatériel de la région Bretagne...
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