Vauban y espérait une batterie lourde afin qu'aucun navire
qui se serait infiltré dans la rade ne puisse échapper à un feu de canons
où qu'il soit grâce aux différents forts envisagés. Louis XIV passe outre
la recommandation Brest est suffisamment défendu. En 1694, un point de
défense en baraquements est installé sommairement sur la butte de Lanvéoc.
Plus tard, le fort de Lanvéoc est prévu de construction par l'ingénieur
du génie Dajot qui estime que la défense de Brest nécessite des forts
sur les pointes avancées de la rade de Brest. Une première version du
Fort est élevée en 1774 sur les lieux même d'un très ancien château féodal
du comte de Crozon. En effet, le site est un monticule naturel permettant
une certaine domination des alentours.
Sous l'ancien régime, le chef d'escadre percevait un dû sur chaque feu
de Lanvéoc, et commandait le fort et les deux fours à chaux. Ce droit
féodal s'appelait l'afféage et fut détenu, par exemple, en 1784 par Le
Jar du Clesmeur de Crozon.
Ensuite le fort décline dans son importance stratégique. A l'écroulement
du second empire, Brest redevient une place stratégique et ceci jusqu'à
la seconde guerre mondiale. En 1878, de gros travaux de modernisation
sont accomplis, dont la porte principale qui en est le symbole. Le fort
est basé sur une construction haute et des fortifications en gradins qui
"tombent" dans la mer pour épouser la déclivité. Une batterie lourde est
enfin installée sur la hauteur face à Brest. Dans les faits, le fort n'aura
aucune utilité et sera un camp de prisonniers militaires et civils lors
de la première guerre mondiale. Le fort fut atteint par les bombes en
1944.
Le fort de Lanvéoc devient une prison pour une élite
civile d'origine allemande, autrichienne et hongroise qui transite ou
vit en France lors de la déclaration de la première guerre mondiale. Des
bateaux navigant sur les eaux territoriales sont arraisonnés afin d'opérer
des opérations de police, la chasse à l'ennemi civil d'importance est
ouverte.
Le fort à vocation de soutien logistique, jamais utilisé, est équipé de
grands bâtiments de casernement en son centre qui deviennent une "résidence
surveillée" pour le "gratin germanisant" qui se voit facturé son séjour,
sa nourriture, ses frais de garde. Ces prisonniers de luxe ne semblent
pas avoir été maltraités en dehors d'une cruelle privation de liberté
parfaitement arbitraire. Le confort est "adapté à la demande" mais la
consigne à la chambre est appliquée en cas de rebuffades. La menace d'un
camp d'internement plus rude plane chaque jour.
Le camp est dirigé par un civil du nom de Gustave Vernoux qui porte le
titre de chef de dépôt. La prison de Lanvéoc a un sous-chef, un comptable
et quelques agents de surveillance. La cuisine est faite par les prisonniers
eux-mêmes et les produits viennent des commerçants de Lanvéoc. Un prisonnier
coûte 71 centimes par jour pour son alimentation et 23 centimes pour le
bois de chauffage et les produits de première nécessité. Chaque interné
a le droit d'acheter un litre de vin par jour.
Ces internés sont ni plus ni moins des otages susceptibles d'être échangés
contre des Français résidant en Allemagne et subissant un sort similaire.
Parmi les 97 personnalités présentes en 1916 dans le camp d'internement
: Hilscher et Fuhrmann industriels, les frères Newmann joalliers à Paris,
Hermann Mumm* propriétaire des champagnes éponymes, le comte Luckner peintre
descendant du Maréchal de France Luckner, Otto Seligmann peintre, le docteur
Pfeiffer ex vice-consul des Etats-Unis, Wolf éditeur d'art, etc. Sinon,
il s'agit de personnes civiles d'un milieu bourgeois, voire scientifique
mais n'ayant pas un nom aussi prestigieux.
A la fin de la guerre, 88 Allemands, 18 Autrichiens et 40 Hongrois sont
encore en captivité.
Une présence militaire modeste sert deux batteries. 4 canons 24C modèle
1870 et 6 canons de 90C mm.
Les seuls contacts extérieurs autorisés par l'administration sont le courrier
postal, enveloppe non cachetée ou carte postale. L'affranchissement est
au frais de l'expéditeur. Le courrier rédigé en allemand ou en français
exclusivement est remis en préfecture de Quimper pour être censuré puis
restitué à la poste. La poste ferme les lettres pour les envoyer au ministère
des affaires étrangères si le courrier a un destinataire non ennemi hors
de France. Le ministère se chargeant de la distribution selon les ambassades
alliées ou neutres. Pour le courrier destiné à "l'ennemi", les lettres
sont envoyées en Suisse au comité de la Croix Rouge qui finalise la redistribution.
Le contenu des lettres doit être anodin, autant dire dilué dans la description
d'un quotidien répétitif. Aucune critique n'est permise, aucune contestation
n'est autorisée et bien évidemment la moindre allusion politique est impensable.
* Hermann von Mumm tente d'acheter le droit d'être transféré en Suisse pour raison de santé et fait appel quotidiennement à un médecin de Crozon pour qu'il constate la dégradation de son état que le praticien trouve excellent. Le sinistre boche, appellation de la presse de l'époque, parvient à faire entrer une demi bouteille de champagne dans un paquet au prisonnier provenant de sa sœur. La bouteille est découverte par les gardiens et remise en préfecture au titre de pièce à conviction. Elle aurait été détruite par les autorités françaises officiellement.
°°°
La défense côtière avant 1939
Motte féodale de Rozan Crozon • Château-fort de Castel bihan Poulmic Lanvéoc • Bataille de Trez Rouz Camaret • Milice garde-côte • 1404 la chute de l'Anglais à Lam Saoz Camaret • L'Hermione • Batterie de Dinan Crozon • Vieille Batterie Roscanvel • Sous-marin Nautilus de Robert Fulton Camaret • Corvette Chevrette • Garde-pêche • Tours modèle 1811
Corps de Garde 1846 / Fort : Aber Crozon • Camaret Camaret • Kador Morgat • Postolonnec Crozon • Roscanvel Roscanvel • Rulianec Morgat • Loi de déclassement des corps de garde 1846
Circulaire du 31 juillet 1846 • Loi du 17 juillet 1874 - système Séré de Rivières • Loi du 3 juillet 1877 - réquisitions de l'armée
Goulet de Brest • Postes de projecteur du Goulet Roscanvel • Lunette à micromètre G de côte • Télémètre Audouard • Les postes de télémétrie Audouard 1880 : Kerviniou • Capucins Sud réemployé • Capucins Sud • Capucins • Capucins Nord • Stiff • Espagnols Sud • Espagnols • Poste d'observation 1920 de Cornouaille Roscanvel
Batteries : Basse de Cornouaille Roscanvel • Batterie de Beaufort Roscanvel • Haute de Cornouaille Roscanvel • Poul Dû Crozon • Mort Anglaise Camaret • Capucins Roscanvel • Kerbonn Camaret + projecteur Camaret • Réduit de Kerbonn Camaret • Kerviniou Roscanvel • Pen-Hir Camaret • Tremet Roscanvel • Ty-Du Morgat • Portzic Crozon • Stiff Roscanvel • Pourjoint Roscanvel • Haute Pointe des Espagnols Roscanvel • Petit Gouin Camaret • Sud des Capucins Roscanvel • Batteries hautes des Capucins Roscanvel • Batterie de rupture ou bombardement • Batteries haute et basse du Kador Morgat • Rouvalour Crozon • Batteries Est de Roscanvel Roscanvel • Batterie du Run / Pont-Scorff Roscanvel • Batterie de l'Eglise Roscanvel • Batterie de Bégéozû Roscanvel • Batterie de l'île de l'Aber Crozon • Batterie extérieure de la Tour Vauban Camaret
Cabines téléphoniques de batterie • Camp Sanitaire des Capucins Roscanvel • Casernement bas de la Pointe des Espagnols Roscanvel • Casernement haut de la Pointe des Espagnols Roscanvel • Abri groupe électrogène Roscanvel • Fortifications de la Pointe des Espagnols Roscanvel • Casernement de Kerlaër Roscanvel • Casernement de Lagatjar Camaret • Baraquement Adrian • Carrière • Ile Trébéron et île aux Morts • Les piliers des terrains militaires • Île Longue avant 1939 • Camp d'internés de l'Île Longue • Borne • Chemins de service Roscanvel • Créneau à lampe • Créneau de tir • Réduit de Quélern Roscanvel • Lignes de Quélern Roscanvel • Caserne Sourdis & cale Roscanvel • Fort Robert Roscanvel • Ilot du Diable Roscanvel • Lignes de Quélern Ouest Roscanvel • Mât à pavillon • Tirs à la mer pavillon rouge • Niche pareclats • Pointe des Espagnols - Ligue Roscanvel • Postes de Douane • Poste d'inflammation des torpilles Roscanvel • Poudrière de Quelern Roscanvel • Sémaphore • Station TSF Roscanvel • L'arrivée de la téléphonie dans les postes d'observation • Repère d'Entrée de Port R.E.P. Roscanvel • Les Ancres de Roscanvel Roscanvel
Les forts : Fraternité Roscanvel • Landaoudec Crozon • Lanvéoc Lanvéoc • Toulinguet Camaret • Crozon Crozon • Caponnière
Canon de 47mm TR Mle 1885-85 • Canon de 65mm TR Mle 1888-91 • Canon de 75mm Mle 1908 • Canon de 95mm Lahitolle Mle 1888 • Canon de 100mm TR • Canon de 32 cm Mle 1870-84 • Canons de siège et place • Histoire et évolution des calibres des canons • Four à boulets • Abri du champ de tir de l'Anse de Dinan • Les boulets • La poudre B • Tir à ricochets • Munition calibre 12.7mm SF • Les pierres de guerre
Cam 59 Camaret • La BAN de Lanvéoc-Poulmic Lanvéoc • La ligne d'artillerie terrestre de 1914 • Flotte Tardieu
Position de DCA en presqu'île avant 1939 • Batterie de DCA de Kerguiridic Crozon • Batterie de 100mm Pointe des Espagnols Roscanvel • Projecteur et écoute de Pen ar Vir Lanvéoc • Projecteur et écoute du Grand Gouin Camaret • Abri de projecteur de la Pointe des Espagnols Roscanvel • Station d'écoute aérienne de Messibioc Lanvéoc • Autres positions françaises de projecteurs
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Avant 1939 • 1940-1944 • Après 1945 • Destins de guerre