Le premier acte de résistance de la presqu'île de Crozon
répertorié de manière officielle dans les archives du 2ème Bureau à Londres,
Bureau du renseignement militaire créé en juillet 1940 suite à l'appel
à la résistance du général
de Gaulle le 18 juin 1940 qui déclenchera le mouvement de la « France
Libre » est celui de Jacques Mansion.
Pour revenir au contexte de l'époque, il faut rappeler quelques dates.
La seconde guerre mondiale débute en 1939 et arrive à Brest ainsi qu'en
presqu'île de Crozon le 19 juin 1940. Jusqu'alors, durant les premiers
mois du conflit, les Presqu'îliens voient cela de loin, puis, virent dans
l'angoisse en ce funeste mois de juin sachant que les tortionnaires allemands,
tels qu'ils sont réputés, approchent dangereusement. Jusqu'alors, on se
contentait d'être pro Maréchal Pétain si l'on était de droite, ou pro
socialiste ou communiste s'il on était de gauche. La guerre se faisait
au comptoir. Il n'y a donc pas de résistance en presqu'île, simplement
des témoins d'une époque tragique. Les transferts des militaires français,
anglais et polonais... en panique au port de Camaret, vers des navires
de guerre français à Ouessant, ceci à bord de barques sardinières, les
15, 16, 17 et surtout 18 juin, ne sont pas considérés comme des actes
de résistance de la part des pêcheurs camarétois sachant que les Allemands
n'occupent la presqu'île qu'à partir de 12h15 le 19 juin.
Début juillet 1940, des tracts sont diffusés par des jeunes locaux. Tracts
communistes anti-nazis vite décollés des murs... Quelques pêcheurs sont
partis pour l'Angleterre par bateau de pêche. Quelques crispations entre
les autorités allemandes et françaises inquiètent les habitants. Rien
de bien significatif.
Jacques Mansion (1914-1990) d'origine francilienne, installé comme commercial
chez un négociant en vin d'Algérie à Brest est mobilisé en 1939 et se
trouve blessé dans la région de Nancy par une mine anti-char française
en avril 1940. Soigné, guéri mais réformé, le militaire n'accepte pas
la défaite et rejoint Londres le 17 juin et se met à la disposition du
service de renseignement français expatrié. Après une enquête sur sa légitimité
et ayant vécu en région brestoise, il est désigné agent de renseignement
pour la presqu'île de Crozon dès juillet 1940.
Les Anglais attendent l'invasion des îles britanniques par les troupes
d'Hitler. Certains prétendent que la chose est impossible faute de marine
suffisante, d'autres affirment le contraire. La ville de Brest est reconnue
pour être une base arrière dans le projet d'attaque de l'Angleterre. Les
Anglais veulent savoir si les Allemands stockent du gaz de combat en presqu'île
et quels moyens de défense emploient-ils pour soutenir la forteresse de
Brest. La nomenclature des troupes d'occupation de Brest et sa région
donnerait une indication sur les intentions belliqueuses de l'armée allemande.
L'agent de renseignement est envoyé par une vedette militaire anglaise
sur les côtes de Morlaix (Plougasnou). La brume empêche la finalisation
de l'infiltration, retour au point de départ. Nouvelle tentative à partir
du port de Penzance (19 juillet – date variable selon les sources), cette
fois à bord d'un bateau de pêche français avec un retour par bateau de
pêche (5 septembre – date variable selon les sources). Jacques Mansion
– dit « Jack » – est le premier* des cinq agents envoyés par le
Général de Gaulle en France (Maurice Duclos – Calvados, Alexandre Beresnikoff
– Normandie, Pierre Fourcaud – Côte Atlantique Sud, Gilbert Renault –
futur Colonel Rémy installe le premier poste radio en Bretagne). La priorité
du général est d'abord de rameuter les forces françaises dans les ports
libres de l'Afrique du Nord.
La mission de Jacques Mansion est avant tout une « politesse » à l'égard
des services britanniques qui s'inquiètent de l'avenir du royaume. Jacques
Mansion est discrètement déposé au cap
de la Chèvre (de nuit selon certaines sources) au pied d'une falaise
tenue par l'armée allemande. On peut supposer qu'il ait enfilé une tenue
de pêcheur identique à celles de ses convoyeurs pour passer inaperçu.
Le Brestois d'adoption répertorie la nature des troupes
allemandes qui après l'avant-garde parachutiste s'est muée en troupe
de forteresse. Des troupes statiques conventionnelles non destinées à
des attaques commandos. Quant au matériel allemand de côte, tout est en
chantier en situation de campagne, l'heure des bunkers n'a pas encore
sonnée. Quelques batteries françaises sont immédiatement investies. Des
artilleurs allemands dorment sous la tente proche de leur canon en position
provisoire. Il est probable que les détails rapportés par Jacques Mansion
et mentionnés sur des cartes élaborées par lui-même, aux services secrets
anglais – Intelligence Service – aient été analysés comme une force
d'occupation et non comme une force stratégique.
Certaines sources suggèrent que Jacques Mansion aurait eu un contact avec
un opérateur radio sur place mais le trouvant trop voyant, il s'en serait
méfié puis l'aurait écarté. Par contre les pérégrinations presqu'îliennes
se sont certainement faites avec des complicités locales favorables à
l'esprit de résistance d'ailleurs, l'agent serait revenu en Angleterre
avec quelques bonnes adresses de personnalités de confiance, pour plus
tard, au cas où...
Le réseau
de résistance « Johnny » enquêtera plus tard sur les gaz et brouillards
artificiels utilisés par les Allemands pour défendre le Goulet
de Brest.
La résistance de la presqu'île sera d'abord une organisation d'exfiltration
des pilotes alliés et de renseignements. Impossible de combattre directement,
au plus fort de l'occupation, il y a plus d'Allemands que de Français
en presqu'île de Crozon.
* Historiquement Jacques Mansion est le premier agent français de la France
Libre a avoir foulé le sol Français, en l'occurrence la presqu'île de
Crozon. Cependant un autre Français, l'officier Hubert Moreau, directement
employé par l'Intelligence Service l'aurait précédé dans un autre contexte.
En définitive, les services secrets anglais ont certainement eu recours
à des agents français dès le début de la guerre voire dans les mois qui
précédèrent la déclaration de celle-ci. Ces agents n'avaient pas le statut
de résistants.
Destins de guerre
19 juin 1940 premier jour d'occupation allemande
Qui a construit le Mur de l'Atlantique de la presqu'île de Crozon ?
Sous marins Naïade Q015 et Q124
Monument aux morts de Landévennec
3 frères morts pendant la grande guerre
L'arraisonnement du Nieuw Amsterdam
Croiseur cuirassé Kléber et sous-marin allemand UC-61
Déporté politique et déporté résistant
25/26 août 1944 bombardement de Roscanvel
3 septembre 1944 bombardement de Telgruc
Le 248 RI 208ème compagnie et 5ème Bataillon en 1940
La bataille de l'Ailette le 5 et 6 juin 1940
Bataillon de FTP - Franc-tireur-partisan
Derniers actes de résistance avant la Libération
La bataille navale de Casablanca
L'Emigrant sous protection allemande
Départ des marins pêcheurs résistants vers l'Angleterre
Georges Robin de l'I A de Camaret
Bateaux de Camaret arraisonnés ou mitraillés par la Royal Navy et la RAF
La Suzanne-Renée - Réseaux d'évasions des pilotes Américains et Anglais de la WW2
Les tombes du Commonwealth de : Camaret - Crozon - Lanvéoc - Roscanvel
Poste avancé Toul ar Stang : Russes blancs
Les forces américaines de la libération de Brest et Crozon
Les forces allemandes lors de la libération de Brest et Crozon
Les légions étrangères allemandes présentes en Crozon
Officier mécanicien Capitaine Jean Tassa
Camp de prisonniers de Rostellec
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