Le 25 août 1944, alors qu'il pleut des bombes et des obus
sur Brest et sa région (Brest Süd Presqu'île de Crozon), les autorités
allemandes expulsent de force les habitants de Rostellec. Pas le temps
de prendre des affaires, de piteux camions réquisitionnés emmènent les
familles vers la Pointe de Dinan prétendument plus paisible. Moins confrontée
au déluge de feu, c'est certain mais les quelques fermes de Dinan et la
population dans son ensemble crient famine. Quelques familles sont relogées
dans les environs du Fret : les filles dès l'âge de 15 ans sont réquisitionnées
en tant qu'aides-soignantes et bonnes à tout faire dans le camp sanitaire
du Fret dans lequel des soldats Allemands estropiés, la plupart venant
du siège de Brest, sont soignés par les médecins germaniques submergés.
Immédiatement, le hameau est envahi par des soldats Allemands de formation
administrative, de forteresse, des sexagénaires parfois, des déficients,
etc. Ils ont ordre d'accueillir des prisonniers Américains et Anglais.
Les premiers sont des soldats d'infanterie s'étant infiltrés dans Brest
pour déloger les parachutistes Allemands qui tiennent le siège. Ces incursions
dans la ville assiégée ont pour but de tester la résistance allemande.
L'Etat Major américain préférerait une reddition allemande pour ne pas
accumuler des pertes humaines inconsidérées. L'Etat Major allemand tente
de gagner du temps pour organiser un repli vers la presqu'île de Crozon.
Les intrusions américaines occasionnent des victimes et des prisonniers
dans des combats d'immeuble à immeuble. Le commandement allemand ne peut
pas constituer un camp sur Brest en pleine lutte, c'est officiellement
interdit par la convention de Genève et fortement encombrant de toutes
les manières. Les soldats Américains blessés sont évacués vers le Fret
par des vedettes sanitaires allemandes. Les soldats Américains valides
sont quant à eux envoyés dans le tout nouveau camp de prisonniers.
Le 27 août 1944, l'Etat Major allemand de la forteresse de Brest prévient
l'Etat Major Américain qu'un camp de prisonniers est constitué à Rostellec
et que de fait, le lieu ne peut faire l'objet d'aucune attaque. Le camp
est délimité par des drapeaux blancs. Chaque jour des vedettes ou des
bateaux de pêche réquis, traversent la rade dès qu'il y a une accalmie,
et débarquent des prisonniers. Ils sont essentiellement Américains, et
dans une moindre mesure des Anglais /Canadiens /Australiens (équipages
de la RFA abattus par la Flak DCA allemande), ainsi que quelques soldats
Italiens qui se sont égarés dans les méandres de la politique. Un petit
contingent italien se bat à Brest avec les Allemands alors que l'Italie
s'est rangée avec les alliés de la France depuis septembre 1943. Parmi
ces Italiens fascistes, certains le sont moins et deviennent des prisonniers
ménagés. Une poignée de résistants Français et un milicien font partie
de ce regroupement hétéroclite.
Les prisonniers Français sont dans un bâti à l'écart et sont assujettis
aux basses besognes, ils installent une protection de barbelé autour du
camp/hameau, assurent les corvées d'eau en allant puiser l'eau dans la
fontaine de St Fiacre pour remplir une citerne agricole hippomobile. Ils
sont aussi désignés pour s'occuper des cadavres retrouvés sur les berges
des environs. Ceux-sont les seuls actifs, les autres prisonniers sont
occupés à vivre une détente relative. Les plus hauts gradés Américains
vivent à l'étage d'une maison privée, alors que le bureau administratif
du frontstalag 284, désignation allemande du camp de prisonniers de Rostellec,
occupe la salle à manger meublée du rez de chaussée. D'ailleurs tous les
prisonniers vivent dans le confort des habitants expulsés. De plus une
infirmerie ainsi qu'une cantine équipent le frontstalag 284.
Il s'est produit néanmoins un drame dans ce camp plutôt paisible. Un ou
plusieurs avions alliés ont mitraillé le camp de prisonniers faisant une
trentaine de victimes. Erreur ? Le frontstalag 284 eut pu être installé
à l'écart de l'Île Longue sur laquelle est implantée une batterie anti-aérienne
allemande très active. Cette proximité d'un terrain stratégique de combat
avec un terrain neutre, n'était-elle pas volontaire de la part des autorités
allemandes pour amenuiser l'agressivité des combats aériens sur l'Île
Longue ?
Quelques résistants Français et des soldats Américains s'échappent du
camp sans doute peu de temps avant l'arrivée du 2ème bataillon Rangers
américain, compagnies E et F et résistants Français FFI/FTP de la compagnie
Volant. Les Américains approchent par la route prudemment ; les résistants
le font à travers champ dans la précipitation. Les soldats Allemands du
camp ne semblent pas s'être battus avant de se rendre sans heurt dans
la matinée du 18 septembre 1944. La presqu'île est libérée le 19. Des
véhicules de la 8ème division d'infanterie américaine conduit les prisonniers
libérés derrière les lignes de front. Les soldats Allemands prisonniers
vont être regroupés avec ceux du Fret et de l'Île longue (environ 1600)
qui seront cernés le même jour avant d'être dirigés vers un camp de rétention
à Brest en bus à impériale.
Le nombre de prisonniers n'a semble-t-il pas été établi avec certitude.
Les fichiers et documents variés du bureau du camp ont été brûlés dans
le jardin du bureau administratif vraissemblablement par des soldats Allemands
avant qu'ils ne soient arrêtés. Des prisonniers survivants ont quantifié
ainsi. 120 soldats Américains environ, au moins 20 Anglais, peut-être
trente. 20 résistants Français. Et un nombre imprécis de prisonniers divers.
Certaines sources parlent de 400 libérés le 18 septembre 1944.
D'après des témoignages. Les maisons de Rostellec sont intactes quand les habitants reviennent mais la vaisselle, les draps, les objets précieux ont disparu emportés par des Français qui ont profité des heures de flottement entre la fermeture du camp et le rapatriement de la population pour se servir à bon compte. La pratique fut fréquente partout en France.
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Destins de guerre
Guy Eder de la Fontenelle • Gardien de batterie • Electro-sémaphoriste • Sous -marin Germinal • Sous marins Naïade Q015 et Q124
19e RI & 118e RI • 2e RAC & 3e RAP • 13ème RIC • 87e RIT • Le 248 RI 208ème compagnie et 5ème Bataillon en 1940 • Manœuvres à Telgruc
La guerre 14-18 en presqu'île • L'arraisonnement du Nieuw Amsterdam • Dixmude • Tahure • La Fronde • Débarquement d'Athènes • 3 frères morts pendant la grande guerre • Remorqueur Atlas • Cuirassé Danton • Cuirassé Suffren • Le Bouclier Hermann von Boetticher • Pilote aviateur Gaston Beven • Croiseur Ernest Renan • Soldats inconnus
19 juin 1940 premier jour d'occupation allemande • Qui a construit le Mur de l'Atlantique de la presqu'île de Crozon ?
La bataille de l'Ailette le 5 et 6 juin 1940 • Cargo le Granville • Croiseur cuirassé Kléber et sous-marin allemand UC-61 • Le Pluton • Le Sfax • Cuirassé Bretagne • Commandant L'Herminier • La bataille navale de Casablanca
Camp de Watenstedt • Déporté politique et déporté résistant • Jean Ménez • Résistant 18 ans fusillé • Rafle de Crozon
25/26 août 1944 bombardement de Roscanvel • 3 septembre 1944 bombardement de Telgruc
Départ des marins pêcheurs résistants vers l'Angleterre • L'Emigrant sous protection allemande • Jacques Mansion • Yves Lagatu • Résistance à Camaret • Georges Robin de l'I A de Camaret • Réseau Vengeance • Bataillon de FTP - Franc-tireur-partisan • Plan Vert et plan Violet • Maquis de Spezet • Tante Yvonne • La Suzanne-Renée - Réseaux d'évasions des pilotes Américains et Anglais de la WW2 • La Soizic • Ordonnances Sperrle et Keitel • Criminels de guerre allemands • Crime de guerre • Derniers actes de résistance avant la Libération • Compagnon de la Libération • Marcel Clédic
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