L'organigramme des autorités allemandes régissant les troupes
et personnels d'occupation entre 1940 et 1944 en presqu'île de Crozon
remonte jusqu'au maréchal Gerd von Rundstedt du haut commandant de l'Ouest
(OB.W - Oberbefehlshaber West) depuis 1942 jusqu'au 2 juillet 1944 (limogé
par Hitler et remplacé par le maréchal Günther von Kluge jusqu'au 15 août
avant son suicide du 18 – remplacé par le Maréchal Walter Model durant
quelques semaines). Von Rundstedt reprend ses fonctions le 5 septembre
1944. La région militaire OB West concerne la France hors région strasbourgeoise
et Est, la Belgique et les Pays-Bas avec pour quartier général St Germain
en Laye en région parisienne.
Dès le début de l'année 1944, l'armée allemande a deux priorités :
• connaître le lieu du débarquement allié attendu avec inquiétude.
• anéantir les réseaux de la résistance qui n'ont de cesse
de multiplier les actes de terrorisme.
Le Maréchal von Rundstedt rentre en Allemagne pour ses vacances d'hiver
fin janvier 1944. Bien que commandant du front Ouest, il n'a que peut
de pouvoir et s'en plaint. Le haut commandement de Berlin dirige les opérations
selon les humeurs du Fürher. Parmi les tâches qui incombent à l'OB West,
la lutte contre la résistance lui échoit depuis la mi-1943. Mission confiée
à la Militärbefehlshaber in Frankreich – MbF – dont l'effectif est estimé
à 100 000 militaires administratifs qui font un travail de police et dont
les bureaux sont à Paris. Une unité similaire s'occupe de la Belgique.
Les tâches les plus amorales sont déléguées à la Schutzstaffel (SS) officiellement
soumise à la MbF, elle-même soumise à l'OB.W. Dans les faits, la hiérarchie
s'inverse, ceci d'autant plus, les mois passant, que la pression de la
résistance est toujours plus prenante. Ainsi durant l'absence du maréchal
Gerd von Rundstedt, son second, le maréchal Hugo Sperrle édicte une ordonnance
à effet immédiat enjoignant les officiers allemands quelles que soient
leurs unités et fonctions, de riposter face aux « terroristes » sans tenir
compte des victimes collatérales possibles. Si des civils devaient mourir,
il n'y aurait aucune responsabilité envisageable de l'armée allemande.
Tout bâti ayant facilité l'acte de terrorisme doit être brûlé, occupants
compris le cas échéant. Dans l'éventualité où l'officier rechignerait
à l'exécution de cet ordre, celui-ci pourra être puni car il met l'armée
allemande en danger face à la menace croissante... Immunité complète à
l'égard des exécutants. La "Sperrle-Erlass" est officiellement mis en
application le 12 février 1944 par la MbF.
Une autre ordonnance émanant cette fois du Maréchal Wilhem Keitel, commandant
en chef de la Wehrmarcht (OKW – Oberkommando der Wehrmacht), de l'état
major d'Hitler, le 4 mars 1944, précise que les francs-tireurs armés capturés
sur place doivent être exécutés sur l'heure et encourage les prises d'otages
à l'aveugle.
Autrement dit, bien que les crimes de guerre soient déjà en cours, leur
officialisation est dûment rédigée au printemps 1944. En France, comme
partout en territoire occupé, les exactions se multiplient, les exécutions
sommaires, les charniers... Les résistants finistériens n'y échappent
pas comme Charles
Levenez et bien d'autres encore. Plusieurs réseaux sont décimés avec
pour justificatif l'urgence à anéantir la résistance intérieure qui brouille
de plus en plus les défenses allemandes par la destruction des voies ferrées
et des lignes téléphoniques.
Après le débarquement en Normandie et voyant que le maréchal Gerd von
Rundstedt ne parvient pas à rejeter les alliés à la mer comme cela est
prévu et attendu par Adolf Hitler et du fait que les brefs successeurs
ne font pas mieux, certains officiers supérieurs allemands n'appliquent
pas les consignes car ils savent qu'après la guerre viendra le temps des
jugements pour crimes contre l'humanité avec pendaison à la clé.
Au tribunal de Nuremberg du 20 novembre 1945 au 1 octobre 1946, les condamnations
à la peine de mort par pendaison de certains responsables nazis tombent
une à une et concerne Keitel par exemple. Von Rundstedt en réchappe pour
raison de santé et âge avancé malgré les preuves accablantes. Sperrle
en réchappe aussi après le jugement de la cour d'appel de Munich en juin
1949 et meurt d'un cancer colorectal en 1953. Les juges considèrent que
la "Sperrle-Erlass" ouvrant toutes les abominations aurait été publiée
suite à un ordre téléphonique d'Hitler avec, de plus, aucune participation
directe du maréchal à des exécutions sommaires.
Au niveau de la presqu'île de Crozon, depuis 1942, les plans
vert et violet (sabotages ferroviaires et sabotages téléphoniques)
sont activés de Londres pour la résistance (partout en France). La fréquence
des actions va s'intensifier après le 6 juin 1944 (débarquement en Normandie).
Les autorités allemandes de Quimper dirigeant le Finistère hors Brest,
sont submergées d'attaques en tous genres de la part des maquisards. Ces
derniers sont parfois imprudents et se montrent trop confiants. Ils le
paieront de leur vie. Le 20 juin 1944, la Feldkommandantur
752 V (Verwaltungsgruppe) ordonne (G/N.17.461) aux maires concernés
de constituer des binômes de surveillants civils tous les 200 m sur la
ligne de chemin de fer Camaret – Châteaulin de jour comme de nuit pour
éviter que ne se réitèrent les sabotages récents. Les gardes (munis d'un
brassard blanc d'identification) seront poursuivis au tribunal militaire
en cas d'incident ou de défection. Preuve indirecte de l'action des résistants
en action au cours de la fin juin 1944.
En presqu'île, la compagnie d'Espern trépigne d'impatience : 119 résistants,
selon le colonel Berthaud responsable de la résistance du Finistère.
Des sabotages multiples sur câbles téléphoniques* entre Crozon et le Cap
Sizun sont effectués. La feldgendarmerie secondée par les enquêtes musclées
du Sicherheitsdienst – le service de renseignement SS, a ordre de
torturer et tuer sur place tous les maquisards pris sur le vif, ce qui
surviendra à partir du 26 juin 1944... Le déchaînement est complet, cette
fois les ordonnances Sperrle et Keitel ne sont plus un tabou de conscience.
Des soldats allemands tuent des civils simplement suspectés. On brûle,
on pille... Il faut faire peur autant que l'on a peur... Ce climat parvient
à Crozon par le biais de la feldgendarmerie de Châteaulin commandée par
le lieutenant Walter Henings / Enigs et le chef de peloton Wilhelm Bartz
tous deux passés en jugement à Paris en 1950 avec le fameux «
Albert » pour exécutant.
Les représailles après les destructions des liaisons téléphoniques de
la presqu'île de Crozon jusqu'au Cap Sizun par la résistance ayant entraîné
la rafle de Crozon (30
juin 1944) entrent pleinement dans le cadre des ordonnances Sperrle et
Keitel. Il ne s'agit pas de représailles locales mais l'application en
territoire occupé d'ordres venus d'Hitler lui-même. Depuis quelques jours,
la feldgendarmerie pratique les exécutions sommaires sur place après tortures
improvisées dans le Finistère, surtout dans les Monts d'Arrée, là où des
résistants se cachent dans les fermes avec l'accord des fermiers ou pas...
Ces derniers seront souvent exécutés...
La radio britannique BBC diffuse le message insurrectionnel que la résistance
attend depuis des mois : « Le chapeau de Napoléon est-il toujours à Perros-Guirrec
? » le 3 août 1944, à 18 h. Cette fois c'est la guerre intérieure, si
les soldats allemands ont abattus des civils sans motif depuis le début
1944, les FFI et FTP vont aussi mitrailler à tout va y compris les supposés
collabos...
* La disparition de câbles téléphoniques suspendus à des poteaux en bois à trois mètres du sol longeant la ligne de chemin de fer est une action fréquente en 1942 que les autorités allemandes délèguent aux maires pour faire la lumière sur les identités des « auteurs », on ne parle pas de terroristes à l'époque. La répétition des actes provoque une facturation des travaux par provision financière. Par exemple, à Crozon, le maire est contraint de constituer une réserve financière de 61 000 fr en prévision des futures dégradations. Un coût porté sur la population.
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