Georges Robin, administrateur de 1ère classe au bureau
de l'Inscription Maritime est nommé chef de quartier de Camaret-sur-Mer
le 12 mars 1941. Son prédécesseur Louis Porte est muté à Nice. Sa tâche
consiste à administrer 393 bateaux et 1573 marins dans un cadre restrictif
organisé par l'autorité allemande présente dans les bureaux de l'Inscription
Maritime et des douanes sous la forme d'une hafenkommandantur – capitainerie
– sous les ordres de la feldkommandantur
752 de Quimper. Le principe de base, dès les premières semaines de
l'occupation, consiste à autoriser la pêche côtière à des groupes de bateaux
camarétois les jours de beau temps ceci sous la surveillance d'une vedette
allemande.
La pêche à la langouste loin des côtes françaises devient impossible et
quelques patrons pêcheurs, après des modifications de leur bateau par
l'ajout d'un moteur, pêchent désormais à la palangre.
Progressivement, les conditions de pêche vont se durcir par l'obligation
de délivrer à chaque pêcheur un permis enregistré à l'inscription maritime
qui détermine les dates réelles des journées en mer – ordonnance du 1er
décembre 1941. Ordonnance du 2 juin 1942, enregistrement des embarquements
avec détails nominatifs des équipages, quantitatifs des marchandises et
descriptifs des bateaux. Chaque bateau susceptible d'être armé subit une
surveillance accrue et est de fait à la disposition militaire allemande.
Selon les autorités allemandes, les pêcheurs à terre sont considérés sans
emploi et donc réquisitionnés d'office par l'OT – Organisation
Todt – responsable du bétonnage des défenses côtières – construction
des bunkers. Georges Robin se démène pour démontrer qu'un pêcheur à terre
a besoin de travailler sur son bateau, réparer ses filets, assurer ses
ventes ou rester à la disposition de son patron toujours prêt à partir
en mer.
Cependant, les pêcheurs notoirement inoccupés redeviennent effectivement
citoyens à la disposition de l'armée d'occupation selon les dispositions
des conventions de l'armistice agrégées aux conventions de la Haye. Ils
sont environ 300 pêcheurs contraints de collaborer dans les chantiers
allemands. Ils n'ont plus d'embarquement fiable et n'ont aucun revenu.
Néanmoins les Allemands ignorent les saisons de pêche : la sardine, le
maquereau, les crustacés, la St Jacques... qui couvrent l'année. Enfin,
une partie de la pêche est destinée à la conserve fabriquée sur place
et que les Allemands sont bien contents de consommer. Les ouvriers des
conserveries sont envoyés au STO – Service du Travail Obligatoire en Allemagne,
les pêcheurs les remplacent, environ 500.
Des soldats Allemands viennent au bureau de l'administrateur Robin faire
part de réquisitions toutes personnelles. Voiliers pour une journée de
détente, bateau de pêche pour qu'un pêcheur aille relever un casier de
homard pour des repas festifs, dragage des huîtres sauvages dont certaines
bourriches sont destinées à la famille en Allemagne... Georges Robin étudie
chaque demande à savoir s'il s'agit d'une directive nationale du gouvernement
de Vichy ou d'une ordonnance germanique de la région militaire. Mr Robin
est menacé à plusieurs reprises par les soldats qui se dégonflent très
rapidement quand il annonce qu'il va envoyer un rapport à la préfecture
et à la feldkommandantur de Quimper. Depuis les arrêtés du 9 septembre
1939 et 13 mars 1940, la moindre réquisition dépend de l'administrateur
du port conformément aux lois qu'il doit faire appliquer.
Malgré tout, les pêcheurs eux-mêmes ne jouent pas pleinement le jeu. Certains
partent en mer sans autorisation ou au delà de l'autorisation qu'ils ont,
ils s'exposent ainsi à la flotte
et l'aviation anglaises qui leur tirent dessus par crainte qu'il ne
s'agisse d'un bateau espion allemand écoutant la circulation maritime
alliée de la Manche. Dans un moindre mal, le bateau est emmené en Angleterre
sous escorte de la Royal Navy. Ces mêmes pêcheurs se font parfois cibler
par des canons de côte allemands ou mitrailler par des vedettes garde-côtes.
Tout cela pour améliorer l'ordinaire. La rareté de l'alimentation fait
que les produits de la mer connaissent une inflation lucrative d'environ
30 % par année de guerre.
Parmi les dérapages des marins Camarétois, il y a les tentatives plus
ou moins lucides de gagner l'Angleterre ou toutes sortes d'incidents d'embarquement
qu'il faut justifier aux autorités allemandes. Ces dernières craignent
le trafic d'armes par la mer au bénéfice de la résistance et craignent
aussi la venue d'espions Anglais dans la zone militaire fermée qu'est
la forteresse Brest Süd composée du port de Brest et de la presqu'île
de Crozon. Inversement ces mêmes Allemands organisent des sessions de
pêche sur des supposés bateaux de pêche de la résistance tentant de rallier
l'Angleterre en y glissant un agent de renseignement de leur camp auquel
il faut ajouter les aviateurs de la RAF exfiltrés clandestinement.
Georges Robin intervient dans chaque dossier de chaque marin qu'il soit
résistant ou imprudent, voire les deux. Déplacement à Paris en pleine
guerre pour le ministère de la marine marchande rattaché à celui de la
marine depuis l'entrée en guerre. Démarches à Brest auprès des autorités
françaises servant l'Allemagne. Georges Robin insupporte les autorités
allemandes qui demande un conseil de guerre à son encontre après son arrestation
le 29 janvier 1944. Le préfet du Finistère fait parvenir une lettre à
l'ambassadeur de France qui occupe les fonctions de secrétaire d'Etat
auprès du Gouvernement de Vichy pour intercéder envers un administratif
zélé. Le chef régional de l'Inscription Maritime à St Servan intervient
aussi, nul ne saurait condamner à mort un homme qui fait respecter les
lois comme l'exige la déontologie de sa profession. In-extremis, les Allemands
commuent le procès en emprisonnement de 15 jours avec une clause de mutation
pour Cancale à la suite.
La rigueur de Georges Robin lui a sauvé la mise et fit de lui une figure
camarétoise surnommée « Trompe la Mort ». Certains disaient que ce sobriquet
reflétait sa maigreur et son regard rentrant tandis que d'autres lui ajoutaient
son courage à défier la tyrannie allemande au péril de sa vie.
Le port de Morgat est fermé sur ordonnance allemande le 15 septembre 1943. La gestion du port est jugée défaillante et la "disparition" de marins Morgatois vers l'Angleterre est jugée inquiétante par les autorités allemandes. Pêcheurs, mareyeurs, ouvrières et ouvriers des conserveries, au chomâge avec possibilité d'être déportés pour le STO.
Destins de guerre
19 juin 1940 premier jour d'occupation allemande
Qui a construit le Mur de l'Atlantique de la presqu'île de Crozon ?
Sous marins Naïade Q015 et Q124
Monument aux morts de Landévennec
3 frères morts pendant la grande guerre
L'arraisonnement du Nieuw Amsterdam
Croiseur cuirassé Kléber et sous-marin allemand UC-61
Déporté politique et déporté résistant
25/26 août 1944 bombardement de Roscanvel
3 septembre 1944 bombardement de Telgruc
Le 248 RI 208ème compagnie et 5ème Bataillon en 1940
La bataille de l'Ailette le 5 et 6 juin 1940
Bataillon de FTP - Franc-tireur-partisan
La bataille navale de Casablanca
L'Emigrant sous protection allemande
Départ des marins pêcheurs résistants vers l'Angleterre
Georges Robin de l'I A de Camaret
Bateaux de Camaret arraisonnés ou mitraillés par la Royal Navy et la RAF
La Suzanne-Renée - Réseaux d'évasions des pilotes Américains et Anglais de la WW2
Les tombes du Commonwealth de : Camaret - Crozon - Lanvéoc - Roscanvel
Les forces américaines de la libération de Brest et Crozon
Les forces allemandes lors de la libération de Brest et Crozon
Les légions étrangères allemandes présentes en Crozon
Officier mécanicien Capitaine Jean Tassa
Camp de prisonniers de Rostellec
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