La résistance bretonne, tout particulièrement les réseaux
liés aux côtes ont été dévoués dans une mission essentielle, le rapatriement
des pilotes tombés en France. Cette page relate l'activité des résistants
de la presqu'île de Crozon qui ont permis au travers de résaux d'évasions
le sauvetage des pilotes Anglais et Américains. Les avions détruits étaient
facilement remplaçables. La durée de formation de nouveaux pilotes, toujours
plus brève, mettait l'inexpérience en première ligne.
Octobre 1943, Monsieur Gouriou propriétaire de l'hôtel
Sainte Marine de Morgat choisit délibérément d'accueillir des pilotes
Anglais et Américains abattus et évadés.
Cet homme reçoit les fugitifs dirigés conjointement par Jean-Claude Camors
chef du réseau Bordeaux-Loupiac, et Pierre Philippon, résistants externes
à la presqu'île de Crozon venus chercher de l'aide à l'été 43 auprès du
docteur Vourc'h et de l'un de ses fils Yves pour que les pilotes passent
en Angleterre à partir de Camaret-sur-Mer. Chaque préparation est longue
et n'est jamais à l'abri d'une traîtrise.
Jean-Claude Camors ne connaîtra jamais l'issue de ces préparatifs. Le
11 octobre 1943, Jean-Claude Camors, Rémy Roure (rédacteur au journal
Le Monde) ainsi que d'autres membres du réseau Bordeaux-Loupiac sont à
Rennes, attendant au Café de l'Epoque au 16 rue Pré Botté. Ils doivent
rassembler un groupe d'évadés pour être emmenés sur les côtes de Bretagne
pour une évacuation vers l'Angleterre. Un agent infiltré collaborateur,
à la solde de la gestapo, Roger Leneveu, tire au pistolet sur Jean-Claude
Camors mortellement blessé et Rémy Roure blessé gravement, torturé, puis
déporté à Buchenwald. Jean-Claude Camors parvient à avaler quelques documents
avant de mourir. L'autorité allemande décide d'autopsier le résistant.
Le corps du défunt ne sera jamais retrouvé.
Dans les faits, ils sont 29 pilotes cachés dans la presqu'île à cette
époque. Ils viennent de « partout » aidé par la résistance avec des papiers
français et un statut d'invalide civil mais ont tous été regroupés à l'église
Sainte Marie du Ménez Hom sous la bienveillance de Jos le Bris avant d'être
dispatchés dans les familles d'accueil qu'aura sélectionné le secrétaire
de mairie de Camaret Monsieur Merrien.
E. Gouriou avait déjà été arrêté le 6 novembre 1942 pour avoir déposé
des petits drapeaux français sur les tombes d'aviateurs alliés enterrés
après leur crashe en presqu'île ce qui ne fut pas du goût de l'autorité
allemande. Cette fois, dans l'attente de trouver un bateau de pêche disponible,
6 aviateurs sont cachés dans la maison de ce résistant à côté de son hôtel
réquisitionné par l'aviation allemande.
Le 18 octobre certains pilotes partent à pied pour Camaret, rendez-vous
à la boulangerie Bathany sur les quais. D'autres seront transportés dans
la voiture du docteur. Avant de quitter l’hôtelier, les réfugiés ont signé
le livre d'or de l'hôtel qu'il a fallu cacher pour ne pas faire l'objet
de représailles.
Le 19 octobre, Monsieur Gouriou est arrêté.
Ces aviateurs venaient d'avions abattus lors de mission d'accompagnement
ou de bombardement :
- Soren Liby : 118SK RAF - Spitfire MK Vb - abattu le 16 août 1943
dans le Calvados par la Flak - saute en parachute, est fait prisonnier
puis s'évade.
- John Checketts : 485sq RNZAF - Spitfire MK IX - abattu le 09 septembre
1943 dans la Somme en combat aérien - saute en parachute, est fait prisonnier
puis s'évade.
- Terence Kearins : 485sq RNZAF - Spitfire MK IX - abattu le le 15
juillet 1943 dans le Pas-de-Calais par la Flak - Jambes brûlées, saute
en parachute, est fait prisonnier puis s'évade.
- Arthur M Swap : 388th Bomb Group US air force - B17 Fortress Type
F90 BO - abattu le 06 septembre 1943 dans l'Aube par la chasse allemande
- Visage brûlé ainsi que les mains, saute en parachute, est fait prisonnier
puis s'évade.
- William Vickless : même mission mêmes conditions.
- William Rice : 92th Bomb Group US air force - B17 Fortress Type
F90 BO - abattu le 06 septembre 1943 dans le Pas de Calais par la chasse
allemande - la plupart des membres d'équipage sont morts. Saute en parachute,
est fait prisonnier puis s'évade.
Les deux bombardiers américains bien que dans deux convois différents
revenaient d'une mission de bombardement au-dessus de Stuttgart.
L'embarquement de 29 aviateurs et de 4 résistants sur une coquille de
noix de 10 m de long est impossible. La « Suzanne-Renée », petit bateau
de pêche, en prend 18... 14 Américains et 4 Anglais le 19 octobre.
Il est impossible de ramener des clandestins à l'hôtel. Il faut que des
personnes courageuses les hébergent. Madame Lutcher et Monsieur Alain
Fabien assurent une prise en charge de quelques jours. La moindre dénonciation
est une condamnation à mort. La dénonciation est partout.
Impossible aussi pour le sloop de quitter le port, le temps est exécrable.
Les 18 pilotes serrés comme des sardines, dans un sardinier ce serait
presque cocasse, vont attendre 103 heures (soit le 23 octobre) sans pratiquement
pouvoir bouger, dans un silence absolu. Un bureau de la Gestapo est à
10 mètres d'eux sur le quai. Des résistants apportent de la nourriture
durant 4 jours sans éveiller les soupçons de l'occupant qui est de plus
en plus nerveux. La guerre tourne mal, les soldats Allemands ont la peur
au ventre, les représailles pour des peccadilles deviennent monnaie courante.
La « Suzanne-Renée » bénéficie d'une autorisation de pêche de 15 jours
sur une zone déterminée, l'île de Sein. Jean-Marie Balcon, Joseph Morvan,
Alain Marchand quittent enfin le port de Camaret, le plus dur reste à
faire.
D'abord passer le Goulet sous une surveillance acharnée et protégé par
des mines. Les postes d'observations sont sensés disposer de la liste
des bateaux de pêche autorisés à sortir. Pourtant, il y a déjà eu des
mitraillages et des pêcheurs morts pour on se sait quelles raisons.
La « Suzanne-Renée » fait des ronds dans l'eau au large de Sein pour indiquer
aux observateurs de l'île qu'il s'agit bien d'une situation de pêche ordinaire.
Puis cap vers Newlyn, un petit port de pêche à la pointe de la Cornouaille.
Arrivée dans 29 heures sur une Manche surveillée sous la mer, à la surface,
dans les airs. Vers 17 heures enfin l'accostage libérateur. Jean-Marie
Balcon et sa « Suzanne-Renée », interdits de retour en France, vont
vivre une expérience filmographique inattendue.
Les aviateurs et résistants restés sur place, comme William Rice, vont
bénéficier de l'aide du réseau
Johnny par l'intermédiaire de Jeannette et Pierre Drévillon pour être
conduits à St Nic par train, puis Châteaulin et Brest pour être pris en
charge par des plans d'exfiltration purement militaire.
Dans le cas de William Rice, l'opération Felicitate II de l'île de Guennoc (nom de code d'un îlot de l'Aber Wrac'h), la nuit de Noël 1943, ramène le pilote en Angleterre. Le passage se fait par une vedette rapide, la MGB (Motor Gun Boat - canonnière) 318 de la 15ème flotille de la base navale de Dartmouth de la Royal Navy. Une vedette coutumière de ces missions nocturnes à hauts-risques. Ce genre d'opération est organisé par Pierre Hentic (nom de code Trellu ou Maho) du réseau de renseignements SIS Jade-Fitzroy. Ce n'est pas le seul réseau de la côte, d'autres opéraient de la sorte, dont celui du père de Jane Birkin...
Destins de guerre
19 juin 1940 premier jour d'occupation allemande
Qui a construit le Mur de l'Atlantique de la presqu'île de Crozon ?
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Croiseur cuirassé Kléber et sous-marin allemand UC-61
Déporté politique et déporté résistant
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Le 248 RI 208ème compagnie et 5ème Bataillon en 1940
La bataille de l'Ailette le 5 et 6 juin 1940
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L'Emigrant sous protection allemande
Départ des marins pêcheurs résistants vers l'Angleterre
Georges Robin de l'I A de Camaret
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La Suzanne-Renée - Réseaux d'évasions des pilotes Américains et Anglais de la WW2
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Poste avancé Toul ar Stang : Russes blancs
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Les légions étrangères allemandes présentes en Crozon
Officier mécanicien Capitaine Jean Tassa
Camp de prisonniers de Rostellec
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