Le 11 octobre 1940, les presqu'îliens peuvent lire des
tracts tombés du ciel en provenance de l'Angleterre, par avion de la RAF
– Royal Air Force. Le contenu informe la population que le combat
continue et que les bombardements et mitraillages des voies de communication,
des moyens de transports, et donc des voies ferrées, des gares, des dépôts,
n'aura de cesse de se poursuivre afin de faire plier Hitler. Il est recommandé
à la population de rester à l'écart des cibles possibles, de ne pas prendre
le train. Enfin, les détenteurs du tract sont invités à le recopier et
à le diffuser au plus grand nombre. Dès le 12 octobre, l'armée allemande
fouille les badauds, entre dans les maisons au hasard, pour retrouver
les fameux tracts. Mauvais gestes, intimidations, quelques menaces plus
saignantes... Des interrogatoires dans les kommandanturs, apparemment
sans suites en dehors d'un fichage administratif...
Résultat, les presqu'îliens comprennent que la guerre va s'intensifier
dans l'esprit « œil pour œil » comme il est écrit dans le
texte. Un texte qui titille des personnes particulièrement indisposées
par « les verts de gris », un des nombreux surnoms de l'armée
allemande à cause de la couleur des uniformes. Des presqu'îliens étaient
partis par bateaux en Angleterre en juin 1940 mais d'autres étaient restés
sans pour autant courber l'échine.
Le temps passe et les hommes de bonne volonté se rencontrent secrètement...
Après la distribution de tracts mobilisateurs, les résistants de la première
heure « s'ennuient » et prennent pour cible les voies ferrées, modestement,
sans explosifs et aux véhicules réquisitionnés par les Allemands qui sont
sabotés sur place – le sucre, denrée rare, dans les réservoirs dans
les cas les plus simples. Un petit groupe de RFI – Résistance Française
de l'Intérieur (devient FFI en 1944) – est actif avec les moyens
du bord et quelques contacts avec les réseaux du cœur du Finistère.
En 1942, des plans d'action sont décidés à Londres au Bloc Planning (cellule
du BCRA – Bureau central de renseignements et d'action – puis
cellule du BRAL – Bureau de renseignement et d'action de Londres
– sous l'autorité du SOE – Special Operations Executive –
et des militaires français de la France Libre dont de Gaulle en premier
lieu, avec enfin pour communication l'état-major interallié et ceci à
destination de la résistance française. Au menu :
Plan Vert : destruction des réseaux ferroviaires grâce à la Résistance-Fer.
Plan Bleu : sabotage des lignes électriques de haute-tension concernant
le ferroviaire.
Plan Tortue / Bibendum : destruction du réseau routier dans la région
du débarquement.
Plan Violet : sabotage des lignes téléphoniques aériennes et souterraines.
Plan Rouge : préparation de bases de repli des maquis dans les régions
sur les arrières des lignes allemandes. Plan modifié ultérieurement en
mission de destruction des dépôts de carburants.
Plan Caïman : guérilla dans le Sud de la France pour soutenir les débarquements
Sud.
Plan Jaune : destruction des dépôts de munitions allemands.
Plan Noir : attaque des postes de commandement allemands.
Le décret du 19 novembre 1943 fonde la direction générale des services
spéciaux – DGSS – dont dépend le BRAL. La DGSS rationalise
les plans prévus initialement. Sont conservés les Plans Vert, Bleu, Violet,
Bibendum auxquels il faut adjoindre des personnels qualifiés pour les
exécuter le moment venu et ceci en minimisant les effets sur la population
civile.
Jusqu'à fin 1942, les actions de destruction de l'ennemi sont menées par
des missions militaires qui usent de bombardements et de mitraillages
qui ont pour effet de tuer et blesser des civils trop souvent. La Résistance
française parvient à convaincre les autorités londoniennes de les laisser
agir avec des formations et des équipements adaptés. Progressivement,
en 1943, l'aviation alliée baisse d'intensité au profit d'actes de résistance.
En presqu'île de Crozon, la résistance hautement spécialisée dans l'évasion
de pilotes alliés et dans les renseignements sur les agissements de l'occupant
désormais, se voit attribuer deux plans, le Vert et le Violet.
Le plan Vert de l'atteinte du ferroviaire, concernant les cheminots eux-mêmes,
est effectif sur la ligne de Châteaulin mais très fréquemment en dehors
de la presqu'île. Par contre le Plan Violet des sabotages à l'encontre
des installations téléphoniques bat son plein bien avant même l'activation
du Plan Violet. Sabotages spontanés ou organisés, qu'importe, les autorités
allemandes sont excédées par les incidents depuis le début de leur occupation.
La presqu'île de Crozon est persillée de batteries de canons, de bunkers,
etc, qu'il faut lier par téléphone et non seulement cela mais il faut
aussi lier le dispositif aux quartiers généraux. Par exemple, le quartier
général du 343ème division d'infanterie de forteresse allemand est à Landivisiau.
Ce régiment est la principale composante des forces
allemandes en Crozon.
Il faut aussi créer un réseau téléphonique pour communiquer avec toute
la côte du Finistère dont les unités surveillent l'approche maritime hostile
des alliés dont Brest est l'objectif primordial. Ce sont des dizaines
de kilomètres de fils téléphoniques à installer, soit en aérien sur poteaux
en bois ; soit en souterrain, enterrés entre 0,50 m et 2 m de profondeur
selon la nature des sols. Un chantier titanesque que les Allemands ne
confient pas à des civils locaux par crainte que des renseignements sur
le dispositif ne tombent dans des oreilles résistantes. Alors ce sont
les soldats Allemands qui passent des journées à tendre des fils en les
mélangeant au réseau civil ( deux fils : un branché sur le réseau civil,
l'autre strictement militaire) ou à creuser des fouilles dont la terre
retournée signale un câblage que les habitants repèrent aisément. Certaines
missions photographiques aériennes britanniques permettent aussi de voir
le maillage. Les Allemands ne font pas confiance au réseau aérien qui
peut être écouté ou coupé aisément et quant au réseau souterrain, les
travaux sont tellement lents qu'ils ne sont jamais complètement opérationnels.
Des câbles souterrains sont posés à même le sol sans aucune protection.
Il manque des relais.
Des témoignages germaniques postérieurs à la guerre relatent la faiblesse
des communications qui est considérée comme un facteur de défaite parmi
d'autres. Pas un jour sans coupures ou communications à peine audibles.
Les résistants presqu'îliens s'en sont donnés à cœur joie dans le domaine
des sabotages téléphoniques. Une spécialité : l'enfoncement de clous et
de pointes dans les câbles dit souterrains. L'écrasement par des pierres
ou la section par des outils devient une habitude.
En 1940, les services allemands « grognent » et demandent des comptes
aux maires qui se défendent tant bien que mal. Celui de Crozon affirme
que des charrettes lourdes de goémon ou de matériaux divers (dont des
livraisons pour l'occupant) passant sur les câbles au sol, les endommagent.
Il recommande aux Allemands d'enterrer leurs câbles... Le temps des arrestations
vient vite mais reste mesuré. Ensuite vient le temps des sanctions financières.
La feldkommandantur
de Châteaulin exige des provisions financières au titre de garantie de
dommages. 60000 frs sont demandés à la municipalité de Crozon en 1941.
Cela n'empêche en rien les sabotages téléphoniques.
Le 11 janvier 1942, le conseil municipal de Crozon est contraint d'émettre
une taxe de 30 frs sur les tickets d'alimentation du mois de février sur
les familles solvables à cause des amendes infligées au titre des réparations
téléphoniques.
Rien ne change, le « rythme » est pris avec sans doute enthousiasme jusqu'au
jour du drame. Des résistants ont saboté la ligne téléphonique, en plusieurs
endroits, qui joint le Cap Sizun (Finistère Sud) en 1944. Plus précisément
le réseau téléphonique souterrain entre Crozon et Audierne est hors service
et irréparable au 28 juin 1944. C'est le sabotage le plus considérable
avec la méthode des clous. En parallèle des attaques ferroviaires sont
réussies aussi, en mai et juin. Les FFI – Forces Françaises de l'Intérieur
– sont satisfaits d'être pleinement opérationnels. Leur commandement
est à Douarnenez.
L'exécution du Plan Bleu est partout intense en France en cette année
du débarquement. Partout en France, l'armée allemande organise des rafles
aveugles dans la population. La rafle
de Crozon du 30 juin 1944 n'est que la version crozonnaise d'immenses
représailles nationales. Il s'ensuivra une déportation meurtrière...
Destins de guerre
19 juin 1940 premier jour d'occupation allemande
Qui a construit le Mur de l'Atlantique de la presqu'île de Crozon ?
Sous marins Naïade Q015 et Q124
Monument aux morts de Landévennec
3 frères morts pendant la grande guerre
L'arraisonnement du Nieuw Amsterdam
Croiseur cuirassé Kléber et sous-marin allemand UC-61
Déporté politique et déporté résistant
25/26 août 1944 bombardement de Roscanvel
3 septembre 1944 bombardement de Telgruc
Le 248 RI 208ème compagnie et 5ème Bataillon en 1940
La bataille de l'Ailette le 5 et 6 juin 1940
Bataillon de FTP - Franc-tireur-partisan
La bataille navale de Casablanca
L'Emigrant sous protection allemande
Départ des marins pêcheurs résistants vers l'Angleterre
Georges Robin de l'I A de Camaret
Bateaux de Camaret arraisonnés ou mitraillés par la Royal Navy et la RAF
La Suzanne-Renée - Réseaux d'évasions des pilotes Américains et Anglais de la WW2
Les tombes du Commonwealth de : Camaret - Crozon - Lanvéoc - Roscanvel
Les forces américaines de la libération de Brest et Crozon
Les forces allemandes lors de la libération de Brest et Crozon
Les légions étrangères allemandes présentes en Crozon
Officier mécanicien Capitaine Jean Tassa
Camp de prisonniers de Rostellec
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