Historiquement, la presqu'île de Crozon a toujours
vécu à l'ombre de l'armée qui a nourri les Presqu'îliens ne bénéficiant
pas d'une économie vitale autre que de participer à l'installation des
militaires. Historiquement aussi, la presqu'île de Crozon a vécu dans
l'hypothèse d'attaques meurtrières ennemies. Il y en eut peu, des Espagnols
à Roscanvel, des Anglais
à Trez Rouz, les Allemands sous l'occupation, mais les mauvais souvenirs
qui subsistent encore sont ceux des bombardements alliés (amis) de la
seconde guerre mondiale. L'histoire locale raconte deux de ces bombardements
américains qui mirent à terre et en terre une partie de la population
Crozonnaize : deux bombardements préparatoires à la libération de la presqu'île.
Cette page vous présente les éléments stratégiques et les intervenants
de l'armée américaine qui ont déclenché les journées funestes des 25/26
août 1944 et du 3
septembre 1944.
Tout au long de la seconde guerre mondiale la presqu'île de Crozon a subi
des bombardements de la RAF (aviation anglaise) à l'encontre des installations
allemandes dont la mission était de soutenir et protéger la forteresse
de Brest – Festung Brest – elle-même au service d'une base sous-marine
dont les sous-marins contrôlaient la navigation alliée dans l'Atlantique
Nord. Ces bombardements provoquèrent des pertes en vies humaines et des
maisons furent détruites mais dans des proportions qualifiées de limitées
en ce qui concerne la presqu'île de Crozon. Après le débarquement en Normandie
du 6 juin 1944 – opération Overlord – ce sont les Américains qui menèrent
la bataille de la libération de la France.
Eisenhower, président des Etats-Unis d'Amérique ordonna que les ports de Saint Malo, Brest, Lorient et St Nazaire furent libérés au plus vite dès juillet 1944 avant que l'automne n'arrive. A cette période de l'année la navigation devient difficile à cause des conditions météorologiques. Dans le cas de Brest, le but de la mission était de détruire les infrastructures sous-marines allemandes afin que la marine américaine ne fut plus en danger pour poursuivre les acheminements de matériels et de troupes qui iraient combattre en Allemagne. Le commandant en chef Américain de cette opération fut le général George S. Patton de la cavalerie (chars d'assaut). Il délègue sa mission au Lieutenant-général Troy H. Middleton – VIII Corps – 8ème Corps d'armée – de la IIIrd US Army – de la 3ème armée des Etats-Unis – fantassin peu enclin aux actions rapides et n'ayant aucune connaissance dans les mouvements de blindés.
Pour le siège de Brest et de la presqu'île de Crozon,
Middleton disposa des moyens suivants :
MOYENS TERRESTRES
Unités de la 3ème armée :
— 6e division blindée américaine – 6th (US) Armored
Division – du Major-General Robert W. Grow composée
des Combat Command A du Brigadier-General James Taylor (jusqu'au 30 août
1944), Combat Command B du Colonel George W. Read Jr. et du
groupe de combat de Réserve du Colonel Harry F. Hanson jusqu'au 30 août
1944 avant qu'il ne prenne le commandement du Command A.
— 8e division d'infanterie du Major-General Stroh composée
des 13e régiment d'infanterie du Colonel Robert A. Griffin, 28e regiment
d'infanterie du Colonel Merrith E. Olmstead, 121e regiment d'infanterie
du Colonel John R. Jeter. Des éléments de cette division firent partie
des troupes qui libérèrent la presqu'île de Crozon : 121e partiel au sud
de Telgruc, le 2e bataillon du 28e au alentours d'Hirgars (12 septembre
1944).
Unités de la 1ère Armée Américaine
— 2e division d'infanterie du Major-General Walter M. Robertson
composée des 9e regiment d'infanterie du Colonel Shester J. Hirschfelder,
23e régiment d'infanterie du Colonel Jay B. Lovless, 38e regiment d'infanterie
– 38th regimental combat team – 38e RCT – du Colonel
Ralph W. Zwicker distingué de la croix de guerre française et de la Presidential
Unit Citation américaine pour ses combats du 22 et 23 août 1944 concernant
la conquête acharnée de la presqu'île de Plougastel Cote 154 déterminante
pour la libération de Brest et de la presqu'île de Crozon. Position américaine
qui dès son dégagement va devenir une zone d'artillerie dirigée vers Brest
mais aussi vers la presqu'île. Position qui fit de nombreuses victimes
civiles jusqu'au 19 septembre 1944.
— 29e division d'infanterie du Major-General Charles H. Gerhardt,
115e régiment d'infanterie du Lieutenant-Colonel Louis G. Smith, 116e
régiment d'infanterie du Colonel Philipp R. Dwyer, 175e régiment d'infanterie
du Lieutenant-Colonel William C. Purnell. A la 29ème Division US sont
ajoutés le 2ème bataillon de Rangers – 2nd Battalion de Rangers
– du Lieutenant-Colonel James E. Rudder et le 5ème bataillon de
Rangers – 5th Battalion de Rangers – du Lieutenant-Colonel
Max F. Schneider (éclaireurs). Les Rangers avaient pris une part active
à la libération de Crozon dont le camp
de prisonniers de Rostellec et les batteries de l'île Longue en autres.
Chaque division était soutenue par de l'artillerie légère composée de
canons de 105mm et 150mm au travers de 12 Field Artillery Battalions (FAB)
et de l'artillerie lourde au travers de 18 Field Artillery Battalions
ainsi que par un Tank Battalion et un Chemical Mortars Battalions.
Le dispositif américain reçoit aussi l'aide de l'armée anglaise :
Sur terre, l'escadron B du 141st Regiment Royal Armoured Corps (The Buffs
– 141 RAC) de la 79th Armoured Division composés de chars Churchill
Mk V « Crocodile » lance-flammes.
Pointe St Mathieu. Position allemande exposée au tir de la Royal Navy en 1944.
Sur mer le cuirassé HMS « Warspite » et ses navires
d'accompagnement au large de Ouessant au titre d'artillerie lourde.
Dans les airs, la Royal Air Force – seule mission reconnue par l'armée
américaine durant le siège, le bombardement intensif de Brest et alentours
dans la nuit du 25 au 26 août 1944.
MOYENS AERIENS
— 9e groupe de bombardement – IX Bomber Command sous
l'autorité de la IX Air Force Service Command – devenu plus tard
la 9e division de bombardement du Major-General Samuel E. Anderson composé
des 97e escadrille de bombardement du Colonel Edward H. Bachus, 98e escadrille
de bombardement du Colonel Harold L. Macis, 99e escadrille de bombardement
du Brigadier-General Herbert B. Thatcher.
Le IX Bomber Command se décompose ainsi (unités combattantes uniquement
– "bomb group" et "bomb squadron") :
• 97th Bombardment Wing – 97th Combat Bomb Wing –
(Bombardiers légers), HQ – QG à Little Walden (Angleterre)
409th Bombardment Group (A-20 – Douglas A-20 Havoc), basé à Little
Walden (Angleterre) jusqu'au 30 septembre 1944 puis base itinérante en
France. Composition du groupe : 640th Bombardment Squadron (W5) + 641st
Bombardment Squadron (7G) + 642d Bombardment Squadron (D6) + 643d Bombardment
Squadron ( )
410th Bombardment Group (A-20 – Douglas A-20 Havoc), basé à Gosfield
(Angleterre). Composition du groupe : 644th Bombardment Squadron (5Q)
+ 645th Bombardment Squadron (7X) + 646th Bombardment Squadron (8U)
+ 647th Bombardment Squadron (6Q)
416th Bombardment Group (A-20 – Douglas A-20 Havoc), basé à Wethersfield
(Angleterre) jusqu'au 30 septembre 1944 puis base itinérante en France.
Composition du groupe : 668th Bombardment Squadron (5H) + 669th Bombardment
Squadron (2A) + 670th Bombardment Squadron (F6) + 671st Bombardment Squadron
(5C)
• 98th Bombardment Wing – 98th Combat Bomb Wing –
(Bombardiers moyens), HQ – QG à Earls Colne (Angleterre) jusqu'au
18 juillet 1944, basé à Beaulieu (Angleterre) jusqu'au 19 août 1944, puis
Lessay (Cotentin France)...
387th Bombardment Group (B-26 – Martin B-26 Marauder),
basé à Chipping Ongar (Angleterre) jusqu'au 18 juillet 1944, à Stony Cross
(Angleterre) jusqu'au 22 août 1944, à Maupertus ( Cotentin France) jusqu'au
18 septembre 1944, à Châteaudun jusqu'au 30 octobre 1944... Composition
du groupe : + 556th Bombardment Squadron (FW) + 557th Bombardment Squadron
(KS) + 558th Bombardment Squadron (KX) + 559th Bombardment Squadron (TQ)
394th Bombardment Group (B-26 – Martin B-26 Marauder),
basé à Boreham (Angleterre) jusqu'au 24 juillet 1944, à Holmsley South
(Angleterre) jusqu'au 25 août 1944, à Tour-en-Bessin (Calvados France)
jusqu'au 18 septembre 1944, à Orleans / Bricy jusqu'au 8 octobre 1944...
Composition du groupe : 584th Bombardment Squadron (K5) + 585th Bombardment
Squadron (4T) + 586th Bombardment Squadron (H9) + 587th Bombardment Squadron
(5W)
397th Bombardment Group (B-26 – Martin B-26 Marauder),
basé à Rivenhall (Angleterre) jusqu'au 4 août 1944, à Hurn (Angleterre)
jusqu'au 30 août 1944, à Gorges (Nantes France) jusqu'au 11 septembre
1944, puis à Dreux (France)... Composition du groupe : 596th Bombardment
Squadron (X2) + 597th Bombardment Squadron (9F) + 598th Bombardment Squadron
(U2 + 599th Bombardment Squadron (6B)
• 99th Bombardment Wing – 99th Combat Bomb Wing –
(Bombardiers moyens), HQ – QG à Great Dunmow (Angleterre)
322d Bombardment Group (B-26 – Martin B-26 Marauder)
basé à Andrews Field (Angleterre) jusqu'au 30 septembre 1944 puis base
itinérante en France et en Belgique. Composition du groupe : 449th Bombardment
Squadron (PN) + 450th Bombardment Squadron (ER) + 451st Bombardment Squadron
(SS) + 452nd Bombardment Squadron (DR)
344th Bombardment Group (B-26 – Martin B-26 Marauder)
basé à Stansted Mountfitchet (Angleterre) jusqu'au 30 septembre 1944 puis
base itinérante. Composition du groupe : 494th Bombardment Squadron
(K9) + 495th Bombardment Squadron (Y5) + 496th Bombardment Squadron (N3)
+ 497th Bombardment Squadron (7L) + 1st Pathfinder Squadron (Réserve)
386th Bombardment Group (B-26 – Martin B-26 Marauder)
basé à Great Dunmow (Angleterre) jusqu'au 2 octobre 1944 puis base itinérante.
Composition du groupe : 552d Bombardment Squadron (RG) + 553d
Bombardment Squadron (AN) + 554th Bombardment Squadron (RU) + 555th Bombardment
Squadron (YA)
391st Bombardment Group (B-26 – Martin B-26 Marauder)
basé à Matching (Angleterre) jusqu'au 19 septembre 1944 (jour de la libération
de la presqu'île) puis base itinérante. Composition du groupe : 572d
Bombardment Squadron (P2) + 573d Bombardment Squadron (T6) + 574th
Bombardment Squadron (4L) + 575th Bombardment Squadron (O8)
— 19e groupe tactique aérien – XIX Tactical Air Command
– XIX TAC – du Brigadier-General Otto P. Weyland dépendant
de la IXe armée aérienne – 9th USAAF – Major-General
Hoyt S. Vandenberg et attaché comme soutien à la IIIe armée américaine
composé des 100e escadrille de combat – 100th Fighter Wing
– du Colonel Homer L. Sander, 303e escadrille de combat – 303rd
Fighter Wing du Colonel Burton M. Hovey, toutes deux issues du IX Tactical
Air Command dispatché début août 1944. Les deux escadrilles seront intégrées
définitivement au 1er novembre 1944 au XIX TAC. Escadrilles de combat
auxquelles il faut ajouté les 10th Photographic Reconnaissance Group sur
F-5 Lightning puis F-6 Mustang, 363rd Tactical Reconnaissance Group sur
F-5 Lightning, F-6 Mustang, P-51 Mustang, 34th Photographic Reconnaissance
Squadron (réserve).
• 100e escadrille de combat – 100th Fighter Wing.
Ci-dessous, la nomenclature des unités combattantes hors unités de service.
354th Fighter Group premier groupe à utiliser le P-51 Mustang après le
P-47 Thunderbolt. Groupe distingué après les combats aériens et bombardements
du 25 août 1944 au-dessus de Brest. Composé du 353rd Fighter Squadron
+ 355rd Fighter Squadron + 356rd Fighter Squadron, basé à Lashenden (Angleterre).
362nd Fighter Group. Groupe distingué après les combats aériens et bombardements
du 25 août 1944 au-dessus de Brest. Composé de 377th Fighter Squadron
+ 378th Fighter Squadron + 379th Fighter Squadron, basé à Lashenden (Angleterre).
363rd Fighter Group. Composé des 380th Fighter Squadron + 381st Fighter
Squadron + 382nd Fighter Squadron. Basé à Staplehurst (Angleterre).
371st Fighter Group. Composé des 404th Fighter Squadron + 405th Fighter
Squadron + 406th Fighter Squadron. Basé à Bisterne (Angleterre).
405th Fighter Group. Composé des 509th Fighter Squadron + 510th Fighter
Squadron + 511th Fighter Squadron. Basé à Christchurch (Angleterre).
406th Fighter Group. Composé des 512th Fighter Squadron + 513th Fighter
Squadron + 514th Fighter Squadron. Basé à Ashford (Angleterre). Groupe
parfois affecté pour certaines missions à la 303e escadrille de combat.
• 303e escadrille de combat – 303rd Fighter Wing
Ci-dessous, la nomenclature des unités combattantes hors unités de service.
36th Fighter Group. Composé des 22nd Fighter Squadron + 23rd Fighter Squadron
+ 53rd Fighter Squadron. Basé à Kingsnorth (Angleterre).
373rd Fighter Group. Composé des 410th Fighter Squadron + 411th Fighter
Squadron + 412th Fighter Squadron. Basé à St James (France) du 19 juillet
1944 au 19 septembre 1944.
406th Fighter Group. Composé des 512th Fighter Squadron + 513th Fighter
Squadron + 514th Fighter Squadron. Groupe parfois affecté pour certaines
missions à la 100e escadrille de combat.
Quand le général Middleton avait besoin de bombardiers lourds dont il
ne disposait pas, il faisait appel à la 8th Air Force (ou à la 9th Air
Force à titre complémentaire) qui sélectionnait les groupes de bombardement
disponibles à la date prévue de la mission. La 8th Air Force, bien qu'elle
ait eu une mauvaise réputation d'imprécision dans ces bombardements, elle
rayonnait à la fois sur la Bretagne mais aussi partout sur le Nord et
l'Est de la France ainsi qu'en Allemagne et autres territoires occupés.
A cette époque, la libération de la presqu'île de Crozon était une mission
annecdotique dans un vaste plan européen de libération.
Exemple d'un bomb group au complet (unités combattantes) dont certains
squadrons (escadrons) ont bombardé Brest et les alentours le 5 septembre
1944. Un groupe de bombardiers lourds – heavy bombardment group
– vole sur B-17 ou B-24 pour un total de 72 avions (effectifs moyens).
— 486th Bombardment Group (Heavy) sur Boeing B-17 Flying Fortress
– 486th BG du Colonel. Glendon P. Overing. Subordonné au 92nd Combat
Bomb Wing du 3rd
Bomb Division (5 combat bombs +14 heavy bomber groups ) de la 8th
Air Force du Lieutenant General James H. Doolittle. Basé à Sudbury (Angleterre)
832d Bombardment Squadron (3R) du Major Clyde A. Thompson et du Major
Richard Uhle
833d Bombardment Squadron (4N) du Capitaine Lionel J. Cormier
834th Bombardment Squadron (2S) aucune perte durant 100 missions, du Capitaine
Winfred D. "Jip" Howell et du Major S. E. Matthews
835th Bombardment Squadron (H8) du Major Fred H. Newman fut en mission
au-dessus de Brest le 5 septembre et perdit par collision deux B17 G.
Parmi les membres d'équipage, peu de survivants.
L'armée de l'air américaine – United States Army Air Forces –
USAAF– classe ses missions de bombardement :
Very Heavy : B-29 Superfortress, B-32 Dominator (pas d'exemple sur la
presqu'île de Crozon)
Heavy : B-17 Flying Fortress (bombardier lourd Boeing de haute altitude
pour missions de jour utilisant un viseur à correction gyroscopique Norden
mais ayant fait de nombreuses victimes civiles à cause des imprécisions),
B-24 Liberator
Medium : B-25 Mitchell, B-26 Marauder
Light : A-20 Havoc, A-26 Invader
La presqu'île de Crozon était déterminante dans la défense de Brest aux yeux des Allemands grâce à des canons lourds de la défense côtière et des canons antiaériens qui pouvaient aussi tirer horizontalement (tirs sol-sol). Après les combats, les officiers Allemands reconnurent que leur artillerie spécialisée dans la défense antiaérienne avait été calamiteuse voire dangereuse pour leurs propres troupes dans les tirs terrestres. Les Américains voulaient prendre la Presqu'île au plus vite pour affaiblir les forces allemandes. Sans canons antiaériens, l'armée allemande ne pouvait pas empêcher les bombardiers américains de réduire l'altitude de largage des bombes. A plus faible altitude, la précision aurait considérablement augmenté. Les Allemands à cette période ont des difficultés d'approvisoinement des munitions pour leurs canons qui sont disparates et de plusieurs nationalités avec des calibres distinctes. Ils finissent la guerre avec des obus en béton. Côté américain ce n'est guère mieux, les calibres sont majoritairement légers et l'approvisionnement est sporadique parce que les unités américaines combattent en Bretagne sur un front de plusieurs centaines de kilomètres.
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