La chapelle de la Trinité était élevée sur la gauche du chemin montant actuel. L'emplacement du bâti d'aujourd'hui correspondait à un carrefour triangulaire qui faisait office de placître..
Quand on venait du Nord par le chemin étroit et boueux, on se devait de gravir une pente difficile.
Pour se donner une idée de l'occupation des sols de la chapelle disparue, il faut tripler la surface du bâti ci-dessus et orienter celui-ci Est-Ouest et non Nord Sud tel qu'il est. Le calvaire ne semble pas avoir été déplacé, ou peu déplacé, au vu du cadastre de 1833.
Un ruisseau proche. L'implantation d'une chapelle se faisait sur une zone de passage. Le puisage de l'eau par les femmes en un lieu précis suffisait à décider d'une construction de chapelle.
Le hameau de Coat-Carrec – Coat-Garrec – littéralement
« Bois du Rocher », proche de la rivière Aulne (à l'Est), a connu une
chapelle jusqu'au début du 19ème siècle sur une parcelle de terre insérée
dans un carrefour de chemins creux à forte déclivité pour l'un d'entre-eux.
Le placître disposait aussi d'un calvaire du 16ème siècle qui, quant à
lui, subsiste. Cette chapelle tréviale (trève = subdivision d'une paroisse)
sise sur la commune d'Argol avait pour vocation de faciliter l'accès aux
messes des paroissiens éloignés du bourg. Apparemment pas de cimetière,
juste un lieu de culte pratique ! La trêve portait le nom de Sulon selon
certains textes. D'autres orthographes apparaissent aussi : Tresulon,
Treuzeulom (hameau au Nord). La construction de l'édifice simpliste, de
la forme d'une petite croix latine, ne semble pas avoir laissé de traces
certaines de sa date de construction. En 1950, une pierre datée de 1587
est retrouvée avec une seconde mentionnée "IAN IOVIN FA" –
transposition au Fabricien Jean Jouin, un commenditaire possible d'un
bâti religieux dans les parages. Pourtant la carte de Cassini note « Coatgarec
» comme un hameau sans église et donc sans chapelle. Ces relevés topographiques
datent de 1750 environ. Y-a-t-il eu deux générations d'édifices ? La chapelle
n'est pas imposée selon le rôle des décimes de 1788. L'absence d'imposition
prouve une absence de revenu par les quêtes ou autres ce qui sous-entend
que fin 18ème, la chapelle n'était plus en service religieux. En 1804,
elle est considérée comme ruinée : en général ce statut est donné aux
bâtiments sans toits sains. Le cadastre napoléonien en fait mention en
1833 mais la chapelle de la Trinité n'est plus représentée vers 1850 sur
les cadastres suivants. Le démantèlement fut sans doute progressif activé
par des prélèvements de matériaux par le voisinage.
La dénomination de Trinité va au-delà de la chapelle elle-même ; non loin
de là, un autre hameau porte le nom de « La Trinité » (cité sur la carte
de Cassini en tant que lieu-dit non bâti), un mont est nommé « Ménez an
Drinden » (Mont de la Trinité) appartenant à la Montagne d'Argol, enfin
le calvaire nommé
Kroaz-an-Dreinded (Croix de la Trinité). Là encore, on trouve le mot Drinden
sous différentes orthographes : Dreinden, Drinded...
La chapelle de la Trinité d'Argol est née de l’expansionnisme religieux
de la seconde moitié du 17 ème siècle, chaque territoire devait être converti
sans exclusion aucune. Construire est une chose, entretenir en est une
autre. Trop de frais d'entretien que des quêtes médiocres ne pouvaient
couvrir. Il n'existe pas de traces apparentes de l'édifice. L'aspect boisé
d'aujourd'hui ne représente pas la situation passée bien moins végétalisée
mais néanmoins verdoyante à forte densité de terrains agricoles.
Au final, le nom choisi de la Trinité appartient à la légende
du Mont de la Trinité tout proche au titre de la célébration de Sainte
Gwenn. Cette célébration catholique, aujourd'hui révolue, n'efface pas
le fait que la chapelle tardive fut construite sur les terres des druides
selon une légende antérieure. L'effacement des rites païens par la propagation
d'une légende chrétienne était monnaie courante en pays breton. La population
préféra mélanger les cultes et les croyances sans exclusive dans un grand
accommodement qu'aucune influence ne ruina.
48° 14' 57" N
4° 15' 41.6" O
A découvrir
Aller à l'essentiel
Colonie de vacances de Cameros
Par curiosité
Elevage de truites dans la rivière Aulne
Patrimoine militaire