La presqu'île de Crozon est libérée de l'occupation allemande
le 19
septembre 1944. Ce sont essentiellement des troupes
américaines avec un support de la résistance française, après des
combats sporadiques modérés en dehors de la ligne de défense
allemande de St Efflez, qui ont arrêté les soldats allemands, puis
regroupés ceux-ci avant une évacuation par bus vers des camps de prisonniers
brestois. L'avant garde américaine dégage vers Douarnenez et Audierne.
Une nouvelle occupation s'organise, une occupation américaine d'arrière
garde qui pratique les méthodes allemandes de réquisitions des biens privés
pour un logement décent, certes dans une moindre mesure. L'armée américaine
va très rapidement avoir une réputation détestable auprès de la population
et tout particulièrement à Roscanvel où les dégradations des biens immobiliers
et mobiliers chez l'habitant font l'objet de plaintes répétées. S'il y
a une reconnaissance, il y a aussi une rancœur car les bombardements en
préparation de la Libération ont fait des victimes civiles et occasionnés
de nombreuses destructions, alors quand des soldats américains s'autorisent,
ivresses, conduites automobiles dangereuses – quelques soldats US
en meurent, appropriations des biens au delà du simple usage de la nécessité
de guerre... Les Français renâclent et le disent en mairie.
Malgré tout, le territoire est miné, les armes traînent partout, sabotées
ou pas, les munitions abondent et les enfants s'amusent dans les zones
dangereuses. Blessures et morts surviennent durant des mois. Des prisonniers
allemands et quelques volontaires germaniques sont employés pour les déminages
mais le travail est superficiel... Des stocks de mines prétendument neutralisés
explosent et fond des victimes civiles, souvent des agriculteurs qui prêtent
leurs charrettes pour le déplacement des explosifs.
L'administration française est représentée par le Comité Départemental
de Libération créé par une ordonnance du 21 avril 1944 et qui se renforcera
lors de la Libération effective mais fort heureusement maîtrisé par le
préfet de la Libération Lecomte. Le comité pense épuration, emprisonnement
des acteurs du marché noir, promet la justice...
Grande absente, l'armée française. Les militaires français sont 700000
mais un fort pourcentage va être démobilisé atteint par la limite d'âge.
Une armée incapable de faire face, dénuée de moyens. Les officiers de
la guerre ne disposent que de formations très partielles, incomplètes.
L'armée de l'air est squelettique autant en hommes qu'en matériels et
la marine est désorganisée, éparpillée. Jusqu'à l'armistice du 8 mai 1945,
le matériel militaire est souvent anglais. Passé cette date, les Anglais
limitent l'aide matérielle pour laisser place aux prodigalités américaines
mais toute cette bienveillance politicienne ne comble pas le manque de
formation des officiers français. Par exemple, pour assumer l'usage d'un
radar américain, il n'y a pas de compétences françaises alors le gouvernement
français d'après guerre signe des accords « d'aides mutuelles » pour que
des soldats et personnels britanniques viennent en France pour enseigner
les technologies nouvelles aux soldats français dont le matériel est inexistant
ou obsolète. Les Anglais ont eu le temps durant des années d'apprécier
le matériel américain dans les camps d'entraînement du Royaume-Uni.
En janvier 1946, ce sont 37500 militaires britanniques ou assimilés présents
en France métropolitaine. Parmi les assimilés, 5000 Polonais. 18000 d'entre-eux
ont des postes de transit ou d'itinérance, les autres sont incorporés
dans une administration parallèle à la française dans les grandes villes
dont la capitale principalement.
Le presqu'île de Crozon accueille aussi des personnels britanniques que
des archives mentionnent en fonction des frais de location dans un milieu
civil ou des casernements ainsi que les éventuels dégâts occasionnés.
Loin de l'agitation américaine, les dégâts britanniques dans les réquisitions
sont rares et peu conséquents et correspondent à des incidents domestiques
ordinaires.
Exemple d'une présence britannique en presqu'île :
Référence Hirings
7/1946 Crozon
Tarifs 20I B de l'armée Britannique [prix d'intervention à caractère exclusivement
militaire sans liens directs au civil]
Séjour du 24 au 26 juillet 1946 d'un montant de 4140 Frs
Aucun dégâts.
La facturation est enregistrée par le bureau français des réquisitions
militaires de Vannes le 27 septembre 1947. La France semble clore les
comptes des opérations « aides mutuelles » en cette année 1947. Destinataire
final : Mr le ministre de la Guerre – Direction centrale de l'Intendance-Sous
direction des pensions militaires et des réquisitions – Paris, ceci après
une consignation à Rennes dans les bureaux de l'intendance régionale.
Pas de précision sur la nature de la mission itinérante qui vient du Relecq-Kerhuon
et qui se poursuit à Morlaix. Compte tenu de la brièveté, on peut supposer
une mission technique significative. Les derniers soldats allemands à
disposition sont rapatriés début juin 1946. La visite britannique n'est
donc sans-doute pas liée. A cause des prémices de la guerre froide, stratégiquement,
la presqu'île de Crozon est sous le coup d'une mesure d'équipement anti-aérien
que la France n'a pas ou peu... Peut-être est-ce le motif de la coûteuse
visite ! Le prix moyen d'un hébergement civil formule 82 f pour un militaire
britannique est de 42 fr la journée. Prix fixé par les autorités françaises.
L'adhésion à l'Otan du 4 avril 1949 active une présence américaine en
presqu'île tout particulièrement les installations de réserves
de carburant de Lanvéoc mais les navires américains sont si grands
qu'à marée basse, l'accostage des pontons s'avère bien plus délicat que
prévu... Cette fois, c'en est fini de la présence d'une armée étrangère
en presqu'île de Crozon.
Après 1945
Chasseur de mines type tripartite CMT
Patrouilleur Kermorvan DF P2 douanes
Sémaphore du Toulinguet Camaret
Terminal pétrolier de l'Otan à Lanvéoc Lanvéoc
Présence armée britannique et US
BAN et Ecole navale après 1944/45 Lanvéoc
Hélicoptère Caïman marine NH90
Vedette de gendarmerie maritime P798
Batterie antiaérienne canon 57 mm
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