Dans la nuit du 16 juin 1944, l'armée d'occupation allemande
quitte la base aéonautique
navale de Lanvéoc Poulmic (1940-44) parce-que l'armée américaine accompagnée
des résistants du colonel Eon s'apprête à envahir l'hydrabase et l'aérodrome
constituant la BAN. Chose faite le 17 juin au matin.
L'ensemble du bâti de la base est à minima défraîchi et peinturluré pour
camouflage en ce qui concerne les installations sans importance stratégique,
par contre tout ce qui peut être réemployé à l'encontre de l'armée allemande,
en fuite vers le Cap de la Chèvre, est saboté. Un sabotage bien plus rigoureux
que celui auquel la marine française s'était adonné le 18 juin 1940, la
veille de l'occupation allemande de la presqu'île de Crozon. Il avait
fallu quelques jours de déblaiements et quelques semaines de reprise en
main pour disposer de la base française neuve réagencée à la manière germanique.
En 1944, les gravas sont nombreux, les matériels sont détruits. En 1940,
des marins français prisonniers avaient été réquisitionnés pour mettre
en état la base. En 1944, des soldats allemands prisonniers sont réquisitionnés
pour dégager les encombrants avec les ouvriers des Travaux Maritimes sans
oublier les déminages très nombreux. Le grand ménage concerne la rade
de Brest à propos des épaves et toutes les installations portuaires. La
ville elle-même est en désolation.
L'école navale de Brest St Pierre a été bombardée et pour des questions
de rationalisation, les autorités gouvernementales, après quelques hésitations
politico-militaires, décident de transférer l'école qui a erré jusqu'au
Maroc, puis Toulon et enfin Clairac durant la seconde guerre mondiale,
dans l'enceinte de la base qui est à reprendre entièrement.
L'argent manque alors les baraquements de Clairac sont relevés sur la
base de Lanvéoc Poulmic et les élèves officiers de la promotion 1945 arrivent
en mai avec pour mission leur forte contribution à œuvrer à une restauration
qui va être laborieuse et dont la finalité reste incertaine. La France
a des moyens financiers limités. L'aide financière américaine du plan
Marshall est destinée pour beaucoup à l'Allemagne pour éviter que le communisme
prenne racine sur le champ de ruines.
Plusieurs faits sèment le doute sur l'utilisation de cette nouvelle version
de la base de Lanvéoc Poulmic. L'hégémonie des portes-avions au cours
de la guerre, la chasse embarquée, les bombardiers légers aussi, à quoi
bon un aérodrome fixe au rayonnement limité par l'autonomie limitée des
avions ? L'hydravion est devenu une antiquité tout juste bonne à apprendre
à piloter mais coûteux en entretien et en consommation de carburant, à
quoi bon une hydrabase ? Heureusement qu'une école navale reste une nécessité
intangible.
L'Escadrille 50 S occupe le terrain avec quelques antiquités aéronautiques.
Le bimoteur Avro Hanson anglais de reconnaissance ou d’entraînement de
1935. Usage sur aérodrome.
Le bimoteur Vickers Wellington bombardier anglais de 1936. Usage sur aérodrome.
L'hydravion Supermarine Walrus anglais de 1936. Usage en hydrabase.
L'hydravion Short S 25 Sunderland anglais de 1937. Usage en hydrabase.
En 1951, la Marine envisage d'exploiter les avions français SNCASO SO
94 et SO 95 de 1947 (projet datant de 1940 de la Société nationale des
constructions aéronautiques du Sud-Ouest). Petit transporteur multi-usages.
Le programme n'est que modestement développé.
Le biplan Stampe et Vertongen S V 4 de 1933, de série en 1937, va devenir
l'avion de référence de la voltige jusque dans les années 1960 et sera
aussi l'avion des écoles de pilotage autant civiles que militaires. Ce
sera le cas pour la base de Lanvéoc-Poulmic en 1951.
Ce n'est que le 4 juin 1956 que Maurice Bourgès-Maunoury, ministre de
la Défense nationale du gouvernement Guy Mollet, entérine la construction
d'une nouvelle école navale. Le secrétaire d'état des anciens combattants,
François Tanguy-Prigent, en visite inaugurale du nouveau groupe scolaire
de Lanvéoc confirme la décision du ministre. L'architecte Pierre Jean
Guth (Grand Prix de Rome) prend en compte ce qui subsiste dont les hangars
des hydravions et dessine de grands immeubles pour recevoir l'école navale
sur la lagune de la baronnie du Poulmic. Ce n'est que le 20 juillet 1961
que la première pierre est posée par le ministre des armées Pierre Messmer.
1961, c'est aussi le dernier vol du dernier hydravion de l'hydrabase du
Poulmic : l'ultime Sunderland qui achève sa carrière et met un terme à
l'installation conçue en 1930. L'hydrobase va devenir un simple port pour
recevoir les navires d'exercice à l'apprentissage de la navigation maritime.
Les missions de sauvetage en mer, de surveillance, tout ce qu'avait initié
l'hydravion revient à l'escadrille 22.S composée d'hélicoptères français
Alouette II et Alouette
III et à l'escadrille 32.F dédiée à la lutte anti-sous-marine et au
transport de commandos dans un premier temps. La 32.F est composée d'hélicoptères
américains Sikorsky HSS.1 Seabat.
Inauguration le 15 février 1965 par le général de Gaulle qui profite de
ce déplacement pour lorgner sur l'Île
Longue et sa destinée de base sous-marine nucléaire pour accueillir
le sous-marin « Redoutable » en construction.
L'escadrille 32.F se renouvelle avec des hélicoptères français Super-Frelon...
Création de l'escadrille 34.F en 1974. 35.F de 1979 à 1998. 1984, l'escadrille
50.S est reconstituée... La base
de Lanvéoc-Poulmic 1919, la fameuse BAN qui se voyait voyagiste du
futur pour New-York par vols transatlantique en hydravions géants a mué
vers le secours en mer qui devient une prestigieuse signature sans pour
autant renoncer à des missions purement militaires plus discrètes.
Après 1945
Chasseur de mines type tripartite CMT
Patrouilleur Kermorvan DF P2 douanes
Sémaphore du Toulinguet Camaret
Terminal pétrolier de l'Otan à Lanvéoc Lanvéoc
BAN et Ecole navale après 1944/45 Lanvéoc
Hélicoptère Caïman marine NH90
Vedette de gendarmerie maritime P798
Batterie antiaérienne canon 57 mm
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