L'anse de Dinan.
Le chasse-marée avait des spécificités régionales dans sa fabrication. Les constructions navales étaient une affaire d'expérience autant pour les charpentiers de marine que pour les pêcheurs. Le chasse-marée se trouvait sur la côte Atlantique et celle de la Manche. Certains voiliers de plaisance furent inspirés par ce souci de vitesse de navigation à voile. Les premiers bateaux de plaisance eurent une conception émanant des chefs de chantier des bateaux de pêche qui adaptèrent des plans sans renoncer à leur art du passé. Ce n'est que plus tard que la plaisance se défit de la filière pêche.
L'anse de Dinan en presqu'île de Crozon a connu une période
faste pour la pêche journalière, celle des chasse-marées sans pour autant
n'avoir jamais disposé d'un port officiellement reconnu. Tous les ports
(Morgat, Camaret...) ont eu leurs périodes sardinières avec les presses
à sardines à portée de main sur la terre ferme. L'anse, quant à elle,
était une zone de mouillage de voiliers fins fortement voilés pour une
navigation rapide de quelques heures à la saison de la sardine. Le poisson
pêché était légèrement salé à bord pour sa conservation avant sa transformation
à terre. De cette période intense du 18ème et 19ème siècle (jusqu'en
1830 environ), il ne subsiste aucune trace.
Le nombre de chasse-marées est estimé au plus à une trentaine au mouillage
quasi constant dans les Porzh (criques) des rochers de Dinan vers 1750
ce qui fait de Dinan le troisième mouillage de la presqu'île de Crozon
après Camaret et Morgat. Des écrits parlent d'un port modestement aménagé...
La réalité devait encore plus modeste... Juste quelques précautions à
l'échouage sur les galets et à l'amarrage enfin. D'autres bateaux restaient
au large en mouillage
forain : en les additionnant, l'anse de Dinan devint le premier port
de la presqu'île de Crozon.
Une partie des pêches des permanents étaient amenées dans les celliers
des habitations pour être travaillée à sa conservation et sa consommation
sur place. Des piles de sardines attendaient d'être mangées au grenier.
L'anse est un abri naturel (vent de terre uniquement) dans des conditions
climatiques raisonnables et s'ouvre directement à l'océan par le biais
de la mer d'Iroise. Aucune perte de temps pour sortir d'une baie ou d'une
rade. Les premiers patrons pêcheurs qui "tombaient" sur un banc
de sardines avaient pêche gagnée et pouvaient rentrer rapidement.
Premier déclin : le blocus anglais. La marine anglaise coulait tout ce
qui flottait ou tentait de soudoyer des pêcheurs pour faire débarquer
clandestinement des espions. La milice
garde-côte veillait. Le collaborateur risquait la mort.
Deuxième déclin : malgré tous les efforts pour atteindre des volumes de
pêche importants, l'arrivée des conserveries
industrielles pour une diffusion nationale de produits, éteignit cette
pêche rapide qui jusqu'alors nourrissait la population locale et les alentours
proches mais n'était pas en mesure de fournir les tonnes de sardines attendues.
La dernière génération de sardiniers au mouillage venait de Douarnenez
pour attendre le départ d'une journée de pêche dans l'anse du Veryac'h...
Début du 20 ème siècle.
Les sardines étaient cataloguées en deux catégories :
Les sardines de dérive dites coureuses à 380 à 407 francs le mille. (1938)
Les sardines profondes pêchées dans l'anse de Dinan (parfois écrit Dinant)
par 16 bateaux pour 200 à 2100 sardines pour 20 à 22 francs le kilo.
Pêches vendues à des mareyeurs pour expédition à raison de 780 francs
le quintal. (1938)
Durant la première moitié du 20ème siècle, des pêcheurs du voisinage réclamèrent
(à plusieurs reprises entre 1914 et 1926) en préfecture, la construction
d'une digue ou d'une cale avec un escalier protégeant le mouillage du
Château
de Dinan pour protéger quelques embarcations durant l'hiver. En effet,
faire "grimper" une barque sur la falaise pour la mettre à l'abri
était un effort considérable. Contestations répétées, refus sans suite
répétés. Les autorités estimèrent que le temps de la pêche dans l'anse
de Dinan s'achevait. Les grandes heures de mouillage et de relâche ne
reviendraient plus. Le mouillage du Kerloc'h est moins exposé, il existe
parfois encore une barque ou deux de nos jours, un symbole d'un temps
révolu.
L'anse de Dinan, côté terre ou plutôt faut-il dire
côté dunes, fut une zone militarisée par l'armée française par un pas
de tir (par exemple) ou de la surveillance
côtière comme l'avaient fait les romains
au Kerloc'h.
Le territoire bordant l'anse de Dinan fut occupé par une population ancienne
qui dès que fut connue la navigation, s'ouvrit à la pêche. Depuis l'antiquité,
les autochtones puis les romains voyaient naviguer les esquifs commerciaux
passer au large. Ceux-ci assuraient la liaison mer méditerranée, pays
nordiques. Le rail de Ouessant d'il y a 4000 ans.
Dans les dunes
de Dinan, furent trouvés 350 deniers romains, en 1873, de la période
des Antonins, empereurs romains entre 96 et 192 après Jésus Christ. Une
belle somme qui prouverait une aisance d'une part de la population. Puis
vers 1880, deux statuettes en bronze... L'agriculture étant difficilement
praticable à cause de la pauvreté des terres de lande, l'accès à la
mer s'avérait vital. L'anse aujourd'hui ne s'agite qu'à la venue des touristes,
et cette agitation éphémère ne se compare sans-doute pas à celle d'antan.
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