Alice Coudol (10 février 1923 - 30 novembre 1944), fille cadette d'Alphonse et Jeanne Coudol, forains de la "Loterie de Montélimar", réside dans une roulotte rue de Kéroriou à Brest. De par la profession de ses parents, elle arpente le Nord Finistère pour participer aux marchés et aux fêtes communales avec pour points culminants les places de la Liberté et Wilson à Brest. Son père meurt chez lui à Brest à 51 ans le 1 mai 1939, il était pensionné de guerre.
La famille maintient l'activité foraine et reçoit un procès verbal des autorités allemandes (septembre 1940) pour dépassement des prix des produits vendus. Au vu de l'inflation galopante, les autorités allemandes publient des tarifs fixes pour tous les biens de consommation. Les commerçants et fermiers n'en tiennent pas compte jusqu'au jour où les sanctions peuvent aller jusqu'à l'emprisonnement.
Des bombes anglaises tombent à côté du camp nomade en février 1941, la cible originelle était le port de guerre stratégique de Brest où se concentre une puissante marine allemande. La famille décide de s'installer à Lesneven au 32 rue de Jérusalem. L'itinérance de cette famille est un point crucial pour la résistance du groupe "S.R. Alliance". Le résistant Georges Roudaut, pharmacien à Lesneven, propose à Alice Coudol d'être agent de liaison avec la fraction brestoise du service de renseignements dont le représentant est Paul Masson, laborantin. Elle accepte bien volontiers sous le pseudonyme de "Violette", ceci en octobre 1942.
Assez rapidement, la jeune résistante est en contact avec des résistants
communistes qui tentent d'organiser des liens entre les réseaux pour davantage
d'efficacité ; le temps des tracts est terminé, la lutte armée semble
l'unique espoir de libération, mais sans armes (armes privées réquisitionnées
par l'armée allemande), sans radios (interdites)... Ce souci de mailler
les réseaux annonce la période noire de 1943 durant laquelle les groupes
tombent les uns après les autres sur dénonciation, par imprudence... Il
faut recruter, être plus précautionneux, maîtriser les contacts à trois
personnes au plus... Alice Coudol devient une recruteuse reconnue. Elle
sait convaincre les bonnes personnes. Le 13 avril 1943, "Violette" approche
Jean-François Derrien à Lannilis. Un gendarme, futur chef de Bataillon
FFI. Puis Jean Mazé, de St Pol de Léon s'investit grâce à l'intervention
de "Violette". Du passage de messages, aux recrutements, Alice Coudol
force le respect. Les semaines passant, quelques armes circulent ; Alice
Coudol prend en charge quelques-unes d'entre-elles qu'elle cache sur le
terrain des nomades à Brest.
Le réseau "Alliance" s'effondre après des perquisitions instructives.
Alice Coudol est arrêtée vers 8 heures du matin à Lesneven le 4 octobre
1943. Prison de Rennes, prison de Fresnes à Paris début 1944, prison de
Strasbourg ensuite. La Gestapo l'accuse d'espionnage en faveur de l'ennemi,
on l'affuble du matricule n° 582 le 25 janvier 1944. Ses camarades d'Alliance
subissent le même sort, celui du programme d'extermination secret "N-N
– Nacht und Nebel – Nuit et Brouillard". Suppressions par exécutions sans
procès, sans traces administratives. Transfert du groupe à la prison de
Pforzheim en Allemagne. Certains membres du groupe "Alliance" sont torturés.
Le 30 novembre 1944, levée d'écrou, 5 heures du matin, 26 prisonniers
sont libérés et transportés par camion dans la forêt de Hagenschieß à
quelques kilomètres du camp. Autour d'un trou de bombe remplit d'eau et
de neige, ces hommes et ces femmes sont agenouillés et abattus par une
balle de revolver dans la tête par cinq gestapistes de Strasbourg. Quelques
branchages recouvrent les corps.
Il semblerait qu'à Lesneven, on se sache rien, des résistants du groupe "Alliance" sont inscrits sur la liste d'Union Gaulliste pour les municipales gagnées du 18 mai 1945. Alice Coudol est donc conseillère municipale ! Seule sa disparition enfin établie dévoile le drame.
Le 19 mai 1945, dans la forêt allemande, les autorités françaises emploient des civils allemands (une pratique fréquente pour rappeler l'horreur nazie souvent niée au delà du Rhin) pour mettre les corps en cercueil. La dépouille d'Alice Coudol est rapatriée à Brest le 5 août 1945. Une cérémonie inimaginable, digne d'un chef d'Etat, est organisée en hommage à cette jeune-femme méritante. La sous-lieutenante F.F.C. Alice Coudol est inhumée au cimetière de Saint-Martin, à Brest. Dès octobre 1945, une rue brestoise porte son nom.
Forces Françaises Combattantes (FFC), Déportés et Internés de la Résistance (DIR)
Croix de chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume le 6 juillet 1955
Croix de Guerre 39-45 avec palmes
Médaille de la Résistance
Le conseil municipal de Crozon du 8 juillet 2021 vote à 27 voix et 2 abstentions
la désignation d'une impasse à Morgat au nom d'Alice Coudol.
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