Toilettes publiques saisonnières de Morgat vendues au privé en 2022 par la municipalité de Crozon. Une esthétique typée. Peintures blanche et bleue à l'extérieur pour le côté station balnéaire et carrelages à petites tesselles marron à l'intérieur avec peinture jaune paille sur les murs. Lavabo de collectivité dans l'esprit d'antan. Ventilation à courant d'air et grillages ainsi qu'un éclairage par puits de lumière en pavés de verre !
Point de bunker, juste des wc publics façon béton de situation.
Des toilettes publiques sur l'accès à la plage du Portzic, impensable dorénavant, l'urbanisme est tout autre dorénavant. Libres d'usage à la belle saison, toilettes à touristes donc... Une autre dimension révolue.
L'évolution décorative passe par des carrelages à plus grands carreaux, y compris sur les murs. Des lavabos individuels... Les toilettes publiques de l'office du tourisme de Morgat : disparition programmée.
Les lieux d'aisances ont aussi une vie intime, ils naissent
selon les besoins et prennent la forme des modes de construction de leur
époque. Ils vieillissent, sont relégués, puis démolis ; un à un, ils tombent
dans l'oubli sans sépulture. Leurs durées de vie ont la longévité humaine...
La génération des toilettes cubiques en béton des années 60-70 est remplacée
par des wc préfabriqués – nommés sanitaires publics personnalisables
– achetés sur catalogue d'entreprise, monétisés parfois, construits
en série. Avant, on devait faire un plan d'architecte. Le bâtisseur prévoyait
large, autant pour les petits efforts masculins que pour les grandes déterminations
mixtes. De cabines en cabines, cet effort pouvait être commun, une sorte
de moment d'égalité et de fraternité devant l'essentiel de sa nature.
Aujourd'hui, on se retrouve seul au monde dans des poussées enfermées
qui en cas défaillances se traduisent par un isolement de l'individu...
Stress absolu pour les claustrophobes. Fini les bruits communautaires
orchestrés par une intensité humaine qui ne ressemble à rien d'autre que
ce qu'elle est.
Bien sûr, il y avait les odeurs, des odeurs qui prouvaient l'usage de
nos aisances. On ne s'y trompait pas, on était là où il fallait être pour
se libérer le corps et l'esprit. Car après l'angoisse de l'approche, à
temps, des toilettes, la félicité s'emparait de nous, nous sortions le
corps et l'esprit unis tout en rencontrant un-e comparse, la mine réjouie
aussi. On se disait, sans le dire, « Ça s'est bien passé ? », nous répondions
aisément en toute aisance, « Ça s'est bien passé ! Et vous-même... »,
l'œil répondait, c'était magique... C'était un autre temps...