Balise sur le rocher du Mengant – Mengam.
Fort du Mengant en arrière plan.
Le rocher du Mengant est un éperon rocheux en quartzite
au milieu du Goulet de Brest qui servit autant de repoussoir dissuasif
pour l'ennemi maritime que de danger mortel pour le navigateur qui voulait
quitter Brest avec désinvolture. Cette dent minérale déchire les navires
d'autant plus facilement que les courants sont violents et pour peu que
l'on navigue par vent contraire, mieux vaut remettre son âme à Dieu. Le
rocher est visible à marée basse mais il ne dit rien de sa longueur réelle.
Il y aurait eu un édifice en bois provisoire construit à l'instigation
du Duc de Bretagne Jean IV (1339 1399) vers 1386 pendant que celui-ci
menait le siège de Brest occupé par les Anglais. Cette tour de guet aurait
été détruite par Henry Percy (1341 1408) comte de Northumberland, maréchal
d'Angleterre, qui à cette occasion fit construire des forts en pierres
sur la cote de part et d'autre du Goulet pour éviter une nouvelle mésaventure.
Certains textes privilégient une construction en éléments flottants en
bois autour du rocher.
Les ingénieurs François Ferry (Rochefort), Pierre Massiac de Sainte-Colombe
(Brest) et Mollart travaillent au plan d'un fort perché sur le rocher
du Mengant en 1680. L'idée de forts sur les récifs des Fillettes, sur
Basse Goudron est aussi dans les esprits.
Ce rocher n'a pas échappé à Vauban qui projette plusieurs projets entre
simple repère de navigation sous la forme d'une tourelle en fer protégée
par des maçonneries et installation d'une batterie basse de 18 canons
sur caissons ceinturant le rocher sont envisagés dès 1683. Il semblerait
qu'il ait eu des travaux engagés et vite abandonnés à cause du courant
qui emporte aussi bien les hommes que les pierres.
L'ingénieur Martin propose, sur plan, d'entourer le récif du Mengam (Mingant)
par trois coques de navires solidaires pour en faire une place flottante
en 1695.
Le Vice-amiral Antoine-Jean-Marie Thevenard (1733 1815) fait élever une
balise en poutrelle métallique en 1775 plus à titre expérimental qu'autre
chose. Le marin revient en 1791 après une visite d'inspection de Brest
en tant que ministre de la marine et fait construire une nouvelle balise
métallique plus durable. Il relate dans un rapport, la dangerosité du
rocher en 1800. Un simple repère ne suffirait donc pas.
En 1820, une nouvelle balise métallique est à nouveau construite pour
remplacer la précédente malmenée. Peut-être s'agit-il d'une réparation
et d'une consolidation de la balise Thevenard.
En 1845, un rapport est commandé à l'ingénieur des Ponts et Chaussées
de Brest qui donne quelques dimensions de l'éperon et raconte toute la
difficulté de s'y amarrer quand la mer monte. Le projet de phare proposé
est coûteux et jamais réalisé.
En 1846, il ne subsiste qu'une poutrelle courbe au sommet du Mengant.
On soupçonne un accident dans lequel un navire serait engagé.
En 1861, le repère cylindrique est en maçonnerie peu élevée mais suffisante
pour être vue par temps clair. Couleur noire et blanche. Le projet a enfin
été réalisé par le partage des frais évalué à 3000 frs entre la Marine
et les Ponts et Chaussées. La modestie du chantier plaide en sa faveur
et arrange la navigation militaire et civile de façon équitable. Le chantier
est mené par l'usage d'un remorqueur venant de Brest pour le transport
des ouvriers et des pierres de taille préparées à l'avance.
La commission mixte chargée de l'armement du 2ème arrondissement maritime
fait savoir en 1874, qu'elle verrait bien un fort sur le Mengant. Le préfet
maritime de Brest sort sa plume et envoie son opinion au ministre de la
Marine en lui expliquant que seuls des forts terrestres multipliés sont
susceptibles de suivre un navire rapide ennemi dans le Goulet. Le coût
des travaux du rocher du Mengant seraient astronomiques pour une efficacité
incertaine.
Un feu à huile est installé en 1898 (sur un plan des Ponts et Chaussées
de 1894) sur la balise à la demande du Ministre des travaux publics dès
1894. Ce responsable gouvernemental veut éclairer l'ensemble du Goulet
par différentes balises. Le repère existant est partiellement démoli (2.5m
de la partie haute intègre de la chaux – l'embase en mortier de
ciment est conservée), reconstruit (1895), rehaussé pour l'occasion pour
un budget de 7500 frs voire un peu plus déjà provisionné. Les conditions
d'accès des barques pour allumer la veille sont calamiteuses et chaque
allumage est une prouesse physique. Le manque de combustible est bien
plus fréquent qu'accidentel. Ce devait être un feu permanent qui était
dans les faits un feu intermittent.
Equipement du feu par une lampe à gaz en 1910.
Une des nombreuses pannes signalées dans la presse : le feu est fixe à
cause du blocage du volet d'occultation en mai 1924, la réparation est
prévue ultérieurement.
En 1938, la fée électricité est branchée sur le rocher du Mengant grâce
à un câble sous-marin.
La balise porte un feu électrique blanc d'une portée de 11 miles. Présence
de panneaux solaires.
• Les canons de l'épave
du vaisseau "Le Républicain" gisent à côté du rocher.
• L'armée française installe entre le rocher et la côte de
Roscanvel, des torpilles
de fond.
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