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Batterie de Beaufort en Roscanvel

François de Bourbon-Vendôme, 2ème duc de Beaufort (1616 -1669), petit-fils d'Henri IV, cousin germain du roi Louis XIV, mène à la fois une carrière militaire sans grand relief, suspecté de n'être qu'un piètre stratège, et une manie du complot qui le conduira à la prison de Vincennes d'où il s'échappera. Conspirationniste invétéré, il s'assagit en 1653 et retrouve les grâces de la couronne. Le duc de Beaufort est nommé à la charge de grand maître, chef et surintendant général de la navigation en 1665. Il commande la flotte française dans les expéditions militaires maritimes de l'époque, surtout en Méditerranée.

Cette charge de grand maître, chef et surintendant général de la navigation et commerce de France est une création de Richelieu pour lui-même afin d'avoir la main-mise sur la marine française mais aussi sur les réglementations, lois et activités du commerce maritime. Le titre est supprimé à la mort du duc François de Beaufort, dernier détenteur, en 1669.

Tout au long du 17ème siècle, la France est en guerre maritime avec l'Espagne (1635-1659), la Hollande (1672-1678), la Ligue d’Augsbourg (1688-1697). A ce titre, des batteries de côte sont construites sur le littoral français avec de faibles moyens et une technologie sommaire. Les boulets des canons ont une portée limitée et une capacité de destruction faible (l'ennemi n'est guère mieux équipé), néanmoins, il est nécessaire de défendre Brest, son Goulet contre toute intrusion ennemie.

Si la batterie de Beaufort datée de 1666 n'est pas la première batterie côtière de la presqu'île de Crozon, elle est peut-être la plus ancienne à avoir laissé quelques vestiges sur site qui permettent d'apprécier la nature des travaux engagés à la fin du 17ème siècle avant la période Vaubanienne. La batterie de Beaufort proche de la batterie basse de Cornouaille de Vauban appartient à la génération des premières constructions de parapets crénelés pour protéger les artilleurs des tirs ennemis. Précédemment, le parapet était inexistant ou était constitué en terre de remblai. Vauban récusera cette méthode jugée trop sommaire et trop abrupt sur des pieds de falaise sujets à l'érosion et donc à l'effondrement.

La batterie de Beaufort était double. Une première batterie de 10 embrasures et une seconde de 21 embrasures laissant entendre l'usage de 31 canons de marine. Après la construction de la batterie de Cornouaille en 1694, la batterie de Beaufort devient une annexe mi-abandonnée et désaffectée en 1750. Cette batterie disposait d'un corps de garde et d'un magasin de poudre dont il ne reste que quelques indices.

Lors de la mise en service de la batterie de Cornouaille (1694), la batterie de Beaufort compte 5 canons de 18 livres (petite batterie) et 15 canons de 36 livres (grande batterie).

Les vestiges de la batterie de Beaufort dont les soubassements d'un four à boulets, ont une importance patrimoniale au vu de la comparaison architecturale militaire avec les travaux de Vauban de proximité. Un changement d'époque saisissant qui ne fait que valoriser davantage l'œuvre de Vauban.

48° 19' 51.5" N
4° 34' 6.6" O

Une batterie "à l'ancienne", soit avec tertre en terre, est construite vers 1750 dans les environs et ne laisse aucune trace, elle était dénommée batterie des Signaux.