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Batterie de Pont-Scorff – Trois bosses – batterie du Run

Abri de Traverse - soute Sud, une des trois bosses.

Après le virage, la batterie du Run / Scorff. En fond, Brest à défendre. En premier plan le mur de soutènement construit pour l'armée quand la grève de Pont-Scorff était une zone d'échouage.

Les casernes de Pont Scorff en premier plan au pied du Run.

Le Run est un monticule naturel de terre et de roches sur la commune de Roscanvel jouxtant Pont-Scorff et les anciennes casernes. Cette élévation a longtemps porté un mât à pavillons de l'armée française. La plate-forme bordant la falaise locale n'est elle pas naturelle, il s'agit d'un terrassement humain effectué au plus tard en 1811 et peut-être bien avant. Cette installation de quatre canons en cette période correspond à une phase d'armement de la côte Est de Roscanvel. En 1840, la batterie de côte comporte sept canons de marine derrière un parapet uniforme. L'utilité est de faire feu sur un ennemi qui aurait su pénétrer le Goulet de Brest et serait tenté d'opérer un mouillage dans l'anse de Roscanvel qui correspondrait à un siège maritime de Brest sachant que les vaisseaux de guerre d'alors sont armés de canons multiples qui auraient pilonnés les fortifications brestoises indéfiniment.

La technologie des canons ayant évolué, les petits calibres de marine sans grande portée sont remplacés par des canons de l'artillerie lourde de la fin du 19ème siècle. Au lieu d'avoir une myriade de canons à boulets de faible portée, la Marine réduit le nombre de batterie et augmente les calibres de ses obusiers. L'ensemble des points stratégiques de la presqu'île de Crozon connait cette évolution qui nécessite des abris de traverse, des abris voûtés recouverts d'une forte couche de terre pour amortir les obus ennemis. Le terrain plat du bord de mer se retrouve occupé par trois soutes de traverse modèle 1870 qui donnent un aspect de trois bosses inhabituelles que ne manquent pas de remarquer les Roscanvelistes qui oublient que l'ancienne batterie s'appelait la batterie du Run – Runn. Désormais, la batterie de 1883/1884 environ est surnommée batterie des "Trois Bosses" ou Batterie de Pont-Scorff, lieu-dit officiel de proximité. 4 canons C (court) M (Marine) de 19 cm modèle 1870 sur affûts M modèle 1869-T-1884 PA pratiquent le tir à barbette – tir au-dessus d'un parapet – avec les canons légèrement inclinés vers le bas pour cibler les embarcations proches de la côte. Comme toutes les batteries, la batterie de Pont-Scorff dispose d'un gardien en l'absence des artilleurs militaires. Ce gardien est en exercice en décembre 1897 car suite à une intrusion par un individu suspect sur le site gardé, l'affaire occupe les autorités après avoir inquiété le gardien qui décide d'une arrestation en présence du maire de Roscanvel. Il s'agissait en définitive d'une femme jugée déséquilibrée habillée de façon masculine qui déambulait sans savoir où elle était. La crainte d'un agent ennemi britannique est forte à cette époque, les rumeurs vont bon train. Après cette date, sans précision, la batterie est démantelée, peut-être lors de la première guerre mondiale afin que les canons soient reversés sur le front à l'Est de la France. Ensuite abandonnée, la batterie de Pont-Scorff est réemployée par l'armée d'occupation allemande en tant que batterie antiaérienne Cr330 durant la seconde guerre mondiale. Une position qui apportera bien des malheurs.