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Loi du 27 mai 1889 portant classement et déclassement d'ouvrages de défense

Charles Louis de Saulces de Freycinet (1828-1923), sénateur, ex candidat à 2 présidentielles sous la 3ème république, ministre de la guerre (premier civil à occuper ces fonctions), ingénieur de formation, rédige un projet de loi de déclassement des ouvrages militaires français le 9 février 1889. Chambre des députés. 4e législature. Session 1889. N ° 3523.

La loi du 27 mai 1889 portant classement et déclassement d'ouvrages de défense tant en France qu'en Algérie déclasse les corps de garde modèle 1846 construits entre 1859 et 1862 (environ) et antécédents ou variantes telles que les casernes défensives - caserne de Fort Robert - étant considéré que le manque de résistance des structures de maçonnerie face aux tirs des obus explosifs hors poudre noire - obus torpilles - réduisait à néant le système de défense de la France et de ses colonies. Ceci concerne donc les réalisations des plans-types arrêtés par le Comité des fortifications en 1846 qui avaient mis un terme aux fortifications napoléoniennes (type 1811) sur toutes les côtes françaises.

Un projet de loi concernant la vente d'un certain nombre d'immeubles militaires devenus inutiles aux besoins du service pour en affecter le produit à des travaux de casernement est présenté par Mr Charles de Freycinet et par Mr Maurice Rouvier (ministre des finances) le 6 juin 1889. Chambre des députés. 4e législature. Session 1889. N ° 3780. En fonction de cela, les tours crénelées, fortins, corps de garde... furent soit vendus aux enchères publiques - corps de garde du Kador (par exemple), soit furent laissés à l'abandon sous statut militaire - corps de garde du petit Gouin en Camaret jusqu'en 2006.

Dès 1888, l'armée avait partiellement anticipé la révolution technologique de l'armement. Le béton dit "spécial" (sans être armé) commence à entrer en exécution dans les bâtis militaires mais la méthode est peu employée car coûteuse et la maîtrise des grandes épaisseurs est encore insuffisante alors il est décidé de créer une génération de magasins (munitions et poudres) sous roc, c'est-à-dire dans des salles creusées profondément dans les falaises.

Une enveloppe budgétaire parmi d'autres :
Un projet de loi portant ouverture au ministre de la marine, au titre du budget ordinaire de l'exercice 1889, d'une somme de 3.000.000 de francs représentant la première annuité du crédit de 34.190.000 francs prévu par la loi du 11 juillet 1889 pour l'exécution de travaux d'amélioration à entreprendre dans les ports militaires est présenté par Mr. le vice-amiral Jules-François-Émile Krantz (ministre de la marine) (1821-1914) et par Mr Maurice Rouvier le 12 juillet 1889. Chambre des députés. 4e législature. Session 1889. N ° 3933. La presqu'île de Roscanvel fait partie du port militaire de Brest jusqu'aux lignes de Quélern.

Grâce aux plans d'investissement indispensables et urgents, certaines zones côtières de la presqu'île de Crozon deviennent des "termitières". Idem pour les batteries de rupture au ras des flots - Cornouaille, Capucins... A partir de 1897, le génie militaire commence à intensifier les réalisations en béton armé. L'ampleur des travaux est considérable tout particulièrement à Roscanvel qui connaît un essor économique sans précédent. La main d'œuvre civile et militaire y est abondante et de nouvelles familles s'installent sur place.

La loi du 27 mai 1889 en faveur du déclassement des fortifications anciennes tourne une page dans l'histoire de la défense du territoire et marque la fin du règne millénaire de la poudre noire. Une loi qui passe relativement inaperçue pour les citoyens préoccupés par les conséquences du mouvement politique d'extrême gauche - le boulangisme, ceci durant la mandature du président de la république Sadi Carnot. L'absence de conflit ouvert avec l'Angleterre ou toute autre puissance considérée comme ennemie a permis de changer d'ère militaire sans encombre. La première guerre mondiale amènera les problèmes de défense sur le front de l'Est ce qui mit entre parenthèse les aménagements de la côte Ouest. Ensuite ce fut le temps de la ligne Maginot bien éloignée des côtes. Seule l'occupation allemande raviva l'intérêt stratégique d'une défense côtière optimisée au travers du Mur de l'Atlantique.