La maison du gérant de l'usine rouge.
Un vague souvenir d'une toiture rouge au pays des ardoises.
L'acte notarié du 5 mars 1880, rédigé à Brest, constate
la création de la Société anonyme Brestoise de produits alimentaires destinée
à fabriquer des conserves alimentaires et pratiquer le commerce de poissons
frais. Dans les faits il s'agit d'une friterie comme on nommait alors
les conserveries de sardine. Le capital de 200 000frs est partagé en 200
actions dont le gérant Eugène Fouché Royer est détenteur de 83 d'entre-elles
et le reste est partagé de manière disparate entre les 6 autres actionnaires.
La société achète une maison qui jouxte le terrain à bâtir de 2900 m².
Le gérant y réside et bénéficie de la gratuité du chauffage. L'usine est
construite en 1881 avec son toit de tuiles mécaniques rouges, une nouveauté
qui offre l'occasion aux Camarétois de nommer l'entreprise qui emploie
le plus grand nombre d'ouvriers, l'usine rouge. La conserverie fonctionne
à plein régime grâce à une astuce. Eugène Fouché Royer a fait construire
une estacade (un ponton fixe en bois de 60 mètres de long) devant l'usine
permettant aux pêcheurs de livrer leurs sardines dans un moindre effort
quel que soit le niveau de la marée. Un petit plus apprécié.
Juste avant la crise sardinière, en 1900, l'effectif de l'usine se monte
à 110 personnes : 3 mineurs de 13 à 16 ans, 28 mineures de 13 à 18 ans,
65 femmes et 14 hommes essentiellement des soudeurs de boîtes de sardines
pour 211 000 boîtes de sardines à l'année. En 1912, les employés ne sont
plus que 60 pour 200 000 boîtes de sardines fabriquées.
Dissolution de la société le 21 mars 1931 après plusieurs bilans annuels
négatifs dûs à la concurrence et à la démocratisation du produit qui se
vend toujours moins cher. Les actifs sont vendus aux plus offrants. Les
lots se partagent entre Mr et Mme Ollivier-Albert et Rosalie Le Fur ainsi
que Messieurs Alexandre et Félix Morvan qui ont des activités de construction
de marine (1936). L'usine n'est pas complètement démantelée et poursuit
une faible activité jusqu'en 1940. L'usine fut la plus grande productrice
locale mais loin d'être la plus rentable comme put l'être l'usine
Béziers.
L'armée d'occupation allemande prend possession des locaux et fait fonctionner
de manière aléatoire la sardinerie quand le manque de nourriture se fait
sentir. La pêche est officiellement interdite pour ne pas que les pêcheurs
transportent des armes et des soldats alliés. Cependant, localement, les
autorités signent des autorisations de sortie limitées dans le temps.
Une partie des bâtiments est utilisée par un fourrier et de l'intendance.
Le 19 avril 1944, des draps, des couvertures et un groupe électrogène
sont volés. Les Allemands menacent d'exécuter 50 otages si les coupables
ne sont pas dénoncés. Menace non suivie des faits - ne serait-ce pas des
soldats Allemands, voire des mercenaires Ukrainiens ou des Russes blancs
qui auraient encore agi pour déserter ou simplement faire du marché noir
pour acheter de la nourriture. Un "revendeur français" sera
arrêté sur dénonciation d'une femme quelques jours plus tard.
Après guerre, les ateliers de sardine sont définitivement fermés.
L'usine rouge est démolie et remplacée par un immeuble moderne (1992),
seule la maison du gérant est encore bien en place et semble témoigner
de la grande agitation du quartier
du Styvel.
Camaret à découvrir
Aller à l'essentiel
Alignements de Lagatjar et plus...
Table de sacrifice ou pierre plate ?
Patrimoine religieux
Pointe du Grand Gouin - du Couvent
Le port, les quais...
Etang de Prat ar Pont & submersions
Pressage des piles de sardines
Fresque murale Sevellec Henriot
Des pierres...
Villas de la Montagne – des artistes
Rues de Reims, Dixmude, de la Marne
Histoire
Divers
Patrimoine militaire
°°°
Une information, une demande, patrimoine, nature, hors tourisme :
© 2012-2023