Rue Anne de Mesmeur au pied de l'église St Pierre de Crozon.
Anne Le Bastard de Mesmeur naît à Quimper en 1823 et meurt
à Crozon en 1909. En 1826, ses parents fortunés s'installent au manoir
de Lescoat en Crozon que la mère reçoit en héritage. Ce retrait de
la vie mondaine quimpéroise est dû au fait que le père a refusé de prêter
serment à la République avant d'accomplir des fonctions administratives.
Le père très religieux procède à l'agrandissement substantiel du manoir
et à l'étude de l'histoire patrimoniale ainsi qu'à l'étude de l'archéologie
locale. Dans ce contexte royaliste et clérical, Anne, la fille aînée de
la famille grandit à Lescoat qui dispose de fermes alentours où les enfants
pauvres errent pendant que les parents cultivent les terres des notables
sans titre de noblesse.
Au cours de son adolescence, Anne, dispense ses connaissances royalistes
et chrétiennes à quelques filles de ferme. De tous les siècles, il y a
eu des tentatives discrètes, car jugées sulfureuses par les conservateurs,
d'éducation des filles du peuple... L'école officielle n'existant pas
alors, l'engagement, même teinté d'arrières pensées de l'ancien régime,
est un progrès inédit en Crozon. De quelques élèves féminines, l'enseignante
improvisée, dénuée de tout diplôme, se retrouve à la tête d'une classe
de 20 filles en 1846 au manoir de Lescoat. Malheureusement l'évolution
de l'instruction des filles n'est pas sans conséquence sur la vie quotidienne
des Crozonnais. Progressivement, les prétendants au mariage se détournent
des filles éduquées. L'érudition conduit au célibat et donc au maintien
de la jeune-femme chez ses parents qui devient une bouche de plus à nourrir.
L'affaire gronde dans les conversations. Et si l'éducation des filles
était contre nature ? Les jeunes hommes illettrés sont certes enthousiastes
pour courir la joliesse jusqu'à la meule de foin mais de la à vivre avec
une épouse qui sait lire, écrire et compter, il y a un rejet car la chose
est humiliante et constitue un risque d'indépendance inconcevable même
pour un républicain endiablé. La liberté l'égalité et la fraternité est
faite pour les hommes uniquement. On en informe avec précaution Anne de
Mesmeur qui doit composer avec l'air du temps.
La fille de famille se présente à la congrégation des filles du Saint
Esprit en 1853 et revient religieuse à Crozon en 1854. Vers 1856/57, elle
fait bâtir l'école Sainte Anne au bourg de Crozon avec la fortune parentale
et cette fois, c'est l'école gratuite pour les filles et les garçons.
Première école officielle du canton. Seulement, très vite, l'argent manque
pour entretenir l'établissement religieux conduit par des sœurs blanches
de Crozon exclusivement. Anne (Anna) de Jésus, directrice de l'école,
parvient à convaincre le maire d'organiser dans la salle des fêtes de
la mairie une loterie pour la fête de la Sainte Enfance le 4 février 1858.
Lors des préparatifs, elle exige que le buste de Napoléon III soit enlevé.
L'usurpateur, chef de la chienlit républicaine, n'a rien à faire dans
une fête religieuse. Le scandale est immédiat et remonte à la sous-préfecture
de Châteaulin. Les gendarmes enquêtent. La population qui rêvent encore
d'une république égalitaire est en colère. La religieuse est mutée sous
l'influence du préfet auquel l'évêque ne peut rien refuser en période
de tension et de survivance de l'église. Elle se retrouve au couvent dans
la région de St Brieuc et est présentée à la justice en la même ville.
Le juge d'instruction a connaissance que la famille Le Bastard de Mesmeur
quitte l'église, lors des messes, quand un te-deum est célébré en l'honneur
de la famille impériale après l'attentat du Comte Felice Orsini (14 janvier
1858 contre Napoléon III et l'impératrice devant l'Opéra de Paris rue
de Provence). Il découvre dans un dossier de moralité que cette famille
conservatrice impliquée dans la magistrature depuis le 18ème siècle est
irréprochable dans ses mœurs et que leur conservatisme exacerbé est du
domaine public. Ils ne sont donc pas de sombres complotistes... Le dossier
s'achève par un non-lieu. Trop de heurts sont à prévoir si un juge républicain,
condamne une religieuse...
Anne Le Bastard de Mesmeur se fait connaître par des publications en langue
bretonne de grande qualité rédactionnelle et historique. Dans l'ouvrage
qui a marqué les esprits, on découvre que l'amour de l'ancien régime est
bien moins intense encore, que l'amour porté au Duché de Bretagne. Anne
de Jésus veut une Bretagne ducale libre ! Le seul trait de conciliation
envers l'empire consiste à reconnaître que Napoléon Ier a épargné les
chouans...
La « République repart à l'assaut » d'Anne de Mesmeur, la mère supérieure
de l'école Sainte
Anne de Crozon, est expulsée en août 1902, en compagnie des religieux-ses
de l'établissement scolaire passant sous régime laïque après la loi de
1901. L'armée sonne à la porte, la fin du monde selon la dame de Lescoat
tinte le glas.
Noms que l'on retrouve dans les sources : Anne Le
Bastard de Mesmeur, Anna Vezmeur, Sœur Anne de Jésus, A.L.B de M.
Date de naissance : 1823-06-26 – Date de décès : 1909-01-30
Publications :
Breudeur ni gleo o klemou – Cantique – 1865
Histor ar Vreiz komposet gant L.M.D.K. – 3 éditions 1855 (Lefournier)
– 1863 – 1869 (Lefournier)
Kenavo Kraozon – Chant
Miz Mari an Itron Varia Lourd – Littérature religieuse – 2
éditions 1874 (Lefournier / Salaün) – 1875
Monig ar Menez – Chant
Lefournier : éditeur brestois en langue bretonne.
Contributrice de la revue Feiz ha Breiz
A propos de son ouvrage sur l'histoire de la Bretagne :
Histor ar Vreiz, komposet gant L.M.D.K. enn envor ann aotrou Graveran,
escop. diveza maro e Kemper, 8250. 180 pages Editions Le Fournier ou Lefournier
selon les sources. Enregistré ainsi dans la bibliographie française des
ouvrages en tous genres parus en 1855.
D'après certaines sources, la première publication du livre d'Anne Le
Bastard de Mesmeur en langue bretonne le fut sous l'égide, voire sous
le nom de l'évêque
Graveran, évêque de Quimper. Les 500 exemplaires se seraient rapidement
vendus, une réédition bilingue (1863 - 540 pages - St Brieuc imprimerie
L.Prud'homme) de "l'Histoire de la Bretagne" porte les initiales de l'auteure
A.L.B. de M.. Le livre composé de 35 veillées raconte le parcours du mendiant
Yann an Dall sous l'influence généreuse de l'église.
Crozon à découvrir
Patrimoine religieux
Eglise Saint Pierre et retable
Chapelle Saint Philibert - St Drigent
Demeures, vieilles pierres...
L'ancienne forge de Tal ar Groas
lieux
Rue Louis-René de Caradeuc de La Chalotais
Ramassage industriel des galets
Pointe et éperon barré de Lostmarc'h
Personnalités
Divers
Le centre des impôts de Crozon
Ecoles
Ecole Jeanne d'Arc - Ecole Sainte Anne - Ecole de Saint Fiacre - Ecole Jean Jaurès - Ecole de Tal ar Groas - CES Alain - Ecole Saint Hernot
Patrimoine militaire