L'Erika sous pavillon maltais, pétrolier simple coque construit
au Japon en 1975, fait naufrage le 12 décembre 1999 au large des côtes
de la Charente-Maritime et déverse une très grande partie de ses 30884
tonnes de fioul lourd dans la mer. La pollution de ce tanker remonte vers
le Finistère et touche la presqu'île de Crozon. Bilan 150000 à 300000
oiseaux marins morts. 101 parties civiles attaquent en justice pour obtenir
1 milliard d'euros d'indemnités. Le FIPOL (Fonds d'indemnisation des pollutions)
s'engage à subvenir aux pertes recensées - cet organisme reçoit 6692 demandes.
Légalement, les particuliers, commerces, entreprises et organismes peuvent
prétendre à une indemnisation complète selon la convention de 1992 sur
la responsabilité civile. Le 25 septembre 2012, les sociétés Rina (société
des classifications des navires de commerce) et Total ainsi que 2 particuliers
sont définitivement condamnés par la cour de cassation.
Les bonnes intentions du FIPOL affichées en 2002 consacrant une pleine
et entière indemnisation s'était arrêtée dans les zones dites de pollution.
Autrement dit qui n'avait pas de mazout sur son outil ou sur son bien
ne pouvait prétendre à rien. Les entreprises du tourisme, de l’hôtellerie
qui devaient voir une forte baisse de fréquentation de la part de randonneurs
parfois étrangers n'étaient pas considérés comme impactés s'ils se trouvaient
en retrait de la côte mazoutée. Certains commerçants Crozonnais ont tenté
une action en justice contre l'organisme qui était sensé les aider - ils
obtinrent gain de cause mais la procédure fut rude - les preuves de la
déconvenue commerciale difficiles à établir. Les versements du FIPOL furent
remboursés par le pollueur et son assureur.
Cet étrange confrontation juridique a blessé des mémoires et appartient
désormais à l'histoire locale. Les médias furent prompts à parler du désastre
écologique réel, de la piètre réalité d'un navire qui n'aurait pas dû
prendre la mer tant son entretien laissait à désirer... On parla aussi
du nettoyage des plages, de l'effort des bénévoles... De tout ce qui fut
apparent... et rien des dommages invisibles à première vue.