2 bris de tuiles romaines de la Pointe de Raguenez. L'une d'une granulométrie minimale et l'autre plus grossière et plus altérée. Un perçage pour les fixer sur une toiture.
Parmi des pierres, des débris de terre-cuîte.
La Pointe de Raguenez vue de l'île de l'Aber. En fond
Tal ar Groas, une ancienne colonie romaine.
« Je ne cessais de chercher ici les débris romains, ces nombreuses tuiles
à crochet... … et comme je n'en avais trouvé qu'un seul fragment parmi
les pierres extraites des cultures qu'il faut traverser pour arriver à
l'île [l'île de l'Aber NDLR], ce morceau n'était pas à mes yeux une preuve
suffisante, parce qu'il pouvait être de transport. Je m'avançais ainsi,
peu satisfait, vers l'extrémité de la plate-forme [pointe de Raguenez
NDLR]... … enfin, quelques petites portions de briques brisées mêlées
parmi le sol et la terre des parapets...
C'est surtout en arrivant à la brèche qui descend à la plage que j'ai
reconnu, de la manière la plus manifeste, que les Romains avaient établi
sur le plateau un petit poste pour surveiller l'entrée du vallon. On voit
là, en effet, sous la turcie qui compose le parapet, une couche de morceaux
de briques de diverses espèces, entassés, parmi lesquels ceux des briques
à crochet (tegulae hamatae) sont les plus nombreux ; ensuite les faîtières,
imbrices, quelques ossements, et même un petit fragment de verre un peu
verdâtre, le tout entremêlé de morceaux de ciment plus ou moins grisâtre,
assez solide, mais dans lequel je n'ai remarqué aucun fragment de brique
pilée. La couche que forment ces débris est d'une épaisseur qui varie
de soixante à quatre-vingts centimètres : sa base repose sur le rocher
qui constitue le fond du sol...
Je présume que le poste romain s'avançait davantage vers l'île de l'Aber
; mais son extension en longueur nous restera toujours incertaine, par
le passage actuellement large de quatre-vingt-dix pas, que lamer s'est
ouvert entre l'île et cette extrémité du continent. »
Baron Bachelot de la Pylaie. Etudes archéologiques et géographiques, Bruxelles.1850.
Réédition par la Société Archéologique du Finistère, Quimper. 1970.
Les vestiges romains ou gallo-romains les plus fréquemment retrouvés encore aujourd'hui en resqu'île de Crozon sont des bris de tuiles qui prouvent une présence romaine sans toutefois préciser la nature de l'installation. L'exemple le plus parlant est la Pointe de Raguenez en Crozon, aux portes de l'île de l'Aber. L'érosion côtière laisse apparaître régulièrement des morceaux de terre cuîte affleurants. Bachelot de la Pylaie y voit un poste de garde côte de l'armée romaine. La proposition est crédible. La presqu'île compte des postes de surveillance afin de détecter et prévenir un débarquement de peuplades que l'on nommera plus tard barbares, vikings, etc... D'autres propositions sont faites et privilégient la présence d'une briqueterie romaine. La presqu'île a connu de nombreuses villas romaines, des fermes de riches propriétaires terriens descendants des soldats romains qui se sont sédentatrisés après la fin de leur engagement militaire d'au moins 25 ans. La nécessité d'être fourni en matériaux de construction est donc une légitimité, une briqueterie est un établissement incontournable.
Les vestiges romains retrouvés en presqu'île de Crozon sont modestes. Les lots de pièces en argent conservés dans des poteries ou des coffrets métalliques ont été revendus discrètement à des horlogers de Brest tout particulièrement au 19ème et début du 20ème tandis que les rares statuettes de bronze, ainsi que les toutes aussi rares poteries, céramiques sigillées et verres sont parvenus à des musées. Quelques exceptions tout de même comme cette médaille en or à l'effiigie de l'Empereur Auguste est trouvée lors du chantier du fort de Landaoudec et sauvegardée par la Société Archéologique du Finistère.
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