Voici quelques faits divers concernant la même famille
vivant en Presqu'île de Crozon au début du 20ème siècle.
• 14 avril 1906 vers 11 heures du matin Yves-Marie G., 38 ans,
ivre, entre chez la veuve Boussard cultivatrice. Cette femme évince le
pêcheur qui menace : "Je mettrai le feu au village, vous vous souviendrez
de moi". Une fois chez lui, il met le feu à un lit clos grâce à de la
paille, le sinistre se propage à toute la maison et se communique à une
écurie du sieur Charles Marchadour puis à une remise propriété de Joseph
Kerspern. L'incendiaire n'en est pas à son premier coup d'éclat et fut
déjà condamné, néanmoins la justice le condamne à 5 ans de prison (peine
minimale) en lui accordant des circonstances atténuantes relatives à sa
situation délicate.
• 10 novembre 1923, Jeanne G. est convaincue de faux témoignage
dans une affaire correctionnelle, elle écope d'un mois de prison avec
sursis. Elle a 22 ans et est journalière précaire.
• 02 janvier 1935, Marie-Jeanne G. et ses deux filles Pierette
et Lisette, rendent visite à Monsieur Rampi, dépositaire de la maison
Caïffa afin de souhaiter de bons vœux de nouvelle année. Cependant, la
fille aînée s'empare d'un pot de confiture sous l'impulsion de sa mère.
Le commerçant porte plainte et la mère célibataire se retrouve condamnée
pour délit de recel à six jours de prison avec sursis. Une enquête de
moralité est effectuée et l'on affiche dans la presse que la demoiselle
a trois enfants 6, 3ans et 4 mois, qu'elle ne travaille pas dans le sens
officiel du terme et qu'elle pratique des activités d'un genre spécial.
On la sait dans un état d'ébriété fréquent. Une demande de déchéance de
puissance maternelle est en cours afin de ne pas exposer les enfants à
de mauvais exemples...
Cette famille était dans la pauvreté endémique vécue en presqu'île de
Crozon. La pêche ou l'agriculture n'amenaient que des revenus aléatoires
particulièrement bas, voire rares. La nécessité forçait à l'excès, et
les conséquences faisaient partie de l'acharnement de la malchance des
mauvaises naissances. Précarité et délinquance, une affaire de classe
sociale ou une affaire de famille ?
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