Le clocheton sans cloche de la chapelle
St Hernot lors d'une restauration pacifique, permet de revenir sur
un haut événement de l'histoire campanaire : la Révolution française descend
les cloches des églises, chapelles et couvents. La fonte des cloches doit
fabriquer des canons et des pièces de monnaie. Les canons seront
pointés vers les royautés européennes en panique face à l'effondrement
de l'ancien régime français. Elles craignent la contagion.
Le sujet est abordé à l'Assemblée nationale par l'Abbé Sieyès Emmanuel
Joseph. Décret sur la fonte des cloches, lors de la séance du 11 juin
1790.
La période de la Terreur 1793-1794, œuvrant contre les contre-révolutionnaires
de tout poil, durcit le ton.
Décret de la Convention nationale, du 23 juillet 1793, l'an second de
la Republique française, relatif à une nouvelle organisation du Tribunal
extraordinaire & revolutionnaire, portant qu'il ne sera laissé qu'une
seule cloche dans chaque paroisse.
“La Convention nationale décrète qu’il ne sera laissé qu’une seule cloche
dans chaque paroisse; que toutes les autres seront mises à la disposition
du Conseil exécutif, qui sera tenu de les faire parvenir aux fonderies
les plus voisines dans un délai d’un mois, pour y être fondues en canons.”
Visé par l'inspecteur. Signé J.C. Battellier.
Collationné à l'original, par nous président &secrétaires de la Convention
nationale. A Paris, les jour & an que dessus. Signé Jean Bon-Saint-André,
président; Billaud-Varenne & R.T. Lindet, secrétaires.
Au nom de la République, le Conseil exécutif provisoire mande & ordonne
à tous les Corps administratifs & Tribunaux, que la présente loi ils
fassent consigner dans leurs registres, lire, publier, afficher, &
exécuter dans leurs départements & ressorts respectifs; en foi de
quoi nous y avons apposé notre signature & sceau de la République.
A Paris, le vingt-quatrième jour du mois de juillet mil sept cent quatre-vingt-treize,
l'an second de la république Française.
Signé Garat. Contresigné Gohier. Et scellé du sceau de la République.
Certifié conforme à la copie collationnée, à nous envoyée par le Directoire
du Département.
Convention nationale (1792-1795), France. Comité de sûreté générale, France.
Comité militaire.
Edité en 1793.
Les communes tardent à se séparer de leurs cloches. De plus, la
problématique des frais s'imposent aux conseils municipaux créés en 1790.
Des adjudications par des enchères au moins offrant à éteinte de chandelles
sont organisées pour couvrir ces frais de descente et de transport vers
les fonderies. Les grandes cloches sont sacrifiées mais les petites, tout
particulièrement les cloches de timbre (celles qui sonnent l'heure) dont
la dépose pose problème aux villageois, "ils perdent la notion de
temps" se plaint-on en haut lieu.
Autre son de cloche :
Loi du 18 germinal an X (8 avril 1802) modifiée relative à l’organisation
des cultes :
Article 48 :
L’évêque se concertera avec le préfet pour régler la manière d’appeler
les fidèles au service divin par le son des cloches. On ne pourra les
sonner pour toute autre cause, sans la permission de la police locale.
De nombreuses fonderies vont être créées au 19ème siècle pour fournir
des cloches dans les meilleurs délais.
La cloche de St Hernot est datée 1703, la plus ancienne de la presqu'île de Crozon encore existante est celle de l'église de Landévennec 1513 (certaines sources évoquent 1503). "Marie-Anne" la grande cloche de Landévennec date aussi de 1703... Quelles que soient les origines et les réemplois de celles-ci, elles ont échappé à la fonte.
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